«Le numérique est un facteur majeur de compétitivité et de modernisation des entreprises»

Youssef El Alaoui, entrepreneur dans le digital

Propos recueillis par Soukaïna Oumerzoug (MAP)

Dans le rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), présenté devant SM le Roi Mohammed VI, le numérique apparaît comme l’un des cinq leviers importants pour l’amorçage du nouveau modèle de développement (NMD) et l’accompagnement de sa mise en œuvre. L’entrepreneur dans le digital et membre du réseau Entreprendre Maroc, Youssef El Alaoui, a accordé un entretien à la MAP dans lequel il livre son décryptage de ce rapport.

Quelle lecture faites-vous de ce rapport qui accorde une place importante au numérique?

Le rapport général de la CSMD accorde une place importante au numérique pour pouvoir réaliser les objectifs socio-économiques escomptés. En effet, le numérique est considéré comme un facteur majeur de compétitivité et de modernisation des entreprises, leur permettant de créer de la valeur ajoutée.
Il permet également le développement de nouveaux métiers et secteurs en phase avec les transformations économiques mondiales.

Quels sont les secteurs qui doivent être mis à jour sur le plan numérique?

Notre pays fait face à des défis dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de la relation de l’administration avec les citoyens. Grâce au numérique, nous pouvons rendre accessibles l’éducation et la santé à une large majorité de la population et ce, en adoptant des techniques de télé-enseignements et de télémédecine.

La digitalisation des services permet d’avoir une meilleure relation avec l’administration notamment lorsqu’il s’agit d’opérations économiques comme l’investissement ou l’import/export.

Enfin, l’introduction du numérique dans le secteur de l’agriculture qui représente l’enjeu majeur de notre pays, nous permet de mieux répondre aux challenges du moment, à savoir le le stress hydrique, la productivité agricole, la compétitive sur le marché international et l’intégration des petits agriculteurs dans une équation de commerce équitable, via des Marketplaces digitalisés, leur permettant d’avoir confiance en l’avenir.

Quelles sont les améliorations possibles pour favoriser l’accès au numérique?

Le rapport de la CSMD met l’accent sur les infrastructures techniques, les ressources IT et les services numériques aux citoyens. En effet, notre secteur a besoin d’une meilleure gestion des infrastructures afin de démocratiser et de généraliser l’accès au haut débit au plus grand nombre de citoyens. Cela passe notamment par la mutualisation des réseaux télécoms et par une utilisation efficiente du Service Universel des Télécommunications.

Il est clair également que sans ressources IT suffisantes, en qualité et en quantité, cette vision ne pourra jamais voir le jour. Notre système de formation doit intégrer de nouveaux modes d’enseignements afin de doubler et de tripler le nombre d’ingénieurs et de techniciens IT, et également de se positionner sur des technologies de ruptures favorisant l’innovation.

L’adoption des formations-reconversions de courte durée des diplômés des filières scientifiques pour les former au métier de l’IT peut-être une piste de solution, ainsi que des formations à distance qui sont devenues une évidence dans le contexte du Covid-19.

Enfin, une bonne dynamique publique des e-services ne peut qu’inciter les autres secteurs à adopter la même stratégie, car le cadre réglementaire sera déjà préparé et le citoyen-consommateur exigera le même niveau des services des acteurs du privé.

Cependant, deux autres volets mériteraient plus d’attention, à savoir la gouvernance de ce secteur et la souveraineté numérique de notre pays.

Comment peut-on arriver à l’inclusion financière à travers la finance numérique?

Il est prouvé que l’accès aux services financiers engendre systématiquement un développement socio-économique des populations. Le numérique permet de rendre accessible, à travers l’internet et le mobile, le financement participatif (Crowdfunding), le transfert d’argent à l’international, le versement des subventions et le ciblage des aides, entre autres.

Cela permet de financer des initiatives personnelles et de créer ainsi de la valeur, en plus de réduire le taux de l’informel qui plombe profondément notre économie.
Le taux de couverture technologique et l’adoption de ces outils par les citoyens est un élément encourageant pour la mise en place de cette stratégie.

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