Interview télévisée de Saad Dine El Otmani
Le chef du gouvernement Saad Dine El Otmani a affirmé, jeudi soir, que le déconfinement est plus difficile que son instauration, parce qu’un tel processus reste tributaire de la situation épidémiologique.
Lors d’une interview diffusée sur des chaines TV nationales, M. El Otmani a expliqué que «le premier souci du gouvernement consiste à éviter toute marche en arrière et à se protéger du pire, tout en continuant à progresser en dépit des sacrifices consentis».
«L’exécutif est en train d’élaborer un ensemble de scénarios pour l’après 20 mai, qui seront annoncés au public au moment opportun», a-t-il indiqué, soulignant que «la bataille est encore longue».
Le chef du gouvernement a en outre précisé qu’il sera procédé à l’examen de la phase post-coronavirus en profondeur ainsi que des moyens à même de la gérer, notant que le gouvernement ne dispose pas d’une vision définitive pour la période post-crise, mais des scenarii sont en cours d’élaboration par les ministères de la Santé et de l’Intérieur.
Concernant le coût économique de la pandémie, il a estimé que «personne ne peut dresser une évaluation à ce sujet», précisant que 62% des entreprises ont déclaré un arrêt temporaire ou définitif de leurs activités et que le gouvernement est conscient des difficultés économiques et accompagne le Comité de veille économique dans l’élaboration de scénarios de relance.
M. El Otmani a à cet égard expliqué que les professionnels de tous les secteurs ont commencé à réfléchir aux moyens de réaliser la relance économique, relevant qu’il s’agit de rassembler ces scénarios pour élaborer une vision globale.
Il a également salué les secteurs qui ont pu poursuivre leurs activités en ces circonstances exceptionnelles comme ceux de l’agroalimentaire, de l’agriculture ou encore de la pêche maritime, de même que certaines industries soutenues par l’exécutif. Les mesures prises ont en effet permis de produire 9 millions de masques sanitaires par jour.
Evoquant l’évolution de la pandémie du coronavirus, M. El Otmani a affirmé que la situation épidémiologique demeure maîtrisée, faisant état d’une amélioration dans un certain nombre d’indicateurs puisque le nombre de personnes guéries chaque jour dépasse les nouveaux cas de contamination.
«Plus de 90% des cas confirmés sont en état de santé jugé bénin dès lors qu’ils représentent quelques symptômes mais qui ne sont pas inquiétants», s’est-il réjoui, notant que le nombre de cas critiques est en baisse jour après jour grâce aux efforts déployés.
Il a aussi fait observer que le taux de létalité a baissé pour atteindre 3,3%, ce qui explique selon lui que l’intervention sanitaire a été efficace et «que nous avons pu éviter le pire» grâce aux mesures préventives grâce auxquelles le Royaume a pu éviter 200 décès par jour.
Rapatriement de Marocains bloqués à l’étranger
Des scénarios sont en cours de préparation
Dans cette interview, M. El Otmani a affirmé que dès l’ouverture des frontières, il sera procédé au rapatriement des Marocains bloqués, soulignant la nécessité de trouver une solution à cette problématique afin de faire d’un tel retour un nouvel acquis pour le Royaume en plein combat contre la pandémie du coronavirus.
Le gouvernement est soucieux de la situation de cette frange de citoyens qu’il accompagne en permanence, a-t-il assuré, rappelant la mobilisation qui a permis de créer 155 centres et cellules de veille au niveau des différents consulats et ambassades du Royaume dans les pays d’accueil.
A cet égard, le ministère compétent a
pris en charge les frais de soins ou d’hébergement de 5.700 Marocains bloquées
à l’étranger, soit 25% d’entre eux, comme il leur a assuré d’autres
prestations, a poursuivi le chef du gouvernement, mettant l’accent sur
l’impératif de préparer leur retour dans les meilleures conditions.
Sur un autre registre, il a abordé le sort de l’actuelle année scolaire en
affirmant qu’il n’y aura pas d’année blanche. Il y a nombre de scenarii qu’il
s’agit de trancher au cours des prochains jours avant d’annoncer l’approche
adoptée pour la clôture de l’année scolaire, a-t-il révélé.
Il a dans ce contexte rappelé la mise en place de groupes de travail chargés de trouver une solution appropriée avec l’ensemble des parties prenantes en vue de boucler l’année scolaire dans les meilleures conditions, soulignant que les contacts avec le ministère de tutelle se poursuivent dans le souci de trouver une solution dans les plus brefs délais concernant le déroulement des examens.
Dans le même sillage, le chef du gouvernement a qualifié d’extrêmement important ce qui a été déployé dans l’enseignement à distance, exprimant sa gratitude et sa considération pour la famille de l’enseignement et des résultats réalisés concernant la mise en place de plateformes électroniques dédiées ainsi que la mobilisation des chaînes de télévision.
Il a en outre mis en avant l’importance accordée au secteur de la santé dans le cadre du fonds de gestion de la pandémie dans la mesure où une enveloppe budgétaire de près de deux milliards de dirhams y a été affecté, outre le soutien apporté aux entreprises, aux salariés et aux différents métiers.
El Otmani a également affirmé qu’aucune
décision n’a été prise s’agissant du soutien des entreprises ou aux
établissements, assurant que le soutien est orienté vers les salariés en arrêt
de travail au sein de ces structures.
Il a aussi a rappelé les trois possibilités pour faire bénéficier les
professionnels des facilités du fonds. Il s’agit des salariés des entreprises
ayant déclaré un arrêt provisoire d’activité et des affiliés à la Caisse
nationale de sécurité sociale qui ont bénéficié d’une indemnité en mars
dernier, outre les ramédistes et les non-ramedistes du secteur informel.
Dans ce cadre, le chef du gouvernement a qualifié de sans précédent dans l’histoire du Maroc le soutien apporté à près de 5.100.000 de personnes.