Philippe Poutou dans un clip de The Hyènes, Christiane Taubira parolière pour Gaël Faye, Dombrance qui malaxe en électro les noms de ces personnalités, et même Joe Biden: musiques et politiques peuvent s’accorder.
Des quasi-instrumentaux, boucles hypnotiques et dansantes, avec pour seules paroles le prénom et le nom d’une figure politique: Dombrance fait de ce concept fou son répertoire.
Le quadragénaire moustachu a ainsi composé autour de Poutou, Taubira, François Fillon ou encore Jean-Pierre Raffarin. Mais il s’est aussi attaqué au président mexicain AMLO (Andres Manuel Lopez Obrador) et vient de sortir un mini-album, « Make America dance again », dédié aux USA, avec Biden, Donald Trump ou Barack Obama.Une musique universelle.
Le Français s’est ainsi retrouvé, avant la pandémie, dans « un club blindé à Bogota à balancer des sons avec +Poutou, Poutou+ », comme il s’en réjouit auprès de l’AFP. Et son morceau « AMLO » a fait l’objet de sujets à la télé mexicaine. Un label allemand lui avait même demandé « un morceau sur Jack Lang pour l’anniversaire de la Techno Parade (rires) », projet finalement avorté, mais qui a débouché sur la « fresque Obama/Trump », avec des ambiances « de Copacabana à l’Etoile Noire » sur son dernier opus.
Comment tout cela a-t-il commencé ? « Un jour, je le jure, j’ai entendu le synthé faire +François Fillon+, j’ai fait une petite vidéo sur ce son techno pour faire rire mes potes, et j’ai eu comme une épiphanie: je peux me planquer derrière des machines, m’exprimer, mettre au premier plan la musique, que les gens s’approprient ».
Son oeuvre alterne entre le « terrain de jeu », comme quand il s’amuse avec Raffarin ou Isabelle Balkany, et le « terrain d’expression ». Le morceau sur Christiane Taubira a ainsi un côté grave et mélancolique: « J’ai mal vécu tout ce qui s’est passé pour elle au moment du mariage pour tous, ça m’a beaucoup choqué les attaques qu’elle a subies en tant que femme, noire, politicienne qui défendait ce projet ».
« Taubira est dans l’écriture », salue-t-il encore. Ce qui n’avait pas échappé non plus à Gaël Faye, qui met en musique un de ses textes (« Seuls et vaincus ») pour son dernier album « Lundi méchant ». Assis à côté d’elle dans un cinéma –un film de Raoul Peck, « Le jeune Karl Marx » –, Faye lui avait demandé si elle continuait « d’écrire des poèmes, (pour) en mettre en musique ». « Elle m’en a envoyé trois-quatre, j’ai accroché sur celui-là », s’est-il souvenu pour l’AFP.
L’autre incursion marquante dans le paysage musical de ces derniers mois, c’est celle de Philippe Poutou, dans le clip « Bègles » du groupe The Hyènes. « Ca ne m’a pas vraiment étonné, j’aurais rêvé de faire un clip avec Poutou, mais je n’ai pas osé », confie Dombrance.
The Hyènes, où figure Denis Barthe (batteur, ex-Noir Désir), a franchi le pas. « On avait participé à deux concerts de soutien aux ouvriers de Ford à Blanquefort (Gironde) et du coup, avec Philippe (Poutou), on a vécu des moments forts », raconte Barthe à l’AFP.
« Pour le clip de +Bègles+ (commune de Gironde), chanson du quotidien d’un ouvrier arrivé à moment clé de sa vie, on s’est dit +forcément, c’est pour Philippe !+ (rires). Il a dit +le morceau me plaît, je n’ai jamais fait ça, je vous fais confiance+ ».
Le candidat aux présidentielles de 2012 et 2017 (NPA) est à l’aise dans ce petit film qui multiplie les clins d’oeil. On y voit ainsi un tract avec la date du 30 février: « On va bien nous inventer une année de 400 jours pour trouver des journées de boulot en plus », ironise Barthe. Dans un dernier plan, onirique, Philippe Poutou gravit une dune à Biscarosse (Landes), dans un smoking, une autre première pour lui.