L’avenir de la langue de Molière, sur le continent africain

En prélude au grand Plan national que présentera Emmanuel Macron le 20 mars prochain pour la langue française, une conférence sur la francophonie et le plurilinguisme sont organisés mercredi et jeudi 14 et 15 février à Paris. A cette occasion, Le Figaro a publié hier des chiffres choquants de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). En effet, d’ici 2050, 85% des francophones se trouveraient sur le continent africain contre 12% seulement en Europe.

Sans l’Afrique, la langue de Molière pourrait bien ne plus avoir de locuteurs d’ici 2050, excepté bien évidemment les Français de l’Hexagone, quelques locuteurs dans certains pays européens, en Amérique et en Asie. Si la langue française est parlée aujourd’hui par près de 274 millions de personnes dans le monde, ce chiffre devrait exploser d’ici 2050 et atteindre les 750 millions grâce à la poussée démographique que devrait connaitre le continent. Ce qui pourrait permettre au français de gravir les échelons et trôner en deuxième place, non loin du mandarin qui comptait en 2014 un peu plus de  848 millions de locuteurs, suivi de l’espagnol avec 414 millions de locuteurs, de l’anglais avec 3 35 millions de locuteurs et l’arabe 300 millions. Le français est la 5e langue la plus parlée et la 2e la plus apprise après l’anglais. Il est la 3e langue d’affaires de part le monde après l’anglais et le chinois. Si l’Afrique est considérée comme le principal espace géographique de la langue de Molière, la langue est également parlée dans les Amériques, notamment au Québec. La francophonie s’étend en outre en Asie, dans le Laos, en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam.

Pour redonner à la langue de Molière son prestige, le chef d’Etat français a nommé Leila Slimani, lauréate du Prix Goncourt 2016, comme sa conseillère sur la francophonie. De manière ironique, des voix avancent qu’elle aurait pour objectif de «déringardiser» le français, en le présentant comme «pragmatique» et «cool». Selon le président français, il est question de tirer profit de la croissance démographique exponentielle que connaitra le continent africain où se trouve la plus grande partie des locuteurs francophones, sachant que d’ici 2050, l’Afrique constituera près de 9% de la population mondiale, contre seulement 3,5% aujourd’hui, et faire du français la première langue parlée dans le monde, mais aussi de présenter la langue française comme un atout essentiel dans la mondialisation. «Il y a bien longtemps que la langue française n’est plus uniquement française. Elle est autant, voire davantage africaine», avait déclaré Emmanuel Macron dans un discours en novembre au Burkina Faso. Le 20 mars prochain à l’occasion de la Journée mondiale de la Francophonie, le président français détaillera son plan.

Si la croissance démographique en Afrique est un facteur déterminant pour accroitre le nombre de locuteurs francophones, l’OIF souligne toutefois que d’autres facteurs doivent être pris en compte pour que les prévisions de 2050 sur les 750 millions de francophones se réalisent. Parmi les mesures nécessaires : l’enseignement. «Des mesures fortes et efficaces dans le domaine de l’enseignement devront permettre de relever substantiellement les niveaux d’éducation dans les pays d’Afrique francophone et faire que les populations accordent à la langue française une place importante dans le système d’éducation», souligne l’OIF.

Le plan que présentera Emmanuel Macron le 20 mars prochain à l’occasion de la Journée de la francophonie pourrait donc s’articuler autour des mesures visant à redorer le blason de la francophonie. Il faut savoir que plusieurs de ses détracteurs l’ont présentée comme une création néocoloniale permettant à la France de continuer de pratiquer sa domination sur les territoires qu’elle a administrés auparavant. Il s’agirait également d’en faire une langue d’avenir, de création, d’innovation et d’invention. Sans oublier d’en faire une langue de la jeunesse.

Danielle Engolo

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  • Si la langue française est parlée aujourd’hui par près de 274 millions de personnes dans le monde, ce chiffre devrait exploser d’ici 2050 et atteindre les 750 millions grâce à la poussée démographique que devrait connaitre le continent.
  • D’ici 2050, 85% des francophones se trouveraient sur le continent africain contre 12% seulement en Europe.
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