Réplique : Hommage à Malika EL Belghiti
Un mois de jeûne certes, mais avec de beaucoup mobilisation pour le PPS… dans la noble tradition de l’Ijtihad des penseurs éclairés de l’Islam. Ses dirigeants, ses ministres, ses militants…profitent des opportunités de rencontre qu’offre ce mois sacré pour aller prendre le pouls du payse profond; écouter et dialoguer avec ceux qui luttent dans des conditions souvent difficiles pour arracher et assurer un quotidien et une vie dans la dignité, simplement.
Là pour mieux faire faire connaître le bilan et l’action du gouvernement, dénigrés par des forces multiples ; ici pour établir des formules de participation citoyenne à la préparation du programme électoral des prochaines législatives sous forme de «contrat citoyen» engageant les élus du parti…Dans cette mobilisation, le parti se donne un point d’honneur à ne pas verser dans le conjoncturel au détriment des valeurs et des principes ; entretenir la mémoire ; une mémoire reconnaissance, contre l’oubli et l’amnésie. C’est ainsi que par exemple, Casablanca abrite cette semaine deux manifestations importantes autour de deux personnalités marquantes du paysage intellectuel et culturel du pays. Mercredi, une soirée de facture académique et politique sera consacrée à Malika El Belghiti, une grande sociologue de renommée internationale et une pionnière du mouvement progressiste des femmes. Et vendredi, c’est le grand cinéaste marocain, Mostafa Derkaoui qui sera fêté et célébré comme une figure marquante de notre paysage artistique.
La rencontre autour de l’œuvre et de l’action de Malika El Belghiti est emblématique de cette démarche éthique à l’égard de celles et de ceux qui ont œuvré au prix de nombreux sacrifices au service de leur engagement au centre duquel nous retrouvons de grandes valeurs d’humanismes incarnées par une empathie sans faille à l’égard des humbles et des sans voix. Tel est le choix fait très tôt par Malika El Belghiti. L’hommage que lui le parti est un geste de reconnaissance à son travail pionnier non seulement dans champ d’action académique la sociologie mais également dans son apport à la cause des femmes à partir de ses travaux de recherches scientifiques sur le statut des femmes et leur conditions de vie. A la campagne notamment.
Cette rencontre est aussi un moment intellectuel riche en significations. C’est un hommage à une science éclairante la sociologie. A travers Malika El Belghiti, c’est un hommage à la sociologie marocaine dont le parti est fier d’en avoir eu dans ses rangs. Des sociologues marocains illustres ont été membres ou compagnons de route du parti. A commencer par notre cher et regretté camarade Paul Pascon, l’initiateur fraternel. Une filiation somme toute logique, le parti étant la première formation politique moderne à avoir introduit la pensée critique dans notre sphère culturelle et politique. D’éminentes personnalités académiques et scientifiques nous ainsi ont appris que loin de s’opposer, les sciences sociales et le militantisme peuvent constituer les deux faces d’un même engagement. Analyser et critiquer une réalité sociale peut contribuer à sa transformation. Aujourd’hui, il est urgent, voire un devoir de salubrité publique de réhabiliter cet héritage et cette tradition. Face à l’arrogance et à la démagogie des experts qui alimentent le discours socio-économique dominant, le retour de la sociologie est une nécessité non seulement épistémologique mais politique. Au moment où le Maroc est devenu un objet sociologique pertinent, un corpus traversé de phénomènes multiples, on constate en effet, le repli, si ce n’est la disparition d’une pensée sociologique construite et pensée. Face à l’omniprésence de ce qu’on veut nous présenter comme des évidences, la sociologie est un instrument de réflexion, organisant la pensée pour comprendre et expliquer la réalité sociale et donner sens aux faits sociaux. C’est, pour reprendre la formule popularisée par Pierre Bourdieu, «un sport de combat» qui donne aux dominés les moyens de se défendre contre les dominants.
Mohammed Bakrim