Stress hydrique, répercussions du Covid-19, conflit russo-ukrainien et resserrements monétaires
Par Kawtar CHAAT (MAP)
Les aléas climatiques, la raréfaction des ressources hydriques, les répercussions du Covid-19, le conflit russo-ukrainien et les resserrements monétaires ont convergé vers des scénarios sombres en termes d’approvisionnement alimentaire. D’où l’importance accrue qu’accordent les gouvernements à la souveraineté alimentaire, laquelle représente, désormais, un élément clé du système agricole marocain.
C’est dans cette logique que s’inscrit le Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), qui revient pour sa 15ème édition, après trois années d’absence, sous le thème : « Génération Green, pour une souveraineté alimentaire durable ».
En effet, la diminution des pluies qu’a connue le Maroc ces trois dernières années a affecté aussi bien les cultures pluviales, que celles qui dépendent de l’eau d’irrigation, les niveaux hydriques des barrages et des réserves ayant considérablement reculé.
Face à de telles circonstances qui guettent la sécurité alimentaire au Maroc, la stratégie « Génération Green 2020-2030 » s’oriente de plus en plus vers des cultures davantage résilientes et éco-responsables, tout en réduisant les espaces destinés aux cultures gourmandes en eau.
Cela dit, si l’intensification agricole est nécessaire pour nourrir une population humaine croissante et de plus en plus exigeante, elle doit toutefois tenir compte des pratiques durables, des liens coûts-avantages ainsi que de la pesée ultérieure des fluctuations mondiales afin de rendre l’agriculture verte à nouveau.
Ainsi, en raison des défis posés par le contexte économique et climatique actuel, les agriculteurs ont de plus en plus besoin de nouvelles alternatives aux méthodes conventionnelles d’exploitation agricole afin de conserver l’eau et maintenir la santé des sols. Encore faut-il développer de nouvelles technologies pour préserver et valoriser les ressources naturelles des différentes régions et mettre à niveau l’efficacité de l’utilisation des intrants.
Dans ce sens, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, avait souligné, lors de de l’ouverture de la 3ème édition des « Agro IT Days », que la digitalisation fait partie des chantiers transverses de la stratégie « Génération Green » et vise à permettre à l’agriculture marocaine d’être résiliente, compétitive, innovante et attractive, précisant que l’objectif du chantier de digitalisation est de connecter 2 millions d’agriculteurs et d’usagers à des e-services agricoles à horizon 2030.
Outre la formation des professionnels, la transformation digitale du secteur agricole permettra d’offrir aux agriculteurs un accès en temps réel à des données sur les conditions environnementales et des machines utilisées, ce qui pourrait renforcer les capacités de production agricole et d’adaptation aux changements.
Toutefois, si la numérisation du système agro-alimentaire est capable d’améliorer l’efficacité, la transparence, la rentabilité et l’équité, il existe des obstacles majeurs à l’adoption des solutions numériques dans le secteur agricole, dont la couverture internet, la formation des compétences numériques, l’alphabétisation dans le monde rural, la confiance et la sécurité digitale.
Aujourd’hui plus que jamais, le secteur agricole marocain a besoin de cultures qui font preuve de résilience face aux fluctuations futures, de pratiques durables en matière de fertilisation, de protection des cultures et stockage, d’une agronomie capable de faire face à la diversité des compromis entre les différentes parties prenantes.