JO-2020 – Athlétisme
Au terme d’un nouveau duel épique, l’Américaine Sydney McLaughlin a pulvérisé son propre record du monde du 400 m haies pour décrocher son premier titre olympique mercredi à Tokyo, alors que Kevin Mayer, touché au dos, est en grande souffrance au décathlon.
En 51 sec 46 d’une nouvelle course splendide, McLaughlin a ridiculisé ses 51 sec 90 réussis fin juin devant sa grande rivale et compatriote Dalilah Muhammad (51 sec 58), elle aussi largement sous l’ancien record, et la Néerlandaise Femke Bol (52 sec 03), 3e performeuse de l’histoire.
Le tout au lendemain de l’exploit du Norvégien Karsten Warholm sur la même distance.
C’est le 3e record du monde de ces Jeux olympiques en athlétisme après la Vénézuélienne Yulimar Rojas au triple saut (15,67 m) et Warholm sur 400 m haies (45 sec 94).
Pendant ce temps, le clan français tremble alors que le détenteur du record du monde du décathlon Kevin Mayer a avoué, en larmes, avoir le « dos bloqué ». Après trois épreuves (4e à 304 points de la tête), il semble déjà distancé pour l’or.
« J’ai très peu de sensations, de plaisir, mais je crois que je peux aller chercher une médaille même comme ça », a-t-il estimé.
Bob Kersee, l’expérimenté entraîneur de McLaughlin à l’université de Californie (UCLA), aime sautiller autour de la piste en convoquant les grands combats de boxe, comme le « Thrilla in Manila » de Mohamed Ali contre Joe Frazier en 1975. Il avait trouvé « The Queen of Eugene » pour le record du monde en juin de McLaughlin dans l’Oregon. On lui suggère désormais « The Hero of Tokyo ».
Comme sur un ring, McLaughlin et Muhammad se rendent coup pour coup depuis deux ans et ont fini par faire passer leur discipline dans une autre dimension, un miroir parfait du duel Warholm-Benjamin et leurs chronos délirants de la veille au Japon.
L’ancien record de la Russe Yulia Pechonkina (52.34 en 2003) avait tenu 16 ans jusqu’à ce que les deux phénomènes s’approprient la distance. Muhammad (31 ans) avait couru en 52 sec 20 en juillet 2019, avant de dominer sa cadette lors de l’une des plus belles courses des Mondiaux de Doha en octobre 2019, en 52 sec 16 contre 52 sec 23.
En un peu plus d’un mois, McLaughlin vient de se venger en lui dérobant le record du monde et le titre olympique (Muhammad avait gagné à Rio), mais a immédiatement enlacé sa rivale après la course mercredi. Une consécration attendue pour l’un des plus purs talents de l’athlétisme.
La native de New Brunswick (New Jersey) était déjà championne du monde cadette en 2015 à 15 ans face à des adversaires deux ans plus âgées, avant de progresser de façon constante.
Trois jours avant de fêter ses 22 ans, « GoSydGo » (son pseudo sur les réseaux sociaux) a vu Muhammad partir comme une balle mais a rattrapé son retard, haie après haie, pour forcer la décision dans les 40 derniers mètres.
Dans l’étouffant stade olympique (environ 33 degrés et 60% d’humidité), les chronos n’en finissent plus de prendre des coups de chaud sur les courses allant du 100 au 800 m.
Un boom de performance sûrement dû à l’apparition depuis plusieurs mois de chaussures « nouvelles génération » sur les courtes distances, dans la foulée de ce qui est arrivé en demi-fond depuis deux ans et sur la route depuis cinq ans, et parfaitement exploitées par des athlètes au sommet de leur forme pour l’évènement de leur vie.
Égérie de son équipementier et volontiers adepte des shootings photos, Sydney McLaughlin semble prête à la gloire. Elle côtoie déjà la grande histoire de son sport au quotidien, à l’entraînement avec Allyson Felix, figure sportive légendaire (neuf médailles olympiques) et fer de lance de la reconnaissance des sportives devenues mamans.
Felix est attendue en demi-finale du 400 m dans la soirée.