Logement décent, alimentation équilibrée et prévention du tabagisme
Propos recueillis par Karima Hajji (MAP)
La lutte contre la tuberculose passe en premier lieu par un logement décent ensoleillé, une alimentation équilibrée et la prévention du tabagisme, notamment chez les catégories pauvres et les plus vulnérables, a affirmé la pneumologue et présidente de l’association « SOS tuberculose et maladies respiratoires », pr Zoubida Bouayad.
Dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose, célébrée le 24 mars de chaque année, Pr Bouayad a indiqué que la réduction de la propagation de cette maladie exige la concertation et la conjugaison des efforts de l’ensemble des acteurs, et non uniquement du ministère de la santé, étant donné que cela nécessite de trouver des solutions à de nombreux problèmes socio-économiques ».
A cet égard, elle a souligné que les facteurs sociaux, économiques et éducatifs liés aux niveaux et aux moyens de vie des personnes, tant au sein de la famille que sur le lieu de travail, mènent à une augmentation de la propagation de la maladie, notant que « sur fond de la crise économique et de la hausse des prix, beaucoup de gens déménageront vers des logements plus denses, la qualité de l’alimentation connaîtra une détérioration et plusieurs personnes seront contraintes d’attendre longuement avant d’aller voir un médecin pour le diagnostic de la tuberculose ».
Outre ces facteurs, la militante associative a mis l’accent sur le risque du tabagisme qui figure parmi les principaux facteurs d’augmentation de la propagation de la maladie, expliquant qu' »en fumant une cigarette ou un narguilé dans des lieux fermés, une personne atteinte de tuberculose exhale une fumée porteuse du germe de la maladie, qui se propage très rapidement parmi les personnes proches », appelant ainsi à lutter contre le tabagisme dans les lieux publics.
Elle s’est également arrêtée sur l’importance de sensibiliser les personnes atteintes de maladies chroniques à faire preuve de vigilance et de prudence, notamment celles atteintes de diabète, dont l’immunité est affaiblie et vulnérables face à n’importe quel germe.
Quant à la situation épidémiologique de la tuberculose au Maroc, la présidente de l’Association a affirmé qu’elle est actuellement stable grâce aux efforts déployés par le personnel, femmes et hommes, relevant de centres de santé, pour lutter contre cette maladie partout dans le Royaume, soulignant que les résultats de ces efforts se manifestent à travers un ensemble de données, dont « la baisse du nombre de patients qui interrompent le traitement, passant de 10%-15% au cours des dernières années à environ 8 % au niveau national, avec 5% au niveau de Casablanca, ce qui met en lumière le travail colossal réalisé par les professionnels de la santé.
Le deuxième élément qui reflète la stabilité de la situation épidémiologique, a ajouté Pr Zoubida Bouayad, se manifeste sur l’amélioration remarquable au niveau du traitement, étant donné que plus de 90% des patients se rétablissent, tandis que le nombre de décès ne dépasse pas 2% du total des patients.
Elle a, par ailleurs, relevé que le troisième élément est le nombre de personnes atteintes de la tuberculose, qui est de l’ordre de 90 nouveaux cas pour 100.000 habitants au niveau national, faisant observer que, selon les dernières statistiques relatives aux cas enregistrés pour l’année 2021, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima vient en premier, avec plus de 100 cas pour 100.000 habitants, suivie de Rabat-Salé-Kénitra, notamment la ville de Salé, avec 100 cas pour 100.000 habitants, et ensuite la région de Casablanca-Settat avec 98 cas/100.000 habitants.
Dans le même contexte, la spécialiste a fait savoir que la propagation de la pandémie de Covid-19 a eu un impact significatif sur la situation épidémiologique liée à la tuberculose, car elle a fait craindre à de nombreuses personnes atteintes de cette maladie de se rendre dans les centres de santé pour compléter le traitement de peur de contracter le Covid.
Elle a, de même, noté qu’au cours des années 2020 et 2021 en particulier, la pandémie était également à l’origine de plusieurs problèmes liés aux traitements et à la disponibilité des médicaments dans les centres de santé, après que l’attention ait été davantage focalisée sur le Covid-19.
La présidente de l’association « SOS tuberculose et maladies respiratoires » a conclu en soulignant l’importance des initiatives de sensibilisation pour limiter l’augmentation du nombre de personnes atteintes de cette maladie, notamment les activités organisées par les associations de la société civile visant à sensibiliser les citoyens sur la nécessité de procéder à un diagnostic précoce et un suivi régulier du traitement jusqu’à la guérison.