Seule et unique voie pour le salut, la démocratie

La gestion des affaires publiques est une affaire de démocratie. Pour en parler, les mots utilisés ne peuvent se rapporter qu’à la démocratie, á sa pratique et au besoin de la promouvoir chaque jour davantage.

Cela peut choquer certains esprits qui veulent croire que l’usage de termes guerriers donne à leurs propositions une validité qui ne peut que s’imposer; tel un commandement ne pouvant souffrir la désobéissance. Ils croient que la société est une caserne ! Tout est là, entre la mobilisation des forces vives de la nation, la participation des masses populaires et la consolidation du processus démocratique dans notre beau pays et un état d’exception qui ne veut pas dire son nom.

Le royaume du Maroc n’est pas en guerre pour que la gestion des affaires concernant l’ensemble de sa population et la sécurité de son territoire soient confiées à un commando. Et encore!

 Malgré tous les problèmes que connaît la transformation de notre société, les dysfonctionnements que révèle sa gouvernance et l’urgence de la mise en œuvre des dispositions de notre constitution pour assurer le bienêtre, la justice sociale et effacer les disparités spatiales; le pays ne peut souffrir, sous le couvert de l’après covid-19, d’une quelconque mise en parenthèses pour un laps de temps de sa démocratie.

Et surtout, que l’on ne vienne pas nous parler d’efficacité, de dynamisme dans la prise de décision et autres qualités managériales.

L’élite nationale, et particulièrement celle qui vit dans l’opulence du 21ème siècle et qui appelle à l’avènement du commando techno, devrait ouvrir le débat sur les causes de notre échec à assurer, depuis l’indépendance, «le succès (de) l’évolution des campagnes dans les domaines agricoles, économique et social (et) que le système coopératif est un moyen efficace pour  cette évolution… (et qu’il fallait en) préconiser l’extension»; de réaliser  «l’équilibre harmonieux, non seulement entre le monde rural et les cités urbaines, mais également entre les différents secteurs de l’économie», d’assurer «la transformation industrielle sur place de nos produits agricoles et miniers… et…la création d’industries modernes  pour couvrir nos besoins» d’avoir «une politique d’ensemble qui vise à intégrer les populations du royaume dans le cycle de la mobilisation et du développement et assurer, parallèlement, une véritable révolution dans les esprits et les méthodes de travail»… «de réaliser parallèlement dans ce pays le développement économique et le progrès social» et bien d’autres orientations suprêmes où il s’agit de progrès économique à développer «dans un climat de santé et de culture favorable, et dans un contexte de sécurité et de stabilité».

Que l’on ne rétorque pas qu’il s’agit d’un autre temps ; et que, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Si la Terre qui nous supporte tourne pour tous et inscrit nos événements dans l’Histoire, il reste que dans ces temps où tout un chacun exerce son droit à faire de la prospective pour notre beau pays, de ne pas manquer de mémoire et d’user aussi de rétrospective.  

Combien de commandos, de technocrates et de politiques, en service commandé et non dans le cadre démocratique, ont-ils été choisis et promus pour diriger les affaires publiques sans pour autant arriver à faire émerger notre beau pays; ou tout au moins, le préserver de l’ajustement structurel, de coups d’états manqués, de complots ourdis, de jacqueries et de révoltes et d’années qualifiées officiellement de plomb.

Certes, il reste à sortir du smog actuel qui sévit sur le champ politique national. Cela ne peut se faire que par le respect des dispositions de notre constitution. L’action politique ne peut qu’être que fertile dans le cadre démocratique, et à chaque acteur politique d’assumer ses responsabilités et les prérogatives qui sont les siennes. D’ici que, dans le respect total des échéances électorales, la population dira son mot sur les personnes et les organisations politiques qui présentent leur candidature.

Dans ce cadre ; l’élégerocratie, cette caste d’élus qui ne pensent qu’à l’accumulation de l’or et de l’argent et à son confort personnel, sera présente. Tant que les partis politiques ne s’engagent pas véritablement dans un encadrement de proximité, à l’écoute des masses populaires, usant de pédagogie et d’organisation, ils ne relèveront pas le défi du dépassement de l’intervention des forces antidémocratiques et réactionnaires de toute sorte. Celles-ci usent et abusent pour assurer un résultat électoral conforme à leurs intérêts antinomiques à ceux du peuple et débauchent le jeu démocratique.

Les élections ne sont pas seulement une course au nombre de voix et au nombre d’élus, c’est par leur biais qu’une représentation de la population s’effectue sur la base de programmes, d’une vision de la société et d’une crédibilité vérifiée au quotidien. Notre société doit vaincre les procédés illégaux et immoraux qui aboutissent à une élection non acquise sainement. Les partis politiques doivent s’interdire tout encouragement à la pérennité de l’élégerocratie. 

De même ; lors des prochaines échéances électorales, l’abstention ne doit pas être de mise. Abstention de celles et de ceux qui sont conscients des enjeux mais qui ne veulent pas assumer leurs convictions pour renforcer le processus démocratique et sa consolidation dans notre beau pays. S’abstenir signifie dans la pratique, et au meilleur des cas, le statuquo avec ses blocages, ses contradictions et ses reflux. Le tout ou rien n’a jamais été une solution.

Notre société ne se transformera pas démocratiquement «par défaut» comme s’il s’agissait d’un choix lors du téléchargement d’un logiciel. C’est une lutte multiforme et permanente dont l’aspect électoral est important par ses conséquences sur la gouvernance et le fonctionnement des institutions. Le stock électoral dont dispose les tenants de l’identitaire passéiste ne peut être dépassé que par la clarification idéologique, la clarification politique et la clarification électorale. C’est par l’élévation de leur degré de conscientisation sociale acquis que nos compatriotes feront librement le choix de société qui leur semble le plus adéquat pour leur bienêtre.

Les acteurs politiques doivent tirer leçons des expériences passées dans l’intérêt de la population et conformément aux dispositions constitutionnelles pour mettre fin à la précarité, à l’exclusion et à l’injustice qui constituent le véritable lit de l’obscurantisme, de l’extrémisme et du terrorisme. Les alliances pour gérer les affaires publiques doivent se faire dans le sens de l’approfondissement du processus démocratique, de l’émancipation des masses populaires, de leur désaliénation et de leur bienêtre en accédant à une vie digne, libre et épanouie.

Pour cela et bien d’autres choses qui traduisent les dispositions de notre constitution, une seule et unique voie, celle de la démocratie.

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