Mario Soares, le père de la démocratie portugaise, n’est plus…

Après une hospitalisation qui aura duré près d’un mois, Mario Soares l’ancien président et père de la démocratie portugaise qu’il avait fondée après cette « révolution des œillets » qui mit fin en 1974 à la dictature Salazariste, s’est éteint, dans une clinique de Lisbonne, ce samedi 7 Janvier 2017 à l’âge de 92 ans, des  suites d’une encéphalite dont il aurait été victime en 2013 diront ses proches.

Mario Soares avait fait ses premiers pas en politique en 1945 lorsqu’en devenant le principal responsable d’une organisation de la jeunesse du Parti Communiste Portugais avec lequel il prendra ses distances en 1951, il se verra contraint de faire une douzaine d’aller-retour dans les geôles du régime de Salazar.

En 1964, il crée l’Action Socialiste Portugaise ; ce qui lui vaudra, en Mars 1968, une déportation à Sao Tomé et Principe pour ses prises de positions condamnant la politique coloniale du régime. Gracié, il constituera en Avril 1973, en Allemagne, le Parti Socialiste Portugais et sera reçu dans son pays natal par une foule en liesse quatre jours après le déclenchement le 25 Avril 1974 de ce qui deviendra pour l’Histoire la «Révolution des œillets».

Le 29 Avril, il se rendra lui-même à l’aéroport pour accueillir un autre dirigeant portugais de retour d’exil, Alvaro Cunhal le numéro un du Parti Communiste portugais.

Il sera alors appelé à s’occuper de l’indépendance des colonies au sein du gouvernement provisoire de la junte militaire avec rang de Ministre des Affaires Etrangères.

Une année plus tard, Mario Soares sortira victorieux des élections organisées dans le cadre de la mise en place d’une Assemblée Constituante lorsqu’en opposant sa «légitimité électorale» à celle dite «révolutionnaire»  préconisée par le Parti Communiste, il écartera ce dernier du gouvernement.

Lorsqu’en Avril 1976, son parti remportera les élections législatives, Mario Soares dirigera jusqu’en 1978 le premier gouvernement constitutionnel du pays après la fin d’une dictature qui aura débuté en 1926. Réélu en 1983 en tant que Chef du Gouvernement, il négociera l’adhésion du Portugal à l’Union Européenne, dénommée alors Communauté Economique Européenne.

Mario Soares a été élu Président de la République en 1986 puis réélu triomphalement et sans surprise en 1991 avant de devenir, en 1996, député au Parlement Européen.

Artisan de l’adhésion du Portugal à l’Union Européenne, il dénoncera, durant la campagne présidentielle de 2006 à l’issue de laquelle il sera écarté du pouvoir, l’absence totale, au sein de cette instance, de toute solidarité.

Resté, toutefois, présent dans le débat public malgré son grand âge, il reprochera aux grands pays européens d’avoir «oublié le projet des pères fondateurs» et de s’être laissés guider par un « capitalisme sauvage » et, au gouvernement portugais, la politique d’austérité budgétaire mise en œuvre entre 2011 et 2014 par le gouvernement de centre-droit sous la double-pression de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International.

Regrettant la disparition d’un «combattant de la liberté», le Président du Portugal Marcelo Rebelo de Sousa a décrété un deuil national de trois jours.

Nabil El Bousaadi

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