Nouvelles mesures sanitaires :

Mohamed Nait Youssef

Il semble que les salles obscures sont dans de mauvais draps. En effet, dans une lettre adressée, mardi 3 août, au chef du gouvernement, Saad dine El Otmani, au ministre de la Culture, Othman El Ferdaous, ainsi qu’au directeur du centre cinématographique marocain, Sarim Fassi Fihri, la chambre marocaine des Salles de cinéma, la chambre marocaine des distributeurs de films et la chambre marocaine des producteurs de films ont tiré la sonnette d’alarme sur l’impact des nouvelles mesures prises par le gouvernement dont la fixation du couvre-feu à 21h au lieu de 23h.

Par ailleurs, et après plusieurs mois de fermeture, l’industrie du cinéma, qui se bat contre vents et marées, lutte toujours pour survivre. «De mars 2020 à juin 2021, les salles de cinéma du Maroc sont restées fermées 15 mois, ce qui est la période la plus longue au Monde de fermeture de cinéma liée à cette pandémie. Les soutiens d’Etat reçus par les exploitants de cinéma ne couvrent que 8 mois de charges fixes, partiellement, et seuls 3 mois d’aides leur ont été versées à ce jour. », peut-on lire dans la lettre rendue public.

Et d’ajouter : « après 15 mois de fermeture administrative des cinémas, ces derniers ont rouvert le 4 juin. Les mesures sanitaires alors en vigueur ont fait chuter la fréquentation de 60%, et les exploitants de cinéma, exerçant leur activité à pertes compte-tenu de ces mesures, ont pourtant «joué le jeu» demandé par les autorités au nom de la relance économique. »

Selon la même source, les exploitants de cinéma enregistraient avant la pandémie plus de 60% de leur recette quotidienne en soirée, et le couvre-feu de 23h, pesait à lui seul pour moitié dans les 60% de perte de fréquentation.

«En  imposant un couvre-feu à 21h, les entrées dans les cinémas chuteront donc d’au moins 90% par rapport  à une exploitation hors pandémie, et nous ne parlons que des billets, car cette chute de fréquentation a réduit à néant les recettes publicitaires qu’enregistrent les cinémas. Les chiffres publiés et collectés quotidiennement par le CCM auprès des salles de cinéma vous convaincront aisément de ces 90 % de perte de chiffre d’affaires qui sont pour deux tiers liés à la privation de projection en soirée. Et le dernier tiers lié aux autres mesures sanitaires.», expliquent les signataires sur la lettre. 

Et si on autorisait l’accès aux personnes vaccinées…

En outre, les professionnels du cinéma ont demandé les autorités d’autoriser l’accès aux salles de cinéma après 21h  aux personnes vaccinées.

« Car si toute la filière cinéma au Maroc a payé très cher pour la survie des compatriotes marocains, il est  légitime et juste que ce pourquoi nous, professionnels du cinéma, nous sommes également battus, à savoir développer une proposition importante de personnes vaccinées, en acceptant d’être privés de ressources pour la santé de tous, serve à sauver notre secteur.», affirment les professionnels du secteur.

Streaming, un nouveau concurrent des salles  

Les plateformes de streaming du cinéma ont profité de la fermeture des salles pendant la période de confinement. En effet, le public a immigré massivement à ces concurrents ayant enregistré des recettes importantes.

Dans la même lettre, la chambre marocaine des Salles de cinéma, la chambre marocaine des distributeurs de films et la chambre marocaine des producteurs de films ont alerté sur «la fraude fiscale opérée au Maroc par les opérateurs de streaming tels que Netflix et Amazon Prime, qui se sont développés de façon spectaculaire au niveau mondial grâce à la fermeture des cinémas.»