Elle a passé le cap des 70 années de règne
Doyenne mondiale des monarques en exercice, la reine Elizabeth II a fêté jeudi ses 96 ans dans l’intimité, alors que Londres célébrait sa souveraine par des tirs de canon et des fanfares militaires jouant « Joyeux anniversaire ».
Désormais largement retirée de la vie publique en raison de problèmes de mobilité, la souveraine, qui a passé en février le cap des 70 années de règne, a choisi de fêter cet anniversaire dans le calme du domaine royal de Sandringham, à 200 kilomètres au nord de Londres.
Selon la presse, elle passe quelques jours à Wood Farm, maison relativement modeste qu’affectionnait son époux Philip, décédé l’an dernier à 99 ans.
Des centaines de personnes se sont cependant massées à l’extérieur du château de Windsor (ouest de Londres) où elle réside habituellement. Une fanfare des Coldstream Guards, en tunique rouge et bonnet noir en poil d’ours, y a joué « Joyeux anniversaire », et des dizaines de tirs de canons ont retenti à la mi-journée, notamment à Hyde Park, avec une autre fanfare.
Pour l’occasion, Buckingham Palace a publié une photo prise le mois dernier, montrant la souveraine en manteau capeline vert foncé, tenant par la bride dans les jardins de Windsor deux poneys blancs Fell, une race du nord de l’Angleterre.
Une poupée Barbie à son effigie a également été mise en vente, portant une robe ivoire, un large ruban bleu et une petite tiare.
Le Premier ministre Boris Johnson a rendu hommage à la souveraine sur Twitter, évoquant « 70 ans de dévouement irréprochable ». Son petit-fils William et son épouse Kate ont salué « une inspiration pour tellement de gens au Royaume-Uni, dans le Commonwealth et le monde ».
Les premiers mois de son « Jubilé de platine », qui donnera lieu à quatre jours de festivités très attendues début juin, n’ont pas été faciles, entre ses ennuis de santé, les accusations d’agression sexuelle visant son fils Andrew – récemment parvenu à un accord financier avec son accusatrice – et les interrogations sur l’avenir de la monarchie et du Commonwealth.
Depuis une brève hospitalisation en octobre, les apparitions d’Elizabeth II sont devenues extrêmement rares, même si elle continue à assumer des « tâches légères » au château de Windsor, la plupart du temps par visioconférence.
Le 29 mars, elle a cependant assisté à l’Abbaye de Westminster à une cérémonie religieuse en hommage au prince Philip. C’était sa première grande apparition publique depuis des mois.
Arrivée au bras de son fils Andrew, s’appuyant sur une canne, on l’y a vue, frêle et digne, marcher lentement et saluer après la cérémonie plusieurs participants.
Elle-même avait confié mi-février qu’elle « ne pouvait pas bouger », en montrant sa jambe gauche lors d’une audience à Windsor.
Selon la presse britannique, elle utiliserait en privé un fauteuil roulant, et un ascenseur adapté aurait été installé dans sa résidence écossaise de Balmoral.
Ajoutant à ces problèmes, elle a attrapé le Covid-19 en février. « Cela vous laisse très fatigué et épuisé n’est-ce pas, cette horrible pandémie », a récemment confié la souveraine.
« Elle est en pleine forme », a cependant déclaré son petit-fils Harry à la chaîne américaine NBC mercredi, après une visite surprise la semaine dernière avec son épouse Meghan. Le couple désormais installé en Californie ne l’avait pas revue depuis deux ans.
Depuis octobre, la reine a largement délégué à son fils Charles, 73 ans, héritier de la couronne. Mais il est nettement moins populaire – 43% d’opinions favorables contre 69% pour la reine – selon un sondage Ipsos de mars, et également beaucoup moins apprécié que son fils le prince William, 39 ans (64%), et l’épouse de ce dernier, Kate (60%).
42% des Britanniques préféreraient d’ailleurs que Charles abdique en faveur de William.
Mais la récente tournée de William et Kate dans les Caraïbes, pour célébrer l’attachement de la monarchie aux anciennes colonies à l’occasion du Jubilé, a parfois donné lieu des confrontations tendues, notamment sur le passé esclavagiste du Royaume-Uni, augurant de difficultés à venir.
Le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness a aussi estimé « inévitable » la transition de son pays, dont la reine est cheffe d’Etat, vers un régime républicain.