Réplique : Sur la voie africaine tracée par le souverain

Le cinéma, un autre atout marocain

Semaine faste vécue sous le signe de l’Afrique avec ses couleurs, ses ambiances, ses émotions. Des moments qui sont venus mettre de l’animation, de la chaleur humaine dans ces mornes et froides journées d’hiver. D’un côté le périple continental du Souverain et son point d’orgue, le discours historique à Addis Abeba (et ses larmes Royales) et de l’autre une belle édition gabonaise de la Can…qui a vu entre autres la résurgence de notre équipe nationale sur de bases, nouvelles et prometteuses.

Cette atmosphère africaine s’inscrit dans une logique naturelle et constitue le prolongement d’une continuité historique. Les aléas de la conjoncture politique n’ont entamé en rien ce qui relève de l’ADN de notre Nation. L’intelligence du discours royal réside justement dans la restitution de cette donne intangible ; c’est aussi d’avoir trouvé les mots, l’intonation pour le dire. Une brillante rhétorique qui a transcendé la seule dimension diplomatique (froide et calculatrice).

En se référant à l’image du retour du fils parmi les siens, Mohammed VI s’est adressé, au-delà du contexte institutionnel, à l’Afrique profonde, celle du village accueillant et hospitalier. On ne peut rester indifférent ou insensible à une telle éloquence puisée dans les figures ancestrales de la culture de l’Afrique authentique. Il me semble que cette séquence constitue le climat d’un projet, d’une démarche issue d’une vision tangible chez le souverain depuis les premiers jours de son règne.

Une vision panafricaine qui se nourrit de l’histoire et qui va de Feu Mohammed V pour remonter loin dans notre mémoire collective. En quelque sorte Mohammed VI se situe dans la continuité de l’un de ses illustres prédécesseurs, Almansour Eddahbi ; lui aussi il mérite le qualificatif «d’Almansour», le triomphateur qui vole de victoire en victoire, d’une capitale à l’autre.

Comme il peut être qualifié «d’Eddahbi», le doré… il rapporte en effet de ses périples non pas l’éclat somme toute éphémère du métal jaune mais bel et bien l’amour et l’affection des populations et du peuple d’en bas. Car, leur sixième sens leur a fait saisir et sentir sa modestie, sa générosité et son attachement sincère à la prospérité de l’Afrique et à la dignité des Africains.

Sur cette voie royale, les politiques et autres diplomates peuvent bâtir ; surtout faire preuve d’initiatives et d’imagination.  L’économique; le social; le matériel et l’immatériel; le culturel et le spirituel ; la classe politique et la société civile doivent se mobiliser. Il se trouve que dans ce sens, il y a un domaine où le Maroc a accumulé une formidable expérience de coopération fraternelle, c’est le cinéma.

Le Centre cinématographique marocain a joué un rôle de pionnier en Afrique; il a constitué un formidable outil de coopération sud-sud. Il jouit d’un immense prestige dans toute l’Afrique et beaucoup de cinéastes de notre continent lui doivent d’avoir réalisé leur film grâce notamment à la logistique du laboratoire. J’ai eu la chance et le bonheur de rendre visite à feu Sembene Ousmane à ses bureaux à Dakar, il m’a affirmé, lui qui est connu pour sa franchise : «tant qu’il ya le CCM, je n’ai pas besoin de la France».

La cinémathèque du CCM accueille les archives de nos frères du Mali, du Burkina…des cinéastes algériens, tunisiens…préfèrent venir finaliser leurs travaux à Rabat. L’école de cinéma de Marrakech (ESAVM) accueille des étudiants subsahariens et organisent des concours d’entrée dans des Capitales régionales. Certains de ses lauréats sont sur la bonne voie et ont obtenu des prix ; par exemple au Fespaco, un festival prestigieux soutenu par la RAM et présidé cette année par Nour Eddine Saïl.

Faut-il rappeler dans ce sens le sympathique festival du cinéma africain de Khouribga, le plus ancien festival du cinéma au Maroc et qui s’apprête à fêter au mois de septembre ses quarante ans. Un immense capital symbolique a été ainsi accumulé, il s’agit de le fructifier en renforçant la tendance tracée à Adis Abeba.

Mohammed Bakrim

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