AML, AfricaMorroco Links, compagnie maritime détenue par BMCE Bank (51%) et l’opérateur de ferries européen, le Grec Attica (49%), vient de se séparer d’un navire inauguré par le roi Mohammed VI en juin 2016, le Diagoras. En quittant la flotte d’AML, le navire a été immatriculé sous pavillon grec.
Cette opération réveille les inquiétudes quant au déclin du pavillon marocain. Rappelons que pour AML cette acquisition devait marquer le début de sa stratégie 2021 pour revigorer le secteur. D’ailleurs, l’entreprise avait dévoilé, lors de l’acquisition d’un nouveau navire en juin 2017, le Morocco Star, un plan de flotte dont l’objectif est de détenir six bateaux d’ici 2021 et d’ouvrir de nouvelles lignes vers la France et l’Italie.
«Le Diagoras, acquis initialement pour une période de 6mois renouvelée deux fois, commençait à nous coûter beaucoup d’argent. Il faisait partie de la flotte d’AML selon une formule assez hybride, entre acquisition et affrètement. Juridiquement, c’était la propriété d’AML, mais on payait pour la gestion de ce navire des managements fées qui coûtaient un peu cher pour la compagnie. Ajoutez à cela les frais de remorquage pour l’entrée au port ; il fallait se débarrasser du bateau», a expliqué la situation Habib Haidar, responsable du business développement chez BMCE, en charge d’AML au magazine Telquel.
Il faut dire que le Diagoras marquait des signes de faiblesse à la manœuvre. Selon la même source, 31 appels au remorqueur de la société Boluda ont été émis par ce dernier en un seul mois, pour entrer au port de Tanger.
Cependant, AML a quand même réussi à passer de 4 à 33% de parts de marché, et ce, grâce au Morocco Star qui réalise quotidiennement jusqu’à 8 rotations par jour entre Tanger et Algésiras. Il constitue 50% du traffic Maroc-Espagne où opèrent cinq compagnies.
A noter que le secteur du transport maritime, déjà ultra-concurrentiel, le sera encore plus avec l’arrivée prochaine d’un nouvel entrant. La compagnie espagnole Naviera Armas, qui opère principalement dans les Canaries, est en cours d’acquisition de la compagnie Mediterranea. L’opération sera finalisée au premier semestre 2018, pour 388 millions d’euros. La situation se corse donc pour AML, l’obligeant à « faire le point » et à se pencher sur sa stratégie.
S. Douieb