Les difficultés d’orientation stratégique et de financement rongent les chaines du pôle audiovisuel public depuis biens des années. C’est la vérité crue assénée par la Cour des Comptes à la SNRT et à 2M, dans la section dédiée au Paysage audiovisuel marocain du Rapport annuel de l’Institution.
Un secret de polichinelle, cette fois prouvé en chiffres par les juges de Driss Jettou. Le Rapport publié le 24 avril dernier pointe du doigt la grande dépendance de la SNRT aux financements et aux subventions étatiques. On découvre que cette dernière s’est accaparée 88% du montant du soutien financier public octroyé entre 2006 et 2015… Cequi en revient à quelques 10,5 milliards de dirhams. Ces recettes faramineuses ont peut-être contribué à la «dépendance accrue» de la SNRT aux subventions de l’état, la publicité ne constituant qu’une maigre partie des rentrées de celle-ci (10% en 2014). Faute de pouvoir innover et de trouver des solutions de financement alternatif, La SNRT souffre de difficultés liées à son modèle économique, ce qui impacte négativement ses performances», souligne la Cour. Ainsi ses difficultés financières se manifestent par la baisse de son Chiffre d’affaires (CA), le recours quasi structurel aux découverts bancaires et l’importance des postes de créances et de dettes. Son CA est en constante régression depuis 2010, au point qu’il «ne couvre même pas ses charges d’exploitation».
Au volet des contrats programmes (CP de 2006 – 2008 et 2009 – 2011), le Rapport reproche à la SNRT d’avoir failli à tenir certains engagements. Non-respect du rapport du Comité de suivi, et non ajustement de la situation des ressources et des charges de la société, prévisions budgétaires non fiables, et réalisation partielle de certains engagements. Le rapport ne s’arrête pas là : il pointe également une absence de comptabilité analytique, un retard dans la création de la chaine parlementaire et de la chaine dédiée à la famille et à l’enfant, une dynamique en veilleuse pour les CP depuis 2012, etc.
Pour sa part, Soread 2M est en état de déficit structurel depuis près 10 ans. Sa situation est jugée «préoccupante». La SOREAD ne réalise que des résultats net d’exploitation négatifs depuis 2008, du fait que son CA n’arrive pas à absorber ses charges et du fait d’un résultat financier déficitaire. Le fonds de roulement de la société est structurellement déficitaire, donnant lieu à une trésorerie négative depuis 2008. S’y rajoute la vétusté des équipements,dont une bonne partie est acquise depuis plus de 12 ans en moyenne. Au volet du seul CP signé avec l’Etat en 2012, la Cour note que certaines obligations de la SOREAD n’ont pas été réalisées, comme la partie qui concerne les investissements (réalisée à hauteur de 52,3% seulement), ou encore celle de la suppression de l’escompte octroyé par la régie publicitaire de SOREAD, non prise en compte par cette dernière…
Iliasse El Mesnaoui
