Les syndicats veulent frapper plus fort mardi, Borne ferme sur les 64 ans

Réformes des retraites en France

Galvanisés par le succès de leur première mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats appellent à de nouvelles manifestations massives mardi, mais la Première ministre s’est montrée ferme dimanche sur le report de l’âge de départ qui n’est « plus négociable ».

« Ca n’est plus négociable, la retraite à 64 ans et l’accélération (de l’allongement de la durée de cotisation, ndlr) de la réforme Touraine », a affirmé sur franceinfo Elisabeth Borne.

Alors que la réforme a été très critiquée sur son impact sur les femmes, elle se montre en revanche ouverte à une discussion sur une meilleure utilisation des trimestres « éducation » et « maternité » obtenus au cours de leurs carrières.

« Dès aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein, on est en train d’analyser la situation de ces femmes », dit-elle, insistant à nouveau sur le fait que « cette réforme protège les femmes ».

Fustigeant « l’intransigeance » de la cheffe du gouvernement, le dirigeant communiste Fabien Roussel invité de CNEWS, Europe 1 et Les Echos a assimilé ses déclarations à une « provocation à 48 heures de la manifestation ».

Mardi, les huit principaux syndicats français espèrent un effet de masse pour venir à bout d’une « réforme injuste » et de sa mesure-phare: le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Après leur tour de force du 19 janvier (1,12 million de manifestants selon Beauvau, plus de deux millions d’après les organisateurs), ils ont appelé « à se mobiliser encore plus massivement le 31 ».

« Nous sommes bien partis pour être plus nombreux », assure Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT. Espoir conforté par des sondages attestant d’un rejet croissant dans l’opinion.

« La population est très défavorable au projet et cet avis tend à prendre de l’ampleur », constate aussi le numéro un de la CFDT, Laurent Berger. Qui met en garde l’exécutif: ne pas tenir compte des mobilisations « serait une faute ».

En réponse à cette défiance grandissante, la majorité tente de prendre à témoin l’opinion en ordre dispersé. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin fustige dans le Parisien la gauche qui veut « bordéliser » le pays mais ménage les syndicats.

Son homologue à Bercy Bruno Le Maire met l’accent sur les déficits dans le JDD, tandis que la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa et la cheffe de file des députés Renaissance, Aurore Bergé défendent, toujours dans le JDD, une réforme qui « apporte des réponses utiles » aux femmes précaires.

Mardi, la participation sera scrutée dans les nombreux rassemblements (plus de 200) prévus. A Paris, le parcours doit s’achever aux Invalides, tout près de l’Assemblée nationale, où l’examen du projet de loi aura débuté lundi en commission.

Plus de 7.000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche qui entend faire durer les débats, tandis que la droite cherche à faire monter les enchères, consciente que ses voix seront cruciales pour adopter la réforme. Le gouvernement doit en outre composer avec sa propre majorité, où beaucoup réclament des améliorations et certains renâclent à voter le texte.

Des tensions exacerbées par le risque de grèves à répétition. Mardi, des perturbations sont attendues dans les transports en commun, en particulier à la SNCF et à la RATP. Des fermetures de classes, voire d’écoles, sont aussi à prévoir.

Mais la suite du mouvement reste incertaine. Du côté de la CGT, certaines fédérations poussent pour un durcissement. De nouvelles grèves sont déjà annoncées dans les ports, raffineries et centrales électriques à partir du 6 février.

Chez les cheminots, ce sera le 7 et le 8, prélude à un préavis reconductible « dès la mi-février », ont prévenu la CGT et SUD. En plein pendant les vacances d’hiver.

Mais la CFDT préfère « garder l’opinion » de son côté. « Le niveau d’efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d’emmerdements concrets pour les citoyens », explique M. Berger, qui ne veut pas non plus multiplier les journées d’action « car de nombreux travailleurs ne peuvent pas tenir sur un rythme aussi intense ».
« Une ou deux démonstrations de force » supplémentaires suffiront selon lui à faire entendre raison à l’exécutif. Reste à en convaincre les autres leaders syndicaux, qui se réuniront mardi soir au siège de FO.

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