Le RNI, une feuille de vigne du gouvernement.

Mis à nu par la lettre que lui a adressé le Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme, le Chef du Gouvernement a caché son inaction par une feuille de vigne.

Ainsi au lieu de répondre à une interpellation sur « la question de la flambée des prixet de la grave détérioration du pouvoir d’achatdes Marocains … (en réitérant) toutes les propositions immédiates et à moyen terme, formulées par le Parti du Progrès et du Socialisme sur une période de plus d’un an », le Chef du Gouvernement est resté dans son mutisme désolant.

Cette discrétion du Chef du Gouvernement, relevée par l’ensemble des médias, a été remplacée par un tohubohu du parti majoritaire dont il est le président pour disserter sur la pratique démocratique au royaume. Un choix délibéré pour faire noyer le poisson et faire preuve d’un autoritarisme indécent.

Au fait, quelle piqure a subi le Bureau Politique du Rassemblement National des Indépendants pour répondre à la place du Chef du Gouvernement interpellé ?

Ce dernier était-il incapable de défendre « sa responsabilité institutionnelle et morale, pour trouver des solutions urgentes et efficaces aux augmentations des prix » particulièrement après les déclarations du Wali de Bank Al Maghrib et du Haut-Commissaire au Plan ?

Le Chef du Gouvernement ne pouvait-il pas faire preuve de pédagogie pour répondre aux éléments de la lettre du Parti du Progrès et du Socialisme et d’assurer la population, à travers sa réponse, qu’il agira pour « alléger les coûts, (et) lutter contre la spéculation. ».A moins que son mutisme soit basé sur saconnaissance, renseignée par qui de droit, des réalités que vivent la population et qu’il serait inaudible par elle du fait que la confiance en ce gouvernement tend vers le zéro absolu.

Que faire alors ?  Le Chef du Gouvernement a choisi le silence irresponsable et inadmissible sur l’objet de la lettre qui lui a été adressée et le chef de parti s’est laissé prendre par la facilité de la surenchère en glosant sur la pratique démocratique au royaume et le respect de ses « canaux constitutionnels ».

Au fait l’ADN du Rassemblement National des Indépendants s’est exprimée d’une manière pavlovienne pour défendre l’autorité de l’Administration contre une pratique démocratique jugée dérangeante.

Ainsi, Tout parti politique doit se conformer à la pratique du RNI, telle qu’il la mise en œuvre depuis sa création : applaudir aux actions jugées subjectivement régaliennes de l’Etat, sans trop se soucier de la « situation des citoyens ». L’Histoire du royaume en est témoin et la participation du parti des « Sans Appartenance Politique » aux différents gouvernements est riche en preuves de cette pratique fidèle aux origines. Cette « orthodoxie » semble avoir pris le pli et se confirme malgré le processus démocratique méandriforme que connaît le pays. L’origine génétique du RNI reste dominante et ne semble pas qu’elle changera avec cette pratique de vouloir jeter l’anathème sur un parti qui a résisté au protectorat, un parti qui a contribué à la lutte pour l’indépendance du royaume, un parti qui a participé à la lutte démocratique du peuple marocain en l’encadrant contre la dérive gauchiste et l’opportunisme de droite aveuglé par ses intérêts, un parti qui a condamné clairement et sans ambages les coups d’état, le nihilisme et le terrorisme identitaire, un parti plus responsable que ceux qui veulent aujourd’hui le qualifier « d’irresponsable ».

Le Bureau Politique du RNI ose écrire que « la missive du PPS contient beaucoup de contre-vérités, d’interprétations sommaires et superficielles et de conclusions, pour le moins que l’on puisse dire, irresponsables. ». Comme cela ! Sans les citer, sans se donner la peine d’apporter la preuve de ce qu’il avance.Cela relève du procès d’intention, d’une volonté répressive pour bâillonner toute opposition dans le royaume et se suffire de clamer « l’année belle », alors que la population, dans sa très grande majorité, souffre de l’inaction gouvernementale face à la flambée des prixet à la grave détérioration de sonpouvoir d’achat. Cela, au moment même, où certains sans vergogne s’enrichissent et au moment même où l’Etat, par ce biais, accumule des rentrées fiscales sur le dos du peuple. Qui est irresponsable dans ce contexte ?

Et si « le citoyen a le droit de savoir. (qu’il) a le droit de connaître la situation et (qu’il) est du devoir du gouvernement de lui fournir les données nécessaires » comme le précise le Bureau Politique du RNI dans sa réponse inconvenante ;que le Chef du Gouvernement, réponde à la lettre ouverte du PPS en éclairant le peuple sur les surprofits réalisés par la distribution des hydrocarbures et le défaut de la concurrence à ce sujet, sur les déclarations du Haut-Commissaire au Plan sur la nature de l’inflation et le désastre du Maroc coloré, importateur de viande alors qu’il est censé assurer l’autosuffisance alimentaire de la population, sur la défaillance du contrôle des circuits du commerce interne, sur « le revenu de dignité, l’augmentation des salaires du personnel éducatif, l’élargissement de la classe moyenne, la réalisation d’un taux de croissance de 4%, la création de 200.000 postes d’emplois permanents par an, l’augmentation du taux d’activité des femmes, la mise en œuvre de la réforme fiscale, la sortie d’un million de familles de la situation de pauvreté, et de nombreux autres engagements… ».

Le Parti du Progrès et du Socialisme a vécu d’autres ingérences saugrenues du genre de la réponse du RNI. Il a toujours su y répondre en poursuivant sa lutte et son plaidoyer, à partir de son statut, par tous les moyens possibles et légitimes pour l’instauration de la justice sociale et territoriale, pour renforcer l’économie nationale, pour consolider l’édifice démocratique, élargir l’espace des droits, des libertés et de l’égalité et assurer une vie digne à l’ensemble de notre peuple. Son souci permanent est de permettre le renforcement du front intérieur et de relever tous les défis intérieurs et extérieurs de notre pays. Au RNI de s’élever à son niveau et non de servir de feuille de vigne au gouvernement.

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