Exposition
Mohamed Nait Youssef
Poétique, lumineuse, sensible telles sont les œuvres récentes de l’artiste peintre Monia Touiss qui seront accrochées sur les murs de la galerie de l’institut français de Rabat du 16 février au 17 mars 2022. Placée sous le thème «Echo», l’exposition, dont le vernissage aura lieu le mardi 15 février à 18h30, donne à voir un univers plastique et pictural où l’artiste, avec une maîtrise picturale, continue d’explorer un territoire vaste où les visages, les portraits, les figures sont mêlés avec les lumières, les mouvements et la matière. «Au cours d’une récente exposition à la Casa Arabe de Madrid, Monia Touiss a réinscrit des fantômes de formes dans son canevas abstrait, où transparaissaient, à peine suggérées, portes cochères, arcades, perspectives des ruelles de la médina où elle promenait son enfance. Elle reprit ensuite, qu’elle continue aujourd’hui encore d’explorer, tout un champ de portraits dans lesquels les visages se fondent avec la lumière, dans un fond sans fond, sous ces voiles dont se protègent les jeunes vierges et ceux des belles épousées, des portraits totems ou des portraits de cour, de ceux dont on orne les galeries infinies et sombres des châteaux, portraits d’ancêtres dont personne ne se souvient et d’amantes tant désirées et choyées, ciselées dans la même anonymité que celle mise à nu par un Giacometti amoureux. Des lèvres vermillon, un regard noir, l’auburn de cheveux retenus en chignon, un foulard jaune, une étole de crêpe, un vertige bleu et un soupir ocre, quand l’attente rosit : ces femmes sont là, sous le pinceau de la peintre, parce qu’elles sont le monde et ses envers. », écrivait Philippe Guiguet Bologne, écrivain et critique d’art, sur les œuvres de Monia Touiss. Par le biais des couleurs chaudes ou encore vives, l’artiste travaille minutieusement sur l’espace pour interroger autrement et artistiquement ce monde et l’homme qui l’habite. Derrière une toile, un visage qui nous parle, des détails qui interrogent et seule la palette de couleurs et de mouvements ont cette capacité de révéler le côté mystérieux de l’œuvre.
«Monia Touiss procède à une forme de dissolution de l’espace, comme un aboutissement du processus enclenché par Nicolas de Staël. Où la figure est là, cachée par le mouvement et par la matière, mais qui résiste encore sous la mince couche d’huile ou d‘acrylique. Outre les grands formats qui constituent son caractère remarquable, cet art est cela avant tout : une représentation du monde à la dimension du cosmos. De cette nébuleuse qu’elle représente et qu’elle contient, l’œuvre introduit une nouvelle dualité. Voilà une peinture minérale qui rappelle une tranche d’onyx ou l’intérieur d’une géode, une coulée de lave et un mouvement magmatique originel, le froid et la distance de cette nuit qui règne dans les mondes intersidéraux, où seul prévaut le vide absolu. », poursuit Philippe Guiguet Bologne.
Et d’ajouter : «Monia Touiss est aussi pure peinture, une essence de la peinture, de la même façon qu’elle est pure spatialité, une conquête de l’espace. Un envahissement de ce qui reste de l’espace quand tout en a été défait et qu’il ne demeure que le pigment, comme une poussière interstellaire, voilà ce qui nous entoure, nous enveloppe et nous interpelle. Monia Touiss peint une œuvre contextuelle, à hauteur de l’être humain, dans laquelle l’homme peut encore entrer.»
Les paysages méditerranéens sont présents dans ses peintures, ses préoccupations humaines aussi. Sur la toile, elle peint son regard porté sur l’humain dépassant les frontières. Tout y est dans les visages, dans les lumières adressant à l’essence humaine et aspirant à une altérité à venir.
« Monia Touiss peint une œuvre contextuelle, à hauteur de l’être humain, dans laquelle l’homme peut encore entrer. Une œuvre à sa taille, qu’il peut habiter. Ce que l’on appelle une vacance, une forme d’hospitalité, une disponibilité, mais également une certaine poésie et plus encore, une spiritualité, telle qu’elle demeure pensée ailleurs qu’en Occident.», conclut Philippe Guiguet Bologne.
Monia Touiss a vu le jour à Tétouan en 1971. Elle vit entre le Maroc et l’Espagne.