L’Opep débat de nouvelles coupes

Face à la chute des prix du pétrole

Les ministres de l’Opep ont entamé dimanche une réunion à Vienne pour tenter de trouver une parade aux cours du pétrole en berne, avec à la clé une possible nouvelle réduction de leur production, sur fond de tensions entre Moscou et Ryad.

Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui s’étaient déjà entretenus samedi sous l’égide de l’Arabie saoudite, ont été rejoints par leurs dix partenaires conduits par la Russie.

Ce rendez-vous, le deuxième dans la capitale autrichienne depuis mars 2020, a démarré en début d’après-midi, avec environ trois heures de retard sur le programme initial, a indiqué à l’AFP une source proche des discussions, évoquant une coupe d’un million de barils par jour parmi les options en débat.

L’issue de la rencontre reste toutefois très incertaine. Les représentants des différents pays sont restés muets sur leurs intentions à leur arrivée au siège du cartel, où les attendaient une foule de journalistes.

« Tout est sur la table », avait assuré la veille le gouverneur d’Iran, Amir Hossein Zamaninia.

Fidèle à ses habitudes, le prince saoudien Abdelaziz ben Salmane s’était quant à lui contenté de commenter la météo du jour, éludant les questions des journalistes.

Son homologue émirati, Souhail ben Mohammed Al-Mazrouei, avait dit sans plus de détails « attendre avec impatience une décision qui permettra d’équilibrer le marché ».

Si le pétrole a redressé la barre au cours des deux dernières séances, les cours ont dévissé d’environ 10% depuis l’annonce surprise début avril par certains membres de l’Opep+ d’une baisse drastique des quotas.

Cette mesure a de fait échoué à faire remonter les prix dans un marché déprimé par les craintes de récession économique mondiale, les hausses des taux des principales banques centrales et la laborieuse reprise de la demande en Chine au sortir des restrictions anti-Covid.

Le Brent, référence du brut en Europe, s’échange actuellement à 76 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI à 71 dollars – loin des sommets enregistrés en mars 2022 au début du conflit en Ukraine (près de 140 dollars).

Devant la morosité économique, « la probabilité d’une nouvelle coupe s’est fortement accrue », dit à l’AFP Giovanni Staunovo, d’UBS.

Si lui parie malgré tout toujours sur un statu quo, d’autres analystes, comme Yousef Alshammari de CMarkits, ont modifié leurs pronostics. M. Alshammari s’attend désormais à ce que « l’Arabie saoudite fasse pression pour une diminution d’au moins un demi-million de barils par jour ».

Reste à voir si Ryad parviendra à convaincre l’autre pilier du groupe, la Russie, qui semble réticente à resserrer davantage les vannes d’or noir – manne lui servant à financer son offensive militaire contre l’Ukraine.

Le vice-premier ministre russe Alexander Novak, présent dans la capitale autrichienne, « ne voit pas la nécessité pour l’Opep+ de changer de cap », souligne dans une note Barbara Lambrecht, de Commerzbank. Car Moscou ne profiterait guère d’un renchérissement des cours.

Du fait des sanctions occidentales, seul le pétrole russe à un prix égal ou inférieur à 60 dollars peut continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il est interdit pour les entreprises de fournir les services permettant le transport maritime (fret, assurance, etc…).

« En revanche, l’Arabie saoudite a besoin de prix plus élevés pour équilibrer son budget », précise Mme Lambrecht qui évoque un seuil de rentabilité autour des 80 dollars le baril pour Ryad.

En dépit de ces divergences, « les deux principaux producteurs du cartel auront sans doute à coeur de maintenir un front uni pour préserver leur influence », estime-t-elle.

Lors de leur dernier désaccord majeur en mars 2020, la Russie avait refusé de tailler dans sa production pour soutenir des cours tirés vers l’abîme par la pandémie de Covid-19. Le royaume saoudien avait alors inondé le marché de pétrole, plombant durablement les prix.

« L’Arabie saoudite ne veut pas que ce scénario se reproduise, pas plus que la Russie », argue Yousef Alshammari.

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