Traduire n’est pas toujours trahir !

Sur le vif…

Mohamed Nait Youssef

Traduire n’est pas toujours trahir. Car, certains textes retrouvent une nouvelle vie dans une autre langue… étrangère. En effet, c’est grâce aux bonnes traductions, les plus belles, entre autres,  qu’on s’approprie le monde, qu’on croise des regards… et qu’on découvre des civilisations, des différentes visions et des horizons nouveaux. Evidemment, ce brassage ne pourra que renfoncer les liens entre les peuples et construire des passerelles entre les générations. Aujourd’hui, comme jadis d’ailleurs,  les cultures voyagent par le biais de la traduction. Peu importe la langue ! Dans cette optique, les traductions des grands textes de la littérature et de la pensée universelles par des traducteurs et chercheurs amazighs se sont multipliées au fil du temps. Et tant mieux !!!

 Ces dernières années , des chefs-d’œuvre tels que «En attendant Godot» de Samuel Beckett (Ad nttqql s Godot) traduit en 2014 par l’écrivain et journaliste Lahsen Oulhadj, «Les Mouches» de Jean-Paul Sartre traduit par Akram Salah, «Les Misérables» Victor Hugo traduit par Rachid Najib, « Kalila Wa Dimna» traduit par Mohamed Radi ou encore des traductions très récentes, entre autres,  «Les Fleurs du mal» de Charles Baudelaire éditées très récemment par l’organisation Tamaynut, «La Ferme des animaux», un roman court de  George Orwell» traduit en amazigh et édité dans le cadre des publication de l’Alliance Tirra des écrivains en langue amazighe, ont enrichi la bibliothèque marocaine en explorant de nouveaux champs et genres littéraires.

Actuellement, la traduction qui est un levier important pour le développement de l’amazighe sur tous les niveaux face à de grands défis : l’absence des instituts spécialisés en matière de la formation et de l’encadrement des traducteurs de cette langue, la roue de l’enseignement de la langue amazighe qui a eu  du mal à tourner, les difficultés de la production et de la diffusion du livre écrit en amazigh, l’enrichissement du dictionnaire amazighe.

Au début, il faut le rappeler, c’étaient des initiatives personnelles avant l’arrivée de l’IRCAM qui a institutionnalisé ce domaine en faisant venir des spécialistes d’ici et d’ailleurs, et  qui a accumulé une expérience assez important dans le domaine, mais qui a besoin d’évaluation, d’amélioration et de développement de ce grand chantier.

Pour ce faire, la promotion des traductions en langue amazighe au niveau des institutions et de la société joueront des rôles primordiaux dans la mise en valeur de notre identité et histoire communes.

Aux côtés de la traduction littéraire, les traductions juridiques et scientifiques œuvreront non seulement à enrichir le lexique, mais aussi au rayonnement  de la langue et de la culture amazighes à l’échelle nationale et même internationale. Il s’agit là d’un champ vaste qu’il faudrait conquérir et exploiter davantage, dont les retombées ne seront que bénéfiques.

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