Oraison tamisée

Samira Aït El Maalam

Saoudi El Amalki

Samira Aït El Maalam, artiste de talent vient d’esquisser l’ultime coup de pinceau sur son nouveau chef d’œuvre. Toujours égale à elle-même, elle propose une toile à tenir en haleine tout amateur de l’art platonique où se mêlent dans l’harmonie, le frottement des couleurs et l’assaut du mouvement.

Fidèle à son style lyrique, elle convie à l’escapade voluptueuse vers l’univers de la congratulation de l’osmose. A contempler cette évasion onctueuse, on a plutôt l’impression de se faire supplanter par cette extase délectable qui s’exerce sur le champ visuel ambiant. Cette prise à bras le corps, amoureusement teintée de magnificences, s’enlace à partager des moments sensuels, enveloppés dans les draps blancs de la chasteté.

Le ruissellement bleuâtre du piédestal qui inonde ce déferlement de béatitude feutrée, se meut tel le diaphragme où s’abreuve le fœtus en gestation. Samira se dote d’une force d’imagination ingénieuse de la germination fœtale qui enfante non sans douleur, l’espèce humaine dans l’état brut.

Cette virtuosité féconde dont fait preuve la plasticienne, se distingue dans la cohésion des ingrédients transposés avec grâce et majesté, sans nullement tomber dans la cacophonie visuelle ni la redondance messagère. Cette approche méticuleuse, on la trouve également chez les grands impressionnistes qui ont émergé, durant l’ère de la renaissance, à travers la sacralité de la virginité du corps et de l’authenticité de la nature.

Tout en gardant le penchant abstrait qui trône dans ses révélations pensives, encastrés de figuratif voilé, elle bascule en toute conscience, dans l’impressionnisme lubrifiant, sans pour autant, verser dans la conflictualité béate. Samira semble bien sentir à pleins poumons et qu’elle a envie de transcrire dans ses œuvres. Et toutes les formes qui mènent à ce désir ardent qui la hante dans ses entrailles, lui sont permises, sans obstruction ni rejet.

De Vincent Van Gogh, peintre néerlandais naturaliste, ne cessait de dire : «Il faut commencer par éprouver ce qu’on veut exprimer !». Samira ne se satisfait jamais de ce qu’elle réalise comme trouvailles artistiques. Dès qu’elle se félicite pour une œuvre, après avoir enduré la souffrance de l’accouchement, telle une mère qui met au monde sa progéniture, elle est déjà projetée sur la suivante.

Une passion à la fois douloureuse, harassante, mais combien caressante, une fois le tableau achevé ! En guise de conclusion, je me permets de demander à cette artiste magistrale qui ne cesse de se faire apprécier, d’intituler son nouvel enfant artistique de : «Oraison tamisée».

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