Bilan à mi-mandat du gouvernement: aucun des 10 engagements pris n’a été tenu !

Nabil Benabdallah sur MEDI 1 TV

M’Barek Tafsi

Le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, a souligné qu’au-delà de quelques réalisations, le gouvernement n’a tenu aucun de ses dix engagements et a brillé par son absence politique et continué de fuir comme la peste les questions de démocratie et de droits des hommes.

Invité, samedi 4 mai courant, de l’émission «LE DEBRIEF» diffusée par la chaine MEDI 1 TV, consacrée au bilan à mi-mandat du gouvernement, Benabdallah a rappelé qu’au PPS, on n’est des partisans ni du négativisme ni du nihilisme.

Lorsque des choses sont faites, elles le sont et il faut savoir le reconnaître, surtout si c’est dans l’intérêt du pays et du peuple, a-t-il dit, précisant que sur le plan de la forme de la présentation faite par le Chef du gouvernement devant le Parlement, un effort méritoire a été fait et dans le même temps il y a des réalisations.

Oui il y a des choses qui ont été faites en investissements publics (35 milliards de Dirhams), un chiffre jamais atteint et qui été fait dans le domaine de l’eau, les acquis en matière de dialogue social, la charte de l’investissement, le cadre juridique de la protection sociale, du système de santé, et d’autres aspects sur lesquels ce gouvernement a travaillé, a-t-il affirmé.

Mais dans le même temps et au-delà du satisfecit exprimé par le Chef du gouvernement, la réalité est autre, a-t-il dit, allusion faite à l’impact réel de ces réalisations sur les citoyens.

180 000 emplois perdus et aucun créé sur le million de postes promis

En termes de chômage, les chiffres sont là. Ils sont têtus. Le Chef du gouvernement a promis que la deuxième partie de son mandat sera axée sur la lutte contre le chômage, alors qu’il s’était engagé au départ à créer un million d’emplois. Pire, le Maroc a perdu 180.000 emplois.

Quant au le monde rural, il est dans un état déplorable en matière de perte d’emplois, a indiqué Benabdallah.

Au niveau de la mortalité des entreprises, il a rappelé que plus de 27.000 entreprises, en général des PME, ont déclaré faillite qui s’est traduite par une perte d’emplois et d’activités, dont l’impact sur le citoyen se reflète à travers la baisse du niveau du pouvoir d’achat chez les couches les plus déshéritées.

Plus de 3,2 millions de personnes ont franchi le seuil de pauvreté

Il a également reproché au gouvernement actuel de continuer de critiquer les gouvernements passés, alors qu’il a devant lui une réalité internationale, qui n’est pas uniquement défavorable parce qu’il y a pleins d’aspects favorables sur lesquels ce gouvernement doit reposer pour relancer l’activité au Maroc.

Le gouvernement parle dans ce cadre d’un héritage qu’il juge complément négatif, alors que deux composantes de ce gouvernement faisaient partie des coalitions précédentes, sachant que quand un gouvernement est en place, il doit affronter la réalité et s’arrêter de se justifier par ce qui n’a pas été fait par les autres. C’est à lui de régler les problèmes après deux ans et demi.

Les 10 engagements de 2021 non tenus

Evoquant les réalisations concrètes du gouvernement, Benabdallah a souligné que sur les dix engagements pris par ce gouvernement, pratiquement aucun n’a été tenu, ni en termes de taux de croissance, ni en termes du million d’emplois, ni en termes de réduction de la pauvreté, ni en termes de soutien du pouvoir d’achat notamment des classes moyennes, bien au contraire, ni en termes d’activités des femmes. Et même le Chef du gouvernement n’en a pas parlé dans sa présentation devant le Parlement.

Et le Secrétaire général du PPS d’expliquer que le gouvernement a failli à sa mission de créer un environnement favorable aux affaires et un climat de confiance.

Le gouvernement fuit comme la peste les questions de démocratie et de droits des hommes

Pour y parvenir il doit avoir tout d’abord une présence politique significative. Or, ce gouvernement n’existe pas sur le champ politique : la démocratie, les droits de l’homme, la réforme du champ politique, la place des partis politiques dans le processus du changement, la mise en œuvre des institutions qui n’ont pas encore été nommées, le renouvellement de certaines d’entre elles, la régionalisation réelle et la décentralisation et la déconcentration, le pouvoir donné aux élus pour démocratiser encore plus et pour aller vers davantage de démocratie participative. Ce sont des sujets qui n’ont pas été abordés par le Chef du gouvernement, ni dans son discours d’investiture, ni dans le discours prononcé devant le Parlement.

Ce gouvernement fuit comme la peste les questions de démocratie et de droits des hommes et cela est très décevant de la part d’un gouvernement, formé de trois partis politiques importants, qui ont réalisé des scores électoraux importants dans les conditions que Benabdallah  n’a pas voulu aborder à cette occasion.

Et d’appeler dans ce cadre ce gouvernement à s’occuper du champ politique, car il constitue «notre champ commun, celui de la démocratie». «Plus on perdra d’acquis dans ce domaine, plus on laissera la prévarication investir ce champ de la politique, plus on dévalorisera la crédibilité des institutions, plus nous allons le payer cher en tant que pays et plus nous allons créer et agrandir le fossé qu’il y a entre la politique et les institutions d’une part et le peuple notamment les jeunes d’autre part», selon lui.

Benabdallah a également fait savoir que le gouvernement ne compte aucun bilan au niveau la préparation des futures échéances pour ouvrir la voie à des potentialités nouvelles. Le pays regorge de jeunes qui peuvent investir demain le champ politique de manière positive.

Et Benabdallah d’attirer l’attention sur le danger que représentent aujourd’hui ceux qui squattent le champ politique et celui des institutions élues et qui représentent ce que le Maroc a produit de pire.

Les ratages de la généralisation de la couverture sociale

Evoquant les réalisations au niveau de l’Etat social, dont parle le gouvernement, il a admis qu’il y a eu une accélération au niveau de l’adoption des textes et de la généralisation, tout en rappelant que cela a été fait avec beaucoup de pertes sur le chemin.

Sur les 18 millions de RAMEDistes inscrits à l’AMO, 8 millions ont été perdus lors de ce passage.

Il a fait savoir aussi qu’au lieu de 28% de participation au financement de la protection sociale de la part des cotisations, 15% de personnes seulement cotisent.

Au niveau de l’aide directe, a-t-il encore précisé, on a annoncé 4 millions de personnes et qu’il n’y plus que 3 millions maintenant. Et dans ces 3 millions, on assiste aujourd’hui à un jeu absolument déplorable avec un seuil de 9,32 et un seuil de 9,74. Ceux qui sont sous le seuil de 9,32 touchent 500 DH et s’ils passent au-delà de 9,32, ils sont obligés de payer 200 DH de cotisation sociale. Pour ceux qui sont au-delà de 9,74, l’on a ceux qui ont un téléphone ou une télévision dans leur baraque dans le monde rural ou ailleurs et ils sont nombreux ceux qui sont privés des 500 DH.

La hausse des prix ne s’arrête plus

En matière de hausse des prix, l’on enregistre que 3,2 millions de personnes ont perdu leur pouvoir d’achat et basculé dans la pauvreté, selon les chiffres du HCP.

Sur un autre plan, Benabdallah a indiqué aussi que 86% des dépenses de santé provenant de la protection sociale vont vers le secteur privé où les cliniques sont en train d’émerger comme les crèmeries dans les différentes rues de toutes les villes importantes.

En matière de communication, le gouvernement continue de briller par son silence, non pas parce qu’il « préfère travailler au lieu de parler », selon les dires de ses membres, mais parce qu’il est muet, a martelé Benabdallah.

Ce gouvernement n’est présent ni dans les médias publics, ni dans les réseaux sociaux.

Abordant la question de l’aide au logement, il a indiqué que le PPS n’est pas contre, notant que sur les 70 à 80.000 demandes présentées, 8.000 seulement sont aujourd’hui satisfaites, parce que le monde de la production de logements, celui des promoteurs n’adhère pas. Il n’y a pas aujourd’hui de produit social sur le marché. Il n’y a que le reliquat de ce qui a été fait avec la question de l’exonération de l’impôt. Il n’y a pas de création nouvelle. Voilà la réalité.

Et Benabdallah de souligner la nécessité pour le gouvernement d’adopter une loi comptable et une comptabilité spéciale sur les aides directes et l’aide au logement, pour que les gens sachent réellement ce que ce gouvernement a dépensé des 25 à 29 milliards promis pour l’aide directe. Et s’il a réellement dépensé les 10 milliards de dirhams promis pour les logements. Et s’il y a véritablement des gens qui ont profité de cela, et l’on attend la prochaine loi de finances 2026 pour en savoir plus.

A présent, les faits sont là pour dire que ce n’est pas le cas.

Revenant sur la question du RAMED, il a expliqué que ce n’est pas parce que ce système est critiquable, qu’on va passer à une sorte d’amour forcé dans laquelle les gens n’ont pas les moyens de contribuer. Et encore moins d’accéder aux soins. Parce que dans l’attente que l’hôpital public soit mis à niveau, il y a aujourd’hui la fuite des gens vers l’étranger ou les cliniques privées. Cette réalité est décriée par les professeurs de médecine et autres fidèles au système, a-t-il ajouté.

Et Benabdallah d’ajouter qu’il n’y a pas de visibilité en ce qui concerne le climat des affaires et en particulier dans le domaine de la concurrence, où tout le monde s’en plaint. Et les hydrocarbures sont l’exemple patent. Rien n’a été fait dans ce domaine, malgré les décisions du Conseil de la concurrence.

A présent, le climat des affaires est toujours teinté par les conflits d’intérêts et la  faiblesse des idéaux, ce qui a entrainé une baisse de 50% des investissements directs étrangers.

Une conjoncture favorable à une dynamique mondiale de relance mais non exploitée

L’actuel gouvernement, venu après le COVID, a eu à gérer la fin du COVID mais a eu en même temps l’opportunité extraordinaire de se retrouver dans un environnement mondial marqué par une reprise post-covid. Il était donc sur une vague sur laquelle il pouvait surfer mais il ne l’a pas fait. La preuve c’est qu’en termes d’IDE, il a y eu une baisse, selon les dires du Chef du gouvernement qu’il explique par la tendance mondiale.

Le stress hydrique et l’agriculture

Selon le Secrétaire général du PPS, le gouvernement compte toutefois une grande réalisation réelle en la matière en un temps record, étant donné que des moyens énormes ont été mis en place, notant que l’une des orientations qui doit être adoptée aujourd’hui, et tous les rapports à commencer par le GIEK et par un certain nombre d’instituts disent que quel que soit l’effort qu’on fait, si on continue d’accorder 85 à 86 % des eaux du pays à l’agriculture pour des cultures d’exportation, le pays va droit dans le mur.

Ce gouvernement refuse qu’on remette en cause les orientations en matière d’agriculture, alors que la situation du monde rural montre clairement l’ampleur des pertes d’emplois des petits agriculteurs, affirmant que le Plan Maroc Vert a montré aujourd’hui ses limites pour la simple raison que le pays se trouve dans une zone aride à semi-aride et qu’il doit miser plutôt sur l’industrie.

Le Maroc a besoin d’une industrialisation réelle, d’après le CESE, qui indique que si le pays veut créer des emplois de manière pérenne, il faut miser sur l’industrialisation d’abord bien avant l’agriculture.

Sur un autre, le Secrétaire Général du PPS a rappelé que ce gouvernement, qui se dit moderniste, n’a pas bougé le petit doigt pour favoriser un climat favorable à l’égalité homme-femme.

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