Nareva: Un nouveau dirigeant, de nouvelles ambitions

Fin août dernier, la nouvelle en a surpris plus d’un. Said El Hadi, qui s’était fait très discret depuis son départ de TMSA en 2012, est revenu par la grande porte grâce à sa nomination à la tête de Nareva. Alors que depuis sa création Nareva avait été dirigée par un seul et même homme, issue du monde de l’énergie, voilà que les rênes du premier électricien indépendant sont confiées à un technicien de haut volqui a fait l’essentiel de sa carrière dans le portuaire.

La confirmation de cet ingénieur diplômé de Paris Techs’est faite ce vendredi 25 août par le Conseil de surveillance de Nareva. Depuis plusieurs mois Nareva, premier producteur indépendant africain d’électricité, était dirigée par intérim par Ayman Taud en remplacement de l’emblématique Ahmed Nakkouch qui avait fait valoir son départ à la retraite début 2017.Cette filiale de la SNI, une des moins connues du grand public, est une référence voire cas d’école en matière de gestion d’entreprise. Créée en 2005, dans un secteur porteur et nouveau pour la SNI, elle s’est petit à petit fait un nom sur la scène nationale mais aussi internationale. Dès le début de l’aventure, c’est un homme qui a fait l’essentiel de sa carrière dans l’électricité dont il a pris les commandes. Ahmed Nakkouch a occupé plusieurs postes de grandes responsabilités, notamment en tant que directeur général de l’Office national de l’électricité (ONE) de 2001 à 2006.

«L’équipe alors sans expérience probante dans le secteur, bien que constituée de hautes compétences, fonctionne alors en mode start-up entre découragements et durs labeurs, car entre le moment où l’entreprise est constituée et la concrétisation des différents projets, ils se passent près de 7 ans », confie une source non autorisée. Si depuis Nareva a enchainé les grands projets et est devenu un opérateur de classe mondiale, il n’en reste pas moins que ce changement de dirigeant ne sera pas sans impacter la culture d’entreprise et le fonctionnement de Nareva. Said El Hadi,qui depuis son départ en 2012 de TMSA avait lancé son cabinet Aesis Advisory spécialisé dans le conseil aux investisseurs, prêteurs et acteurs dans l’Industrie et l’Infrastructure (Montage et gestion de projets, contrats PPP, Business Development, croissance externe, restructurations), est-il arrivé au bon moment pour Nareva ? Said El hadi, est-il «the right man, at the right place»?

Nareva, doucement mais sûrement

Pour devenir un opérateur de classe mondiale, Nareva Holding a établi plusieurs partenariats avec des opérateurs internationaux, débouchant sur un transfert de compétences et de savoir-faire vers la jeune équipe du groupe. Ces joint-ventures ont permis à Nareva de remporter plusieurs appels d’offres.

Les premières grandes réalisations de Nareva Holding ont été faites dans l’éolien, secteur dans lequel le groupe est leader sur le marché marocain et africain. Lancé en 2006, les tout premier kWh de Nareva Holding ont été produits en 2011. Deux années plus tard, avec ses trois parcs éoliens d’Akhfennir, Foum El Oued et Haouma pour une capacité combinée de 200 MW, Nareva Holding est couronné à l’international. En effet, Nareva Holding a décroché le premier prix « The Golden Award » de l’édition 2012-2013 de « The Emirates EnergyAward » dans la catégorie « Grands projets ». Ce prix est venu récompenser le développement du premier portefeuille éolien dans le cadre de la libéralisation de la production et la commercialisation de l’électricité produite à partir des énergies renouvelables au Maroc.Ce prix récompense des projets innovants réalisés dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique dans la région Moyen-Orient et Afrique.

Au fil de ses succès, Nareva Holding s’est forgé la réputation d’aller jusqu’au bout de chacun des projetsdéveloppés durant toutes ces années, en les réalisant dans les délais et sans dépassement de budget.

En à peine 8 années d’existence, Nareva Holding s’est constitué, plus rapidement que de nombreux groupes internationaux, une expérience et une expertise reconnue à l’échelle internationale.

La carte des parcs de Nareva Holding s’étend du Nord au Sud du Maroc. Fort de l’expérience acquise au Maroc, Nareva Holding s’est donné pour ambition de se développer en dehors des frontières du Maroc.Entre 2013 et 2015, avec les adjudications du parc éolien de Tarfaya et de la centrale à charbon propre de Safi, Nareva Holding change de stature et se positionne comme un acteur continental, sollicité par l’ensemble des opérateurs internationaux pour développer des projets au Maroc et sur le reste du continent.

En Afrique subsaharienne, Nareva Holding développe une stratégie structurée axée autour de 6 pays cibles dont le Sénégal et la Côte d’Ivoire, et basée sur une vision simple : l’Afrique a droit à une énergie sécurisée, abordable et compétitive qui lui permette de se développer.

D’ailleurs, dans sa dernière sortie médiatique, Hassan Ouriagli, le PDG de la SNI, avait expliqué que la stratégie du holding royal est de participer au projet d’électrification en Afrique, dont l’objectif annoncé est d’installer 5.000 à 6.000 MW en énergie propre avant 2025. Hassan Ouriagli rappelait dans ce sens le partenariat qui existe entre Nareva et Engie « pour investir ensemble dans les énergies propres en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne ». « Nous avons un certain nombre de projets communs en cours d’évaluation », confiait-il à la presse au mois de mars dernier. La vision stratégique de Nareva est donnée, et c’est désormais à SaidElHadi de la concrétiser.

Un homme de terrain

Voilà ce qu’on pouvait lire sur le communiqué de presse annonçant la nomination de Saïd El Hadi et qui a été relayé par l’ensemble des médias. « Il dispose d’une longue expérience dans le secteur des industries sidérurgiques et a porté le projet du complexe portuaire de Tanger Med pendant près de neuf ans de 2003 à 2012 ». En effet, diplômé de l’Ecole des Ponts et Chaussées (Paris) et d’un MBA de la même Ecole, Saïd EL HADI commence par effectuer des stages de longue durée au sein d’entreprises multinationales telles que Total CFP (Paris), Takenaka, Komuten (Tokyo). A son retour au Maroc, il intègre l’Office d’exploitation des Ports où il occupe successivement et pendant près de cinq années les fonctions de chef de la division études à la direction du développement et de directeur du port de Jorf Lasfar. Il prend la direction de Longométal, société spécialisée dans la distribution de produits sidérurgiques et des équipements et matériaux de construction avec un chiffre d’affaire de 300 millions de dirhams, le 1 er janvier 1996. «La volonté des actionnaires est de hisser Longométal parmi les filiales les plus rentables de la SNI », précisait Saïd El Hadi lui-même au moment de sa prise de fonction.C’est dire si entre lui et la SNI, c’était déjà une histoire de confiance.

Parallèlement, il a même été chargé, auprès de la SNI, du dossier de privatisation de la Sonasid qu’il intègre en 1998 en tant que Directeur Général Adjoint en charge du Développement et des fonctions «siège». En Mars 2001, il est nommé Directeur Général de l’entreprise et de ses filiales Longométal Industries et du projet en cours à l’époque de Jorf Lasfar.

Mais il est clair que son coup d’éclat, il le réalisera à la tête de TMSA –Agence Spéciale Tanger Med-, dont il a été d’abord président du directoire puis président du Conseil de surveillance de 2010 à 2012. De 2003 jusqu’à 2010, il a supervisé le moindre détail de ce projet titanesque.Simplement des difficultés commencent à apparaître à coup de grèves et de lenteurs administratives, et Tanger Med voit sa compétitivité et son développement quelque peu bousculé au niveau de la région. Certains choix du président du directoire sont alors pointés du doigt, notamment sa course à la rentabilité qui a fait entrer TMSA dans une ingénierie financière compliquée. En juin 2010, Said El Hadi devient alors président du conseil de surveillance de TMSA, organe qui assure le pilotage stratégique du complexe portuaire. « Très bon opérationnel, El Hadi n’a jamais pu couper le cordon ombilical avec le port dont il aura supervisé tous les détails pendant 7 ans. Il a gardé son costume d’homme de terrain et n’a pas pris de la hauteur avec les missions qu’on lui a confiées. C’est comme un père qui trouve toujours que son fils ne fait pas les choses comme lui les ferait », témoignait un ancien haut cadre de TMSA dans une enquête du mensuel Economie & Entreprises qui avait fait grand bruit à l’époque. Selon la même enquête, sa nomination en tant Président du conseil de surveillance était un prélude à sa nomination en tant que Conseiller royal à la place de son mentor Belfqih, si ce n’est le renversement de la situation…

Malgré son départ de TMSA, tout le monde reconnaît à Said El Hadi l’énergie qu’il met dans l’accélération de la concrétisation des projets qui lui sont confiés. D’ailleurs, si l’on lit bien entre les lignes du communiqué annonçant sa nomination, cela ets clairement mentionné
« Dans ses nouvelles fonctions, il aura la charge d’accélérer le rythme de croissance de la filiale énergétique de la SNI,…». Faut-il pour autant y voir la principale raison quant à son retour en grâce su la place ?  La SNI trouverait-elle que sa filiale énergétique n’est pas suffisamment vigoureuse quant au rythme de développement de ses activités?

Car au-delà de développer le marché africain, principal relais de croissance de la filiale énergétique à l’international, Nareva souhaite développer de nouvelles activités. Certes l’opérateur est un acteur phare dans la stratégie énergétique du pays qui a pour but de porter à 52% la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays à l’horizon 2030, mais le groupe se positionne désormais comme un acteur de la transition énergétique, un opérateur multi-technologie et multi-combustible et se définit comme « un militant d’un mix énergétique sobre en carbone ». Autrement dit, Nareva ne souhaite pas uniquement être le leader dans l’éolien, mais veut également sa part du gâteau dans le solaire, l’hydraulique, le gaz et le charbon, sans oublier le développement de l’offre de service dans l’efficacité énergétique!

Soumayya Douieb

Bio Express

2017 PDG de Nareva

2012 Associé Gérant de AesisAdvisory

2010 Président du Conseil de Surveillance de TMSA

2003 Président du directoire TMSA

2001 DG de Sonasid

1998 DGA de Sonasid

1996 DG de Longométal Afrique

1993 Directeur du Port de JorfLasfar

1991 Responsable des Etudes ODEP

1990 Ecole des Ponts ParisTech

Chiffres clés de Nareva

  • Capacité de production*: ̴ 3050 MW
  • Production annuelle : 16,5 milliards de kWh
  • Investissement total : 5,4 milliards $
  • Capital Humain : 800
  • Date de création : 2005

*à horizon 2020

Carte : les réalisations de Nareva

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