L’éclair Pan, la légende Ledecky, l’avènement de McIntosh

Des moments historiques aux Jeux Olympiques de Paris

 Natation

Derrière le quadruplé de Léon Marchand, le bassin des JO de Paris a aussi vu Pan Zhanle atomiser son record du monde du 100 m, Katie Ledecky se hisser au firmament olympique, et Summer McIntosh exploser à seulement 17 ans.

Entre prodiges manquant de bouteille olympique et briscards du sprint, le 100 m nage libre promettait une bataille à la touche, dans un bassin peu profond et réputé « lent » où personne n’avait encore affolé les chronos.

Mercredi soir, le choc n’en a été que plus grand: déjà nettement détaché aux 50 m, le Chinois Pan Zhanle, à quatre jours de ses 20 ans, a assommé la course reine avec plus d’une seconde d’avance, un gouffre jamais vu depuis… l’Américain Johnny Weissmuller aux Jeux de Paris de 1924.

Détenteur du record du monde depuis février (46.80), le « poisson volant » a de surcroît fracassé sa marque de référence de 40 centièmes, en 46 sec 40, dans des proportions inédites depuis le Sud-Africain Jonty Skinner en 1976.

« Humainement impossible », a grincé le lendemain l’entraîneur australien Brett Hawke, même si Pan Zhanle avait déjà nagé quatre fois sous les 47 sec, et ne fait pas partie des 23 nageurs chinois contrôlés positifs en 2021 à une substance interdite et jamais sanctionnés.

Son titre rehausse le bilan mitigé des nageurs chinois (12 médailles dont 2 en or, avec le 4×100 m quatre nages propulsé par un relais canon de Pan Zhanle), ciblés avec un zèle tout particulier par l’antidopage: selon la fédération internationale, ils ont été testés « en moyenne 21 fois chacun depuis le 1er janvier », contre 6 fois pour les Américains, ou 4 pour les Australiens et Français.

Titrée mercredi sur le 1500 m en survolant la course, la légende américaine du demi-fond Katie Ledecky a eu droit à une passe d’armes d’anthologie pour arracher samedi sa neuvième médaille d’or olympique, sur 800 m, avec l’Australienne Ariarne Titmus cramponnée à ses talons.

La placide nageuse du Maryland, d’une sérénité désarmante quand lassitude et dépression rattrapent tant de stars des bassins, devient ainsi la femme la plus couronnée de l’histoire des Jeux aux côtés de la gymnaste soviétique Larissa Latynina.

Elle le fait de surcroît avec un quatrième titre consécutif sur sa distance de prédilection, qui l’avait révélée à 15 ans aux JO-2012 de Londres et dont elle détient les 29 meilleurs chronos de tous les temps.

« Je vais tout donner aussi longtemps qu’il me restera de l’énergie », a t-elle répondu, interrogée sur les JO-2028 de Los Angeles. Ce serait ses cinquièmes JO d’affilée, une longévité comparable à la sprinteuse suédoise Sarah Sjöström, qui a réussi à Paris un superbe doublé 50 m-100 m nage libre.

Plus jeune Canadienne aux JO de Tokyo, à 14 ans, quadruple championne du monde à 16 ans (doublé 400 m quatre nages-200 m papillon en 2022 et 2023), Summer McIntosh arrivait à Paris avec d’énormes attentes à confirmer.

Seule la suprématie d’Ariarne Titmus sur 400 m le premier jour, en cantonnant McIntosh à l’argent, a privé l’ado de Toronto d’un quadruplé individuel aussi retentissant que celui de Léon Marchand.

Sans l’ombre d’un stress apparent, elle a écrasé le 400 m quatre nages lundi puis le 200 m papillon jeudi, avant d’offrir à l’arène de La Défense un combat époustouflant samedi sur 200 m quatre nages.

Larguée en brasse par l’Américaine Kate Douglass, meilleure spécialiste de la nage la plus lente, la jeune Canadienne l’a croquée en crawl pour décrocher son troisième titre olympique, celui sur lequel elle était la moins attendue, avec un record olympique.

« C’est assez surréaliste », reconnaissait-elle, à l’âge où les performances sont encore en pleine progression. Mais l’esprit déjà tourné vers 2028, elle ajoutait: « J’en veux toujours plus, je ne suis jamais satisfaite. Et je pense que c’est l’une de mes forces ».

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