Satisfaction des usagers ou auto-satisfaction?

Un placard publicitaire, publié dans la presse nationale cette semaine, attire l’attention. Il s’agit du rendu des résultats d’une étude faite par cet organisme pour évaluer le degré de satisfaction des usagers qui recourent à ses services.

Sans surprise, le taux de satisfaction, mesuré par divers critères, est on ne peut plus élevé : au-delà de 70 à 80% pour chacun des critères. Les cadres de l’établissement sont même plébiscités pour leur professionnalisme et engagement exceptionnels. Il y a certainement du vrai.

Mais soyons quand même modestes et réalistes !

Un : l’établissement public en question, est confortablement financé par les deniers de l’Etat, et agit dans un secteur où le Maroc ne réalise malheureusement pas de performances notoires et souffre d’un déficit structurel qui menace constamment la solvabilité du pays. Il est vrai que la responsabilité en incombe à beaucoup de parties, dont ledit établissement.

Deux : l’organisme a lui-même commandé l’étude, à un cabinet qu’il a lui même   choisi et selon des modalités et échantillons validés par lui-même.

Trois : les services que fournit l’établissement sont subventionnés à hauteur de 70 à 80% et sont fournis à des usagers habitués, souvent des lobbies bien présents dans le giron dudit établissement.

Conclusion : quoi d’étonnant concernant ce taux de satisfaction aussi élevé !

Ce qui est sûr c’est que deux parties au moins sont bien réellement satisfaites : la presse qui a publié le placard, moyennant un coût, mérité du reste, et le cabinet d’étude qui a empoché les honoraires fixés, sauf si l’étude a été faite en interne.

Quant aux résultats effectifs des services fournis par cet établissement public, comme tous les autres établissements, ils mériteraient de bien meilleures études, plus neutres en tout cas.

En cette semaine où l’émergence marocaine est discutée dans divers forums : il est utile de rappeler que la bonne gouvernance et la reddition des comptes en sont des critères incontournables.

AA, 2 juin 2016.

Ahmed Azirar

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