Le processus de transition vers un régime de change plus flexible sera graduel et ordonné

La réforme du régime de change va bon train. Sa mise en œuvre ne devrait pas trop tarder aux Maroc malgré les inquiétudes des opérateurs économiques. En effet, la réflexion sur le projet de cette réforme remonte bel et bien à 2007.

Cette première période  s’est poursuivie jusqu’à 2010  pour laisser la place à la seconde phase dite d’analyse et de benchmarking (2010/2015). L’année 2016 coïncidait avec la mise en œuvre et la préparation des opérateurs.  Ainsi, le processus de transition vers un régime de change plus flexible sera graduel et ordonné, axé sur la préparation des opérateurs et la réalisation des pré-requis nécessaires au préalable de chaque phase.La détérioration des équilibres nécessiterait alors d’accélérer le processus de passage vers un régime flottant.

Le passage du régime de change fixe au régime de change dit flottant va changer la donne. Le premier a été fixé  par les autorités. L’équilibre du marché est assuré par l’intervention de la Banque Central avec ancrage sur un panier de monnaies et un taux de change déterminé par la valeur de ces monnaies, indique un rapport de Bank Al Maghrib.

Dans le régime de change flottant, le taux de change est déterminé par la confrontation de l’offre et la demande des devises sur le marché des changes. Il sera par ailleurs, marqué par l’absence d’intervention des autorités monétaires ou une faible intervention.

Evolution du régime de change au Maroc

L’année 1973  a été celle de la détermination de la valeur du dirham à partir d’un panier de devises des principaux partenaires du pays.

De 1980 à 85, a commencé le mouvement de dépréciation de37% du taux de change effectif réel suite au Programme d’Ajustement Structurel de 1983.

1999 a entamé le réaménagement du panier en remplaçant les anciennes monnaies européennes par l’Euro.

2015 a connu la révision des pondérations du panier à 60% EUR et40% USD

Il faut par ailleurs rappeler que l’année 1959 a été marquée par la création du Dirham en remplacement du Franc marocain avec rattachement du dirham au Franc français selon une parité fixe.

1990 est l’année de réaménagement du panier renforçant la part des monnaies européennes avec une dévaluation du dirham de 9,25%.

2001 est celle du réaménagement du panier limitant sa composition à l’euro et au dollar américain avec des pondérations respectives de80% et 20%, accompagné par une dévaluation de 5%.

Caractéristiques du Régime de change actuel

Le Régime de change actuel est un régime intermédiaire de parité fixe avec un rattachement de la monnaie nationale à un panier de monnaies étrangères. La valeur du dirham contre les monnaies étrangères est déterminée sur la base des cours des devises constituant le panier, pondérés de leurs poids respectifs (60% EUR et 40% USD à partir d’avril 2015). Pour rappel, le dernier réaménagement du panier remonte à avril 2001 (depuis 14 ans).

Le régime de change actuel à montré sa vulnérabilité aux chocs externes. Pour cause : le Monde est de e plus en plus incertain avec l’augmentation de la fréquence des chocs externes et de leurs impacts sur les équilibres extérieurs des pays.

L’environnement international est marqué par un risque d’augmentation du prix des matières premières (Pétrole, Blé.  Crise au niveau des partenaires commerciaux du Maroc (risque d’éclatement de la zone euro,atonie de la croissance) et par l’augmentation du risque géopolitique dans la région.

Au niveau de la sphère monétaire et financière, le contexte se caractérise par des politiques monétaires non conventionnelles, la guerre des monnaies, l’augmentation des investissements en portefeuille et la montée du protectionnisme (Brexit, Election de Trump).

Apport et limites du Régime fixe

Le Régime fixe vise à satisfaire l’ensemble des besoins en devises des opérateurs, sans limite et sans ajustement sur les prix.En cas de surévaluation du dirham, aucun mécanisme automatique ne permet de le ramener à sa valeur en ligne avec les fondamentaux, ce qui engendrerait un impact négatif sur la compétitivité et sur la croissance.

Le Régime flexible est basé sur l’ajustement progressif par les prix et avantage de marge de manœuvre et d’indépendance face aux chocs macroéconomiques. Le régime de change flexible est un mécanisme qui permet permettant d’amortir les chocs exogènes.

Ainsi, les cas de chocs externes renvoient dans le cadre du régime fixe à la pression sur les réserves de change qui sont passées en dessous de 4 mois d’importation en2012. D’où la nécessité de recourir au financement du FMI qui est généralement conditionné par un passage forcé vers un régime de change flottant ou par des dévaluations. Contrairement dans le nouveau régime de change la pression est limitée sur les réserves de change et l’ajustement se fait par les prix et non par les volumes.

Processus de flexibilisation du régime de change

Ce processus assure une transition graduelle et ordonnée vers la flexibilité du taux de change qui se traduira par l’étalement du processus en plusieurs phases afin de permettre : aux intervenants de marché et aux opérateurs économiques de s’adapter à cette évolution à BAM de les accompagner durant cette transition.Plus de cible de taux de change à terme.  Présence de la banque centrale à CT et maintien du panier.

Le séquencement des phases et des étapes dépendra de l’appréciation des pré-requis (solidité des fondamentaux macroéconomiques, adéquation du niveau des réserves de change et résilience du système bancaire) ainsi que de l’analyse de plusieurs indicateurs relatifs à la liquidité du marché, sa profondeur, le mécanisme de formation des prix, le développement d’instruments de couverture adéquats contre le risque de change…

La réforme serait graduelle tant que les prérequis sont satisfaits. La détérioration des équilibres nécessiterait d’accélérer le processus de passage vers un régime flottant.

Selon le rapport de Bank Al Maghrib, la transition sera graduelle et ordonnée vers la flexibilité du taux de change qui se traduira par l’étalement du processus en plusieurs phases afin de permettre :aux intervenants de marché et aux opérateurs économiques de s’adapter à cette évolution à BAM de les accompagner durant cette transition.

Ainsi, l’approche globale permettant de renforcer la résilience de l’économie marocaine et favoriser les conditions pour une adaptation aux chocs externe.  La réforme du régime de change vient accompagner les autres réformes structurelles entreprises par le Maroc. Ce n’est pas une assurance tout risque si les fondamentaux se dégradent.

La détérioration des équilibres nécessiterait d’accélérer le processus de passage vers un régime flottant. Le processus de transition vers un régime de change plus flexible sera graduel et ordonné, axé sur la préparation des opérateurs et la réalisation des pré-requis nécessaires au préalable de chaque phase.

Fairouz El Mouden

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