Résidus de pesticides: quel impact sur la santé publique?

Les résidus des pesticides sont-ils un réel danger pour la santé humaine ? Il faut dire que le risque nul n’existe pas  tout comme il n’est pas possible de confirmer à 100% l’innocuité, à en croire l’OMS (l’organisation mondiale de la santé). Toutes les analyses et études identifient des résidus de pesticides dans l’air, dans l’eau souterraine et dans les produits alimentaires même ceux issus de la mer. Mais c’est le niveau de concentration de pourcentages de ces résidus qui pose parfois problème. Tant que ce dernier est situé dans la limite autorisée par les autorités de contrôle sanitaire, l’existence de ces résidus de pesticides, surtout dans notre alimentation ne devrait pas nous  alarmer. Néanmoins, la vigilance et la surveillance sont de mise.

 Il est  admis que  l’alimentation est notre principale source d’exposition aux pesticides (90 % selon l’OMS) dans notre vie quotidienne. Après l’affaire des œufs contaminés qui a suscité la polémique dans de nombreux pays européens, et ensuite celle du lait pour nourrisson retiré des points de vente pour sa teneur élevé  en produits chimiques et résidus toxiques, c’est au tour du thé et des sachets de thé d’être sous les feux des projecteurs. Une étude a montré que ce produit qui vient principalement de la Chine et qui est fortement consommé par les consommateurs à l’échelle mondiale contenait d’importantes quantités de résidus de pesticides. Le Maroc  n’échappe pas à ce risque puisqu’il importe 100% de ses besoins en thé toute qualité confondue. L’ONSSA, qui a réagi par rapport aux informations relatées par plusieurs supports médiatiques marocains  alertant sur la toxicité du thé consommé au Maroc pour rassurer les Marocains, se trouve aujourd’hui à nouveau interpellé. L’office national de la sécurité et la santé alimentaire doit se prononcer une nouvelle fois sur cette question après les révélations des analyses effectuées par le journal Telquel auprès d’un laboratoire français qui révèlent l’existence de résidus de pesticides dans le thé que nous consommons. Cela va de la crédibilité d’une instance de taille relevant du département de l’agriculture.

En fait, l’enquête sur les pesticides présents dans  11 marques de thé  importées de Chine révèle que des  «résidus de 29 pesticides différents ont été détectés dans l’ensemble des échantillons fournis, avec en moyenne 20 pesticides par échantillon». Cette enquête arrive tout juste après le communiqué de l’ONSSA qui a certifié l’absence de pesticides dans le thé marocains. Dans une interview, un responsable de l’Office a précisé que l’étude annoncée par le magazine «60 millions de consommateurs» a juste mis en garde contre la présence de pesticides dans le thé consommé en France et a conclu sa conformité aux législations nationales et internationales. Il a réagi aussi par rapport à l’affaire Lactalis (le lait en poudre pour nourrisson) qui a été retiré du marché marocain à cause de sa non conformité aux normes sanitaires. Ce responsable de l’ONSSA estime qu’il ya eu beaucoup de désinformation sur le sujet, notamment à travers la formulation «thés toxiques» au lieu de présence de pesticides et produits phytosanitaires dans le thé. Il a d’ailleurs confirmé que tous les  produits agro-alimentaires que nous consommons contiennent   des pesticides et des produits fongiques qui ne présentent aucun danger cancérogène ou autre sur la santé humaine. Il faut peut être le rappeler, la Maroc importe plus de 60.000 tonnes de thé vert et de thé noir. Les sachets de thé contiendraient jusqu’à 17 pesticides, selon «60 millions de consommateurs».

La vigilance reste de mise car c’est de la santé humaine qu’il est question. L’utilisation des pesticides et autres traitements phytosanitaires ou fongiques est souvent anarchique  et sans respect de dosage, à défaut d’encadrement et de sensibilisation. Personne n’est aujourd’hui à l’abri de ces dangers cachés dans nos assiettes. Vivement des contrôles rigoureux et permanents pour garantir une meilleure qualité de vie à tous.

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Les sachets de thé contiendraient jusqu’à 17 pesticides, selon «60 millions de consommateurs». L’explication de la présence de ces pesticides tient notamment au fait que les feuilles de thé ne sont pas lavées au moment de la récolte pour ne pas perdre le goût. … Les scientifiques, auteurs de l’enquête, ont même retrouvé de l’arsenic, du mercure ou des traces d’alcaloïde, à «des quantités inférieures aux limites autorisées».

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Y-a-t-il un lien avéré entre les résidus de pesticides alimentaires et le cancer ?

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, dépendant de l’OMS) a établi une hiérarchie en fonction de la dangerosité des molécules considérées. Il a classé l’arsenic (dont l’usage pesticide est interdit depuis plusieurs années) comme substance cancérogène certaine pour l’être humain. Le captafol, fongicide appliqué en viticulture et en verger (et interdit depuis 1996), et le dibromure d’éthylène, utilisé comme nématicide (et interdit dès la fin des années 1980), sont classés comme cancérogènes probables. Mais qu’en est-il des résidus de pesticides dans l’alimentation ? Lancé en 2001, le Programme national nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Dans une synthèse consacrée au lien entre nutrition et cancer [9], à la question de savoir si «les résidus de pesticides contenus dans les fruits et légumes présentent un risque vis-à-vis du cancer», la réponse est : «non, si la réglementation est respectée», rappelant qu’aucune étude épidémiologique n’a pu associer une consommation de fruits et de légumes à une augmentation des risques de cancer.

Fairouz El Mouden

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