L’Italie s’embrase pour fêter son sacre et oublier la pandémie

Campioni!

Les  « Azzurri » sur le toit de l’Europe! De Milan à Naples, de Rome à Palerme, l’Italie s’est embrasée dimanche pour fêter le sacre dans l’Euro-2020 face à l’Angleterre (1-1 a.p., 3 tab à 2), un trophée tant attendu pour faire oublier la tragédie de la pandémie.

Au cœur de la capitale italienne, plongée dans la nuit tiède de l’été, les Italiens ont célébré par un concert de klaxons et de cornes de brume, dans un nuage de fumigènes, la deuxième étoile européenne accrochée sur le maillot azur de la « Nazionale » depuis le titre de 1968.

Au coup de sifflet final, des milliers de tifosi drapés dans les flammes tricolores vert-blanc-rouge ont quitté les fan-zones installées près du Colisée ou de la Piazza del Popolo pour converger sur la Piazza Venezia, au pied du monument au roi Victor-Emmanuel II, père de l’Italie unifiée.

« Forza Italia! Campioni d’Europa! », ont exulté les supporters dans un tonnerre de pétards et de verre cassé, comme Etienne et sa fille Vivian qui se pressaient de rentrer chez eux pour éviter les débordements.

« On va aller manger une glace », se réjouissait la jeune fille.

Nombreux étaient ceux qui avaient rêvé d’un doublé, le même jour, à Londres: le titre de Matteo Berrettini à Wimbledon face à Novak Djokovic et le couronnement européen au terme du 34e match sans défaite sous l’ère du sélectionneur Roberto Mancini. Berrettini s’est incliné sur le gazon anglais, battu en quatre sets par le N.1 mondial, mais il n’a que 25 ans et il disputait sa première finale de Grand Chelem.

La journée, malgré tout, fut historique.

« On ne peut pas tout gagner! », lançait à l’AFP Piero, philosophe. « L’important, c’était l’Euro. C’était notre année », ajoutait sa copine, Federica.

Rares étaient ceux qui, dans la foule, portaient des masques, dont le port n’est plus obligatoire en plein air depuis la fin juin. Des discussions ont été menées jusqu’au bout pour savoir s’il fallait ou non installer un écran géant au stade Olympique, mais les autorités, craignant une flambée de contaminations dans un contexte de progression du variant Delta, ont renoncé.

Sur le papier, les rassemblements étaient interdits. Difficile, en réalité, d’empêcher les jeunes et moins jeunes de se retrouver enfin après des mois de confinement où ils ont été privés de vie sociale.

Sous les pins centenaires de la via dei Fori Imperiali, les forces de l’ordre ont regardé d’un oeil bienveillant le cortège de supporters en liesse.

Car au-delà de la performance sportive, l’Italie veut croire que le sacre de la Nazionale permettra de refermer définitivement le funeste chapitre de la pandémie de Covid-19 qui y a fait plus de 128.000 morts.

Le pays a été le premier d’Europe frappé par le virus en février 2020 et le souvenir reste vif des norias de camions militaires transportant les cadavres des morgues vers les cimetières.

Alors, la victoire dans cet Euro?

Pour Pierluigi de Amicis, 51 ans, « c’est un sauvetage, après un an et demi de pandémie, de souffrance, de mort ». « Espérons que le variant Delta ne va pas tout gâcher », dit-il, au pied de l’église du Très-Saint-Nom-de-Marie.

Le Corriere della Sera, le plus grand tirage d’Italie, écrivait dimanche: « Après la plus grande tragédie italienne de l’après-guerre, les Italiens ont retrouvé le sourire ».

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