P.O: a création de deux Etats renvoyée aux calendes grecques?

Lundi dernier,  6 Février 2017, l’extrême-droite israélienne, majoritaire à la Knesset, a adopté une loi légalisant  la construction de quelques 3500 logements illégalement édifiés par des colons juifs sur des terrains appartenant à des Palestiniens.

Cette loi en vertu de laquelle ce qui avait été initialement entrepris, de manière abusive car sans aucune autorisation, sur une propriété d’autrui devient légal prévoit, dans le cadre de cette «légalisation», l’octroi d’une compensation financière au palestinien injustement dépossédé de son bien. Par l’adoption d’une telle mesure qui, au regard du droit israélien, légalise les colonies pour leur épargner, à l’avenir, toute démolition à la suite d’une éventuelle décision de justice, le Gouvernement israélien accomplit un nouveau pas vers l’annexion, au moins à hauteur de 60%, de la Cisjordanie et écarte, du même coup, l’idée même de la création de ce futur Etat palestinien que la communauté internationale appelle de tous ses vœux mais qui ne relève plus, désormais, que de ce que la chanson appelle «des mots, toujours des mots…».

Mais si les colons sont représentés et défendus à la fois par une grande partie des membres du Likoud de Benjamin Netanyahou et par ceux du parti «Foyer Juif» qui sont contre toute idée de création d’un Etat Palestinien, il convient de signaler, au passage, que deux ONG ; à savoir Adalah et le Centre d’Aide légale et des droits de l’Homme de Jérusalem ont, en revanche, immédiatement saisi la Haute Cour de Justice pour l’abrogation de cette loi qui légalise l’occupation ; une Cour de Justice pressée par une droite nationaliste et religieuse voulant une rapide annexion de la Cisjordanie ou tout au moins de sa zone C correspondant à 60% de ce territoire.

Il convient de signaler, néanmoins, qu’en réponse à une telle démarche, le Procureur général – fait rarissime – a opposé une fin de non-recevoir aux doléances des colons et déclaré ouvertement son refus de prendre la défense du Gouvernement au motif qu’une telle loi pourrait ouvrir la porte à l’engagement, par la justice internationale, de poursuites contre des responsables politiques et militaires israéliens.

Et si ce projet de loi vise à compenser le lobby des colons suite à l’évacuation fortement contestée de la célèbre colonie d’Amona en légalisant des implantations qui étaient illégales tant au yeux que la loi israélienne qu’à ceux de la communauté internationale, il n’en demeure pas moins vrai qu’il a donné lieu à un bras-de-fer entre les pouvoirs exécutif et législatif d’une part et le pouvoir judiciaire d’autre part et contribué à compromettre et à éloigner, jour après jour, toute idée de création d’un Etat Palestinien viable aux cotés de l’Etat d’Israël.

 Nabil El Bousaadi

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