L’UE prête à débloquer des fonds communautaires au profit de la Pologne

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

« Ça y est, on l’a !  Il s’agit d’une véritable montagne d’argent, que nous allons utiliser à bon escient », s’est écrié, ce vendredi, le nouveau premier ministre polonais, Donald Tusk, après qu’en reconnaissance des efforts déployés par son gouvernement pour réaligner le pays sur les principes de l’État de droit, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé, depuis Varsovie, la fin du bras-de-fer qui opposait ladite Commission au précédent gouvernement du parti nationaliste « Droit et Justice » (PiS) du fait des réformes controversées de la justice qu’il menait ainsi que le déblocage prochain de 137 milliards d’Euros provenant des fonds communautaires européens auxquels la Pologne n’avait plus accès du fait de ses manquements à l’Etat de droit.

Pour rappel, si la question de l’Etat de droit était une réelle pomme de discorde entre l’Union européenne et la Pologne depuis qu’en arrivant au pouvoir, en 2015, le PiS avait introduit des réformes qui portaient atteinte à l’indépendance de la justice, à la liberté de la presse ainsi qu’aux droits des personnes LGBT, force est de reconnaître que les relations entre Bruxelles et Varsovie se sont améliorées depuis que Donald Tusk a pris les rênes de l’exécutif polonais.

Aussi, en s’adressant à ce dernier, la présidente de la Commission européenne qui était accompagnée du Premier ministre belge Alexander De Croo, a reconnu que les efforts entrepris par le nouveau chef du gouvernement polonais « sont importants » au vu des « réformes » qu’il a lancées et des « mesures » qu’il a prises « en ce qui concerne l’indépendance des tribunaux » et s’est même dite « impressionnée par les efforts de la Pologne pour restaurer l’état de droit comme la colonne vertébrale de sa société ».

Ursula von der Leyen a saisi cette occasion pour saluer le plan d’action qui a été présenté, cette semaine, par la Pologne, aux Etats-membres et qui vise à rétablir l’indépendance de la justice par le biais d’une refonte des statuts du Conseil national de la magistrature, de la Cour Suprême, du Tribunal constitutionnel et des tribunaux de droit commun mais aussi à séparer les fonctions de ministre de la Justice et de chef du parquet national.

Ainsi, à un peu plus d’une année du prochain scrutin présidentiel, qui aura lieu durant l’été 2025 et dont l’enjeu est de taille, la présidente de la Commission européenne a volé au secours du nouveau Premier ministre polonais, issu, tout comme elle du Parti populaire européen (PPE), conservateur, car la coalition gouvernementale qu’il dirige va éprouver des difficultés à imposer le programme démocratique qu’elle compte mettre en œuvre, au président Andrzej Duda, qui appartient au PiS et qui reste, néanmoins, le seul habilité à signer les lois après que sa formation politique ait été évincée du pouvoir à l’issue des législatives d’Octobre dernier.

Sachant, enfin, que la Pologne devrait, dans une première étape, toucher, très rapidement, près d’un milliard et demi d’euros pour calmer la colère des agriculteurs qui, depuis plusieurs semaines déjà, sont massés à la frontière avec l’Ukraine afin de les aider à faire face à la baisse des prix des matières premières et à moderniser leurs cultures pour pouvoir s’adapter aux normes européennes, attendons pour voir…

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