Signature d’un « accord de sécurité » entre la Chine et les Iles Salomon

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Alors que plusieurs pays occidentaux dont notamment les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, s’inquiètent des ambitions militaires chinoises dans le Pacifique, Wang Wenbin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé, ce mardi, lors d’une conférence de presse qu’il a donnée à Pékin, qu’un « accord de sécurité » a été signé entre la Chine et les îles Salomon.

Mais si l’on sait qu’une telle entente a été « signée » conjointement par Wang Yi, le conseiller d’Etat et ministre chinois des Affaires étrangères, et le chef de la diplomatie des Iles Salomon, Jeremiah Manele, rien d’autre n’a filtré ni à propos des engagements réciproques des deux parties ni en ce qui concerne le lieu ou la date à laquelle cette convention a été signée si bien que Camberra redoute fort que cet accord ne soit un nouveau pas vers une présence militaire chinoise accrue à moins de 2.000 kilomètres de l’Australie et ce, d’autant plus que, dans sa version préliminaire qui avait fuité le mois dernier, figurait des propositions autorisant les déploiements policiers et navals chinois dans l’archipel ; ce qui avait provoqué une onde de choc en Australie qui, tout comme les Etats-Unis, redoute la construction, par la Chine, d’une base navale dans le Pacifique Sud même si, pour apaiser les tensions, le Premier ministre des îles Salomon Manasseh Sogavare,  a déclaré, solennellement, devant le Parlement de son pays, que l’accord en question ne prévoit, en aucun cas, l’établissement d’une base militaire chinoise.

Or, si plus tôt dans la journée de mardi, les responsables des îles Salomon avaient été informés de l’envoi, par Pékin, le mois prochain, de fonctionnaires pour la signature d’accords de coopération, il convient de rappeler que l’ambassadeur de Chine à Honiara, la capitale de cet archipel du Pacifique Sud, avait déjà signé, avec des représentants du gouvernement, une lettre d’intention prévoyant l’envoi de policiers et de militaires chinois pour protéger aussi bien les infrastructures de l’archipel que l’ordre social mais que ces dispositions n’ont toujours pas été ratifiées par les chefs des gouvernements des deux pays.

Et, comme il fallait s’y attendre, la Maison Blanche a, immédiatement, annoncé qu’une délégation américaine conduite par le coordinateur Indo-Pacifique, Kurt Campbell, va se rendre à Honiara pour discuter, avec les autorités de l’archipel, de ses préoccupations concernant la Chine mais aussi de la réouverture de l’ambassade américaine fermée depuis 29 ans.  

Pour rappel, à la fin de l’année dernière, les îles Salomon avaient été fortement secouées par des émeutes populaires du fait du profond ressentiment qu’éprouve une grande partie de la population de l’archipel envers l’influence grandissante de la Chine dans la région si bien qu’un grand nombre de commerces tenus par des chinois dans la capitale avaient été vandalisés et incendiés et qu’à la demande du gouvernement de l’archipel, l’Australie avait dépêché des forces de maintien de la paix et la Chine, qui, de son côté, a toujours cherché à renforcer son dispositif de protection sur l’île, avait envoyé, quant à elle, des instructeurs de police et du matériel  anti-émeute.

Mais si, de l’avis du porte-parole de la diplomatie chinoise, cet accord rentre dans le cadre d’une coopération « normale entre deux pays souverains et indépendants » et permettra, notamment, de soutenir « la stabilité à long terme », il risque, au contraire, à en croire le porte-parole de la diplomatie américaine, « d’accroître la déstabilisation au sein des îles Salomon et de créer un précédent inquiétant pour la région des îles du Pacifique dans son ensemble ». 

Qu’en sera-t-il exactement ?

Attendons pour voir…

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