L’opposition se retire de l’hémicycle en protestation contre le refus du gouvernement d’interagir avec ses interpellations

Crise dans les facultés de médecine et de pharmacie

-Par Jamal Eddine Felhi

Le groupe du Progrès et du Socialisme (PPS) et l’ensemble des députés des partis de l’opposition se sont retirés, lundi 8 juillet, de la séance hebdomadaire des questions orales en signe de protestation contre le refus du gouvernement d’interagir avec leurs questions portant sur la situation dans les facultés de médecine et de pharmacie dont les étudiants mènent une grève depuis 7 (sept) mois.

Les groupes d’opposition, à savoir ceux du PPS, de l’Union Socialistes des Forces Populaires (USFP), du Mouvement Populaire (MP) et du Groupement du Parti Justice et Développement (PJD), affirment qu’ils étaient contraints de se retirer de ladite séance, rappelant avoir transmis au gouvernement, la semaine dernière par l’intermédiaire du bureau de la Chambre des représentants, des demandes pour que soit discutée, lors de la séance de lundi dernier, la question des examens dans les facultés de médecine et de pharmacie. Ils soulignent qu’ils ont été surpris par la réponse négative du gouvernement à ce sujet qui a fait savoir qu’il n’était pas disposé à « interagir avec les demandes » des parlementaires.

Avant leur retrait de l’hémicycle, les présidents des quatre groupes susmentionnés ont dénoncé, par ailleurs, dans leurs interventions respectives, en plus du mépris par le gouvernement de l’institution parlementaire, le silence assourdissant et l’inaction des membres du gouvernement face à la menace d’une année blanche dans les facultés de médecine et de pharmacie.

Pour le président du groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, Rachid Hamouni, le refus de l’exécutif de répondre à la demande des parlementaires de venir débattre d’une « question urgente », à savoir la crise que vivent les facultés de médecine et de pharmacie, « signifie que le gouvernement éprouve un mépris à l’égard du Parlement ».

“Le ministre concerné doit nous informer de la raison de son refus de venir au Parlement pour répondre aux questions des députés. Le sujet n’est-il pas urgent ? Le sujet n’a-t-il pas d’importance pour le ministre concerné ? », a martelé le parlementaire du PPS.

« Aujourd’hui, nous avons une grande et grave crise. Hier, il y avait une grande manifestation de protestation des familles des étudiants en médecine et pharmacie alors que le gouvernement est aux abonnés absents », a ajouté Rachid Hamouni, soulignant que « le gouvernement méprise, aujourd’hui, et le Parlement et les familles des étudiants. Au moins, le ministre aurait dû donner une considération à la correspondance » que lui ont adressée les députés.

De son côté, le président du groupe socialiste (USFP), Abderrahim Chahid, a estimé que le gouvernement a répondu par le mépris à la correspondance de la Chambre, ajoutant qu’au lieu de « donner des réponses aux familles des étudiants, l’exécutif leur envoie un message vide ».

Abondant dans le même sens, les présidents des groupes du Mouvement Populaire, Driss Sentissi, et du PJD, Abdellah Bouanou, ont rappelé que l’objectif des parlementaires étaient de chercher une issue à la crise dans le respect de l’État et des lois en vigueur et de mettre fin à la tension dans les établissements universitaires concernés.

A souligner qu’à la suite à leur retrait, les députés des quatre partis de l’opposition, ont diffusé un communiqué conjoint dans lequel ils expriment leur étonnement que le ministre de l’enseignement supérieur, qui est le premier concerné, affirme ne pas être au courant de la programmation de cette question à l’ordre du jour de la séance du 8 juillet 2024 de la Chambre des représentants.

Ils expliquent, par ailleurs, que leur décision de se retirer de la séance des questions orales a été dictée par leurs positions de principes concernant la place dont l’institution législative doit jouir en tant qu’ « espace de débat public, constructif et responsable, entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, et ce dans le cadre du principe de coopération et d’équilibre comme stipulé dans la Constitution, et conformément aux dispositions du règlement intérieur de la Chambre des représentants ».

Les groupes de l’opposition dénoncent également, dans le même communiqué, le refus, à plusieurs occasions et à maintes reprises, de l’exécutif de donner suite à leurs demandes de débattre de questions urgentes et d’intérêt général. Plus encore, l’opposition fait l’amer constat de la persistance de l’absentéisme des ministres lors des séances de questions orales, relevant que cinq parmi les ministres concernés par les questions des parlementaires étaient absents lors de la séance du 8 juillet.

Par conséquence, les groupes de l’opposition réitèrent leur refus de “malmener” les dispositions constitutionnelles et les exigences du règlement intérieur de la Chambre des députés qui régit la relation entre le Parlement, en particulier l’opposition, et le gouvernement, dans le domaine du contrôle de l’exécutif, soulignant la nécessité de leur permettre d’exercer leurs droits et de jouer pleinement leurs rôles politiques et institutionnels. Ils appellent aussi le gouvernement à respecter les dispositions constitutionnelles et légales, et à interagir avec le Parlement et l’opposition en adoptant un comportement et un discours politiques à même d’élever le niveau de confiance des citoyens en l’institution parlementaire et en la vie politique en général.

Les députés de l’opposition réaffirment qu’elle restera attachée aux dispositions constitutionnelles et légales dans l’exercice de son rôle afin de faire entendre la voix des citoyens dans l’espace institutionnel et pour débattre de leurs préoccupations et formuler des propositions en vue de leur trouver des solutions. Ils soulignent également leur rejet de toutes les méthodes de marginalisation et de dénigrement auxquelles recourt le gouvernement pour couvrir son “incapacité à recourir au dialogue institutionnel d’argument contre argument et d’idée contre idée ».

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