Saoudi El Amalki
Le Souverain vient d’adresserune lettre au chef de l’Executif, relative à la révision du Code de la famille. Une sollicitation Royale consistant à le charger de se pencher sérieusement aux amendements et d’autres suggestions qui seront portées au texte de ce statut, devenu obsolète et désuet, il y a belle lurette. Cette réforme est confiéeselon les hautes directives du Roi au ministère de la Justice, au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la présidence du Ministère public, de façon collégiale et inclusive. Les spectacles juridiques et judiciaires de cette mission réformique exige la diversité sans verser dans l’adversité, mais de manière covsensuelle et intégrante d’autant plus que la tâche concerne également d’autres instances qui relèvent notamment de la dimension universaliste et globalisante, tel que le Conseil National des Droits de l’Homme. ll y a plus de deux décennies que le code de la famille fut adopté pour s’allier aux conditions et mutations qui se sont opérées dans un pays, aspirant à la démocratie et la modernité. Il est bien certain que, depuis lors, les changements sociétaux n’ont pas cessé de se produire à une cadence soutenue exigeant ainsi, nécessairement une nouvelle révision de la Moudawana. Cet amendement du texte légal qui, de plus en plus, s’impose à plus d’un titre, devrait s’harmoniser avec les réclamations et les aspirations actuelles de la société marocaine. Certes, depuis 2004, date de l’apparition du document censé codifier les relations au sein de famille et la condition féminine, après des combats acharnés tant au niveau politique qu’associatif, sous des divers enrôlements, des corrections furent portées, en cours de route, à travers des décrets et des décisions sectorielles, allant dans le sens de la bonification de ces rapports. Actuellement, il semble bien que ces mêmes mouvements qui avaient contribué foncièrement à ces améliorations, sont appelés à mener un labeur identique, dans la sérénité et la responsabilité, par le biais d’un large échange public de toutes les composantes nationales, en vue de mettre en œuvre un code à même de combler toutes les lacunes qu’il renferme, à l’heure actuelle. Il ne fera pas de doute que, compte tenu des complexités et des divergences d’opinion que peuvent contenir ces démarches, la tâche ne serait guère chose aisée, mais tout dépendra de la volonté politique de l’état à relever la qualité de ce document qui, rappelons-le, est devenu surrané par rapport aussi bien au statut de la femme inhérent aux droits qu’au registre dont devrait jouir la société de la nation, résolument tournée vers les valeurs de l’équité et l’égalité des chances. Il est donc grand temps d’entamer un débat franc sur les problématiques qui persistent à épandre des zones d’ombre sur des thématiques de telle acuité, comme le mariage des mineurs, le divorce, la garde des enfants, le travail domestique, la femme violentée, le harcèlement sexuel… En somme, il est question de réparer les déficits existant au niveau des libertés individuelles et des disparités entre les sexes, de manière à pouvoir se hisser au rang de la société digne et décente. Il convient de souligner que les amendements dont l’introduction est devenue une nécessité n’est nullement un luxe superficiel, mais bel et bien levier d’essor et d’épanouissement des constituantes sociétales, vis-à-vis de tous les droits et les obligations, vu les gabegies constatées à ce propos. L’entrée en lice de la gent féminine marocaine dans les multiples départements de la vie active, exige en effet, la reconnaissance et la fortification accrues au diapason de sa position et de son ubiquité en constance. Il est alors loisible de mettre en avant une nouvelle génération de réformes à cet égard, dans le sillage de l’égalité et de la parité entre les deux sexes, après plus de vingt ans du dernier amendement. Il y va de tout l’intérêt de la nation dont les idéaux ancrés sont irrévocablement porteurs de progrès de la société marocaine.