L’espace politique subit une véritable dévitalisation

Benabdallah invité de «Madar21» «avec Youssef Belhaissi»

… qui menace le processus démocratique dans son ensemble

M’Barek Tafsi

Le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, qui était l’invité, mercredi soir, du journal électronique «Madar21» «avec Youssef Belhaissi», a souligné que le champ politique national subit actuellement une véritable dévitalisation, qui menace tout le processus démocratique dans le pays.

Selon lui, ce terme emprunté à la médecine dentaire est le mieux approprié pour qualifier le climat délétère et le bilan maigre des premiers mois du mandat du gouvernement actuel.

L’affaiblissement de l’espace politique et des institutions se poursuit à une allure qui risque de lui faire perdre tous les éléments de la vie, par rapport à l’expérience démocratique marocaine et à la gestion des affaires du pays, a-t-il expliqué.

Même le chef du gouvernement a affirmé qu’il préfère travailler sans communiquer. Quant aux autres membres du gouvernement, ils préfèrent garder le silence, même quand on les interroge au Parlement. D’aucuns se limitent à lire sans conviction des textes préparés.

Une dépolitisation aux conséquences fâcheuses sur la vie politique 

C’est une véritable dépolitisation aux conséquences fâcheuses que subit donc le champ politique, à travers la dévalorisation des institutions et des partis politiques, a-t-il dit.

Les trois partis au gouvernement, qui disposent de la majorité à tous les niveaux national et des petites, moyennes et grandes villes, ne jouent pas leur rôle en matière de communication avec les citoyennes et les citoyens pour les sensibiliser et les mobiliser afin de s’assurer de leur adhésion spontanée et volontaire.

Le gouvernement actuel est le plus faible des 20 dernières années

Au niveau politique et durant les 20 dernières années, le gouvernement actuel est le plus faible au niveau politique, a-t-il indiqué, soulignant qu’il s’agit d’un gouvernement sans souffle politique.

Après la dernière expérience, que le Maroc a connue pendant une période de 10 ans avec le Parti de la Justice et du Développement, le pays a tourné cette page, à l’issue des dernières élections générales de 2021.

Durant toute cette expérience qui a débuté en 2011, certains acteurs se cherchaient que le moyen de mettre fin à cette expérience, quitte à faire perdre au pays l’occasion d’avancer.

Au lieu de renforcer l’espace démocratique et institutionnel et de réaliser des réformes économiques et sociales, l’on s’est concentré surtout au cours du gouvernement dirigé par Si Saad Eddine Al Otmani, sur la manière d’empêcher cette équipe de réussir. Il n’y avait aucune entente ou harmonie entre les différentes composantes gouvernementales qui se sont livrées à une véritable guéguerre entre elles, qui avait poussé le PPS à quitter en 2019 ce gouvernement.

Les partis de la majorité n’ont pas à bomber le torse, ce sont les technocrates qui dominent

Les dernières élections ont donc permis d’ouvrir une soit disant nouvelle page, a-t-il dit, estimant que ceux qui ont remporté ces échéances dans les conditions que l’on sait ne doivent pas faire preuve d’arrogance en bombant le torse tout en pensant que tout leur est désormais permis, à l’issue de cette « victoire ». La majorité des ministres sont des technocrates.

Les trois partis au gouvernement n’ont remporté en tout que 5 millions de voix sur une population en âge de voter de l’ordre de 26 millions d’électeurs.

Seuls 9 millions de personnes se sont rendues aux urnes (1 million de bulletins nuls), sur 18 millions d’inscrits dans les listes électorales, alors 8 autres millions en sont exclus. Quant à la population marocaine, elle est estimée à 36 millions de personnes.

Les résultats de ces élections ont consacré entre autres le recul du PJD, à l’issue de son expérience gouvernementale décevante aux yeux de la majorité des électeurs et en raison de ses difficultés internes.

L’opposition est divisée

Quant à l’opposition, elle est handicapée par ses divisions et l’absence de coordination entre ses composantes. Ce qui la prive des capacités nécessaires pour jouer pleinement son rôle dans l’encadrement et la mobilisation des citoyennes et des citoyens, suite à la dévitalisation que subit dans son ensemble l’espace politique national et à leur dévalorisation, qui leur a fait perdre la confiance des citoyens, a-t-il expliqué.

Pour ce qui le concerne, le PPS ne cesse d’attirer l’attention sur les dangers que comporte cette dérive à travers la dévalorisation des institutions et des partis politiques qui ont perdu leur crédibilité.

Sans ces institutions, a-t-il noté, il est inconcevable de mettre en œuvre le nouveau modèle de développement.

Tout gouvernement, quel qu’il soit, ne peut réussir à mettre en œuvre un tel modèle de développement, sans avoir le moyen de mobiliser les citoyennes et les citoyens, de les convaincre et de prendre les décisions qui s’imposent. C’est la responsabilité première de tout gouvernement qui se respecte et cherche à honorer ses engagements envers le pays et le peuple, a-t-il ajouté.

Un bilan très maigre de l’Exécutif

A part les décrets pris pour la généralisation de la protection sociale, les mesures adoptées pour le redressement du tourisme et la relance du dialogue social au niveau du secteur de l’enseignement, rien n’a été fait par le gouvernement pour soutenir l’entreprise marocaine et mobiliser l’opinion publique après la réouverture des frontières nationales, a-t-il fait remarquer.

En matière d’emploi, le plan annoncé de création d’un million de postes est en passe de se transformer en postes d’emploi éphémères de 2 à 3 mois.

Après un ou deux mois, ceux qui vont bénéficier de ces Awrachs seront remis au chômage.

C’est de l’emploi instable et  précaire

Quant aux entreprises, elles affirment déjà leur incapacité à rembourser leurs crédits oxygène et à continuer à travailler dans les conditions actuelles. Des centaines d’entre elles vont fermer leurs portes et licencier leurs employés et porter finalement un coup dur à l’économie nationale.

Dès le départ, le PPS avait proposé un plan baptisé « l’après- Covid » qui souligne la nécessité de prendre des mesures au niveau économique, social et démocratique. Des mesures pratiques selon lesquelles l’Etat doit jouer pleinement son rôle pour réorienter l’économie nationale vers une véritable industrialisation qui ne se limite pas à une usine de production des vaccins (ce qui est une grande mesure en soi), mais également vers l’économie numérique et l’environnement.

Le retrait de certains projets de loi significatifs vise la normalisation avec la rente

L’actuel gouvernement a retiré du parlement des projets de loi d’une grande importance pour le renforcement de la transparence au sein de l’économie nationale, la lutte contre la rente et la prévarication et la consolidation de l’Etat de droit au niveau des affaires et de l’économie nationale.

Au niveau social, la réalisation du chantier de la généralisation de la protection sociale requiert le renforcement de l’offre de santé et de soins, a-t-il ajouté, faisant savoir que l’on est encore très loin de cet objectif.

Outre la santé, l’enseignement est handicapé par la faiblesse de l’école publique, a-t-il dit, émettant l’espoir encore une fois que le gouvernement actuelle réussisse dans ses projets pour permettre au pays de relever les défis auxquels il fait face en rapport avec la crise de la pandémie du Covid-19 avec toutes ses répercussions, l’affaiblissement de l’action politique, le manque de communication entre le citoyen et les institutions etc….

La gestion réussie de la pandémie grâce aux initiatives Royales

Dès le départ et sur hautes instructions royales, le Maroc a pris des mesures importantes, pour faire face à la pandémie du Covid-19 à commencer par le Fonds de soutien jusqu’à l’annonce en juillet 2021 d’un plan de 120 milliards de Dirhams pour la relance de l’économie nationale et en passant par d’autres décisions. Malgré cette annonce, l’actuel gouvernement n’a encore rien décidé pour la mise en œuvre de ce plan ambitieux qui correspond parfaitement aux aspirations du PPS.

La question n’a été abordée ni dans la Loi de Finances 2022, ni la déclaration gouvernementale, a-t-il noté.

La sécheresse sévit le stress et le stress hydrique est appelé à s’aggraver

Le Maroc n’est pas un pays agricole, compte tenu de son climat, de la nature de son relief et des changements qu’il connait du fait du réchauffement climatique. Plus grave encore, le pays connait et va connaitre un stress hydrique qui va s’aggraver, a-t-il dit.

C’est pourquoi, le PPS estime que le décollage et le développement économique du pays dépendent beaucoup plus de l’industrialisation véritable, de l’économie numérique et écologique que de l’agriculture. Il est bien que le pays réussisse à assurer son autosuffisance alimentaire au niveau agricole, mais il lui indispensable surtout d’assoir son développement sur l’industrie et l’économie numérique et écologique.

 La rationalisation de la consommation des eaux à tous les niveaux (de boisson et d’irrigation) s’impose au pays, a-t-il indiqué.     Certaines régions manquent déjà non seulement d’eau d’irrigation des cultures, mais également d’eau potable.

Le PPS assume pleinement son choix d’être dans l’opposition tout en allant vers son 11e congrès national

Dans la perspective de son onzième congrès national, le PPS s’active pour faire de cette échéance un nouveau départ.

Pour ce faire, il cherche à travers le débat interne et la réflexion collective, le moyen de renforcer ses rangs et d’adapter son action à l’évolution de la situation politique, marquée par l’existence de créatures sans aucun poids et sans identité. Dans le même temps, il doit œuvrer pour préserver son identité et son référentiel progressiste, socialiste et de gauche et l’indépendance de sa décision, tout en étant évidement ouvert au renouveau.

Il importe aussi pour lui de chercher les instruments nécessaires pour que les générations montantes continuent de porter haut le projet du parti, pour que lequel le PPS lutte depuis sa création au milieu des années 40 du siècle dernier.

Football : Les joueurs de la Botola doivent constituer l’ossature de l’équipe nationale

Interrogé au sujet de l’élimination du Maroc à la dernière coupe d’Afrique des nations de football, il n’a pas caché sa déception, à l’instar de tous les mordus du ballon, à la suite de ce nouveau fiasco, et eu égard aux efforts consentis et aux moyens matériels mobilisés pour disposer d’une équipe nationale performante.

Au-delà de cette piètre prestation, a-t-il dit, il est nécessaire de s’interroger à tête reposé au sujet des résultats de la politique sportive poursuivie actuellement dans le pays. A présent, a-t-il le Maroc ne remporte plus de titres dans toutes les disciplines sportives, aussi bien en football, en athlétisme que dans les autres disciplines sportives.

En d’autres mots, le pays recule au lieu d’avancer malgré la mobilisation de tous les moyens et les investissements réalisés. C’est pourquoi l’on ressent à tous les niveaux une grande déception, surtout que le Maroc n’a remporté qu’une seule fois en 1976 la Coupe d’Afrique et l’avant dernière édition de la Coupe arabe.

C’est pourquoi, il est temps de procéder autrement en faisant appel en premier lieu à des capacités nationales : un entraineur marocain et des joueurs qui évoluent au sein du championnat national, à l’instar de la sélection nationale ayant pris part à la dernière Coupe arabe et  que l’on peut renforcer par d’autres joueurs marocains qui se distinguent dans des championnats étrangers en Europe ou ailleurs, comme c’est le cas de l’Egypte et d’autres pays africains, a-t-il suggéré.

Il a toutefois estimé très risqué de changer immédiatement d’entraineur national, alors que le Maroc est appelé à disputer dans un mois et demi une double confrontation décisive dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde.

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