Le diabète, un fléau mondial

Trois millions de Marocains concernés

Ouardirhi Abdelaziz

Plus de 425 millions de personnes à travers le monde sont touchées par le diabète. Et près de la moitié d’entre elles l’ignorent. D’ici 2045, ce chiffre pourrait, dans certaines régions du monde, être multiplié par deux.

Le Maroc n’est pas épargné par ce fléau universel, mais loin d’être fatal.

Qu’est-ce que le diabète ?

Le diabète est une maladie très fréquente, caractérisée par une augmentation du taux de sucre, ou de glucose dans le sang (glycémie) supérieure ou égale à 1,26 g/l à jeun ; ou supérieur ou égal à 2 g/l, à n’importe quel moment de la journée. Avoir une glycémie souvent élevée peut entraîner à long terme plusieurs complications graves et irréversibles aux yeux, aux reins, aux nerfs, aux vaisseaux sanguins et au cœur.

La régulation de la glycémie par l’insuline

Quand on parle du diabète, nous faisons tout de suite référence à la consommation de sucre. C’est ainsi que dans notre jargon populaire, nous parlons de Marde soukare.

Le taux de sucre dans le sang (glycémie) augmente quand l’organisme ne parvient pas ou ne parvient plus à utiliser convenablement le glucose apporté par l’alimentation. C’est l’insuline, hormone fabriquée par le pancréas, qui permet au glucose de pénétrer dans les cellules pour être stocké ou utilisé.

Donc, le diabète n’est pas une maladie du sucre, mais de l’insuline.

Des complications graves

Le diabète est une maladie chronique qui, lorsqu’elle n’est pas correctement contrôlée, entraîne de nombreuses complications graves et coûteuses. Parmi ces complications, on retrouve la cécité, les maladies rénales, les amputations des membres inférieurs, ainsi qu’une prédisposition aux crises cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux et au décès prématuré.

C’est toute l’importance de promouvoir le dépistage et le diagnostic précoce du diabète, en particulier chez les personnes à haut risque, afin de permettre une prise en charge rapide et efficace, à assurer une gestion adéquate du diabète, ce qui permettra de prévenir les complications et la mortalité prématurée.

Divers types de diabète

Le diabète est une maladie chronique (qui dure longtemps), caractérisée par une élévation du taux de sucre dans le sang (glycémie). Il y a plusieurs formes ou types de diabète, suivant la ou les causes qui entraînent ce déséquilibre de la glycémie .Mais en général, on rencontre surtout les types de diabète suivants :

Diabète type  1

Le diabète de type 1 (diabète insulinodépendant, diabète juvénile, diabète maigre) apparaît généralement durant l’enfance et l’adolescence, entre l’âge de 5 et 14 ans. Mais, des nourrissons ou des adolescents âgés de plus de 15 ans peuvent être touchés par la maladie.

 L’augmentation de la glycémie résulte d’une fabrication insuffisante ou absente de l’insuline par la cellule bêta du pancréas. Dans le diabète de type I, l’organisme ne reconnaît plus les cellules bêta du pancréas qui fabrique l’insuline et il les détruit. Donc, la fabrication (sécrétion) de l’insuline est insuffisante ou totalement absente, ce qui entraîne une accumulation du sucre dans le sang (hyperglycémie).
En  effet, c’est l’insuline qui permet au glucose d’être utilisé par les cellules du corps, soit pour être transformé en énergie, ou pour être stocké.

Les malades ayant le diabète de type 1 ont besoin dès le diagnostic, et en permanence du traitement par insuline. 

Diabète  de  type  2

Le diabète de type 2 (diabète non insulino indépendant, diabète gras) apparaît généralement après l’âge de 40 ans. Il est dû à la présence de deux anomalies essentielles, défaut d’utilisation du glucose par les cellules (insulinoresistance), anomalie quantitative et qualitative de fabrication de l’insuline (insulinipénie). Le diabète de type 2 a globalement deux principales causes :

-Le facteur génétique est présent, mais d’autres facteurs environnementaux  interviennent.

-L’obésité et la sédentarité sont des facteurs favorisant le diabète. 90 % des diabétiques de type II ont en excès de poids.

Diabète  au  MAROC

Le Maroc est un pays à forte prévalence. A cet effet, il est important de souligner que la situation épidémiologique de cette maladie au Maroc est toujours préoccupante. Selon les estimations de l’OMS, le taux de prévalence du diabète dans la population adulte est de 12,4 %.

Environ 3 millions de Marocains, adultes et enfants, seraient atteints de diabète. En effet, le diabète touche plus de 2,7 millions d’adultes, dont 50% ne sont pas diagnostiqués, et plus de 25 000 enfants. Sans oublier que plus de 2,2 millions de citoyens sont pré-diabétiques. Cette pathologie est la cause de plus de 12 000 décès par an et est à l’origine de 32 000 décès additionnels, attribuables aux complications dues au niveau élevé de glucose dans le sang.

Il convient aussi de noter que le ministère de la Santé et de la Protection Sociale prend en charge plus de 1 200 000 diabétiques dans les établissements. On peut expliquer l’accroissement du nombre des personnes atteintes par trois éléments par le diagnostic tardif, le changement du mode de vie et l’espérance de vie qui augmente. 
Mais, beaucoup de diabétiques ignorent totalement leur maladie. Le dépistage actif auprès de la population à risque, constitue le programme essentiel des professionnels de la santé et des associations de diabète.

Actions contre le diabète

Au fait, la question qui se pose le plus, c’est celle de savoir s’il est possible de prévenir le diabète de type 2. C’est-à-dire le diabète de l’adulte. La réponse de nombreux spécialistes (diabétologue) est très claire. Oui, c’est possible ! Mais à condition d’adopter de saines habitudes de vie, ce qui permet de réduire le risque de développer le diabète de type 2 ou de retarder son apparition. D’ailleurs, si vous vivez avec le prédiabète, (lorsque la glycémie est au-dessus des valeurs normales, mais qu’elle n’est pas assez élevée pour poser un diagnostic de diabète. C’est un signal d’alarme). L’adoption de saines habitudes de vie entraînant une perte de 5 % de votre poids peut retarder ou réduire le risque de développer le diabète de type 2 de près de 60 %.

La prévention du diabète repose sur l’éducation nutritionnelle, une amélioration de l’hygiène de vie (activité physique régulière, alimentation équilibrée réduite en graisses et en sucres, réduction pondérale) et le maintien dans le temps de tels comportements réducteurs.

La réduction de la consommation de graisses animales, en particulier d’acides gras saturés, et l’augmentation des apports en fibres alimentaires permettent un meilleur contrôle du poids.

Les études ayant associé une réduction de poids et une augmentation de l’activité physique concordent vers une diminution de la prévalence du diabète de type 2.

Intérêt de l’activité physique

Les mécanismes mis en jeu dans l’action préventive du diabète par l’activité physique sont l’amélioration du transport et de l’utilisation du glucose musculaire et la modification de la sensibilité à l’insuline.

L’association entre activité physique, restriction calorique et prévention du diabète de type 2 a été établie par des études épidémiologiques comparant le risque de survenue d’un diabète dans des populations actives et ayant un régime alimentaire restrictif versus des populations sédentaires ne modifiant pas de leurs habitudes alimentaires. Une réduction du risque de diabète de type 2 de 30% a été par exemple montrée avec une activité physique d’intensité régulière (soit 2,5 h de marche par semaine) par comparaison à l’absence d’activité physique.

Pourquoi le dépistage du diabète ?

On estime qu’il s’écoule environ 4 à 7 ans avant que le diagnostic de diabète de type 2 ne soit posé. Pendant ce temps, le diabète évolue et commence déjà à faire des dommages. Si vous avez 40 ans et plus, il est recommandé de passer une prise de sang pour dépister le diabète de type 2 tous les 3 ans. Si vous avez plusieurs facteurs de risque, le dépistage devrait commencer avant 40 ans et être fait tous les 6 à 12 mois. Plus la maladie est détectée tôt, plus les chances de guérison seront meilleures sans complications.

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