La négritude se fait mal !

Saoudi El Amalk

Après les Soudan, Guinée, Burkina Fasso, Niger, Mali…, le Gabon se verrait descendre son régime détenu, durant des lustres, de père en fils, par une famille dont la dernière progéniture vient d’être déchue. En fait, huit coups d’Etats surviennent en Afrique, ont lieu, depuis août 2020, en particulier dans des paysquasiment francophones. A qui sera le tour, désormais ? Il paraît bien que la contagion putschiste n’est pas à son terme et que les régimes avoisinants ressentent dorénavant, les souffles du changement se profiler à petits feux, spécialement parmi ceux qui ont longuement alangui au règne. Il est vrai que la quasi-totalité de ces éjections est orchestré par des militaires qui débarquent au lieu des commandes, déposent le président juché sur son fauteuil et le mettent en résidence surveillée, sans pour la plupart, effusion de sang. Il n’en reste pas moins évident que ces « rébellions » militaires seraient « manœuvrées »vraisemblablement, par des ficelles extérieures. En effet, l’ancienne force coloniale qui faisait cavalier seul dans la région et s’ingéniait à mettre les « soumis », à la tête de ses colonies, semble avoir échoué à maintenir le statu quo et perdre du terrain au profit d’autrui. Il n’en demeure pas moins clair non plus, que ces nations africaines ont enduré le calvaire de la famine, de la soif et de la répression, pendant des décennies. Les peuples furent privés du partage des richesses dont regorgent les réserves d’uranium, de cobalt, de pétrole, d’or…, massivement surexploitées par des compagnies tricolores, plus particulièrement, en connivence avec des barons de la haute sphère des pays respectifs. Il ne ferait pas de doute que la prise de conscience de cette situation entachée de passe-droit inique et d’exaction mafieuse, mais de civisme et de patriotisme, prend forme aussi bien dans les rangs des militaires que ceux des civiles. Et comme ces derniers sont terrassés par les affres de la terreur et l’oppression, ce sont les premiers détenant l’armement, tout près des palais et des états majors, qui s’insurgent et s’accaparent les pouvoirs. Bien évidemment, ce type de putsch qui s’exécute, en dehors de la volonté des peuples et généralement à la solde des forces extérieures,est souvent voué à la caducité et partant, à l’instabilité chronique. L’Afrique a surtout besoin d’unicité au sein de ses forces vives émanant des composantes populaires pour asseoir de soufflesdémocratiqueset de valeurs nationalistes et solidaires, comme l’a fait, en temps du colonialisme, une pléiade de la lutte de libération. Le poète de la négritude, Sédar Senghor, avait dit une belle citation dans ce sens : « Penser et agir par nous-mêmes et pour-nous même, en Nègres…, accéder à la modernité sans piétiner notre authenticité ! »

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