Trop de morts sur nos routes

Accidents de la circulation

Ouardirhi Abdelaziz

Des radars nouvelles génération, des contrôles sur tous les axes routiers, des visites techniques pour les véhicules, des contraventions salées, le retrait du permis de conduire. Nombreux sont ceux qui voient tout cela d’un mauvais œil, mais dans la réalité et au regard des drames quotidiens inhérents aux accidents de la circulation dans notre pays,  l’importance de la sécurité routière ne peut être surestimée. Au Maroc, les chiffres des accidents de la route ou plus exactement de la guerre des routes sont effrayants, car pour un million d’habitants, nous enregistrons 120 morts au Maroc contre 91 dans les pays avancés, dont le parc automobile est 10 fois supérieur au notre. Ce qui malheureusement place les routes du Maroc parmi les plus meurtrières au monde.

Chaque année, des milliers de vies sont perdues ou irrévocablement modifiées à cause des accidents de la route. Ces incidents tragiques entraînent non seulement d’immenses douleurs et souffrances pour les victimes et leurs familles, mais ont également des conséquences considérables pour la société dans son ensemble. Il est impératif que nous reconnaissions l’importance de la sécurité routière et prenions des mesures proactives pour empêcher de telles tragédies de se produire.

Un bilan qui interpelle

Au Maroc, les accidents de la circulation font annuellement, en moyenne, près de 4.000 décès  et 12.000 blessés graves, soit une moyenne de 10 tués et 33 blessés graves par jour.

C’est énorme, c’est une catastrophe quotidienne à laquelle notre pays est confronté, qui nécessite des moyens très importants, sophistiqués, couteux pour prendre en charge toutes les victimes de ces accidents.

Un accidenté de la route présente souvent, de multiples traumatismes, fractures, plaies, hémorragies……

Pour espérer sauver ces personnes, il faut agir très vite, transporter les blessés graves au niveau des infrastructures hospitalières les plus proches. La prise en charge est lourde, ces patients sont souvent en réanimation, subissent des interventions chirurgicales urgentes, nécessitent des transfusions. Il sont intubés, ventilés, leur état de santé exige une surveillance constante.

On comprend dès lors mieux l’importance que jouent nos hôpitaux, nos services d’urgences, nos blocs opérations. Et de ce fait, ces situations nécessitent toute une organisation, une logistique, des ressources humaines en nombre, des compétences avérées, la technologie, des médicaments, du sang…..   

Malgré les efforts consentis pour réduire le nombre des accidents de la route, le constat demeure alarmant.

En septembre 2021, le Maroc a dénombré 10.028 accidents corporels de la circulation routière au niveau national, soit une hausse de +18,6% par rapport à septembre 2020, et de +13,8% par rapport à septembre 2019, selon des chiffres de l’Agence nationale de la Sécurité routière (NARSA).

En 2022 au Maroc, 113.625 accidents de la circulation ont été enregistrés, ces accidents ont causé la mort de 3499 personnes dont 2971 hommes, et 515 femmes. Que 889 avaient moins de 25 ans.

On relève que 1398 décès concernent les usagers des deux roues. Que 888 étaient des piétons

Pour l’année 2023, un total de 85.475 accidents physiques dans le périmètre ayant causé la mort de 993 en 2023, contre 834 morts en 2022, auxquels s’ajoutent 4.413 blessés graves et 111.478 blessés légers.

En 2024, un total de 16 personnes ont trouvé la mort et 2.469 autres ont été blessées, dont 74 grièvement, dans 1.782 accidents survenus en périmètre urbain durant la semaine allant du 08 au 14 janvier 2024.

Durant la semaine allant du 29 janvier au 04 février 2024, un total de 15 personnes ont trouvé la mort et 2.459 autres ont été blessées, dont 86 grièvement, dans 1.836 accidents survenus en périmètre urbain.

Dimanche 17 mars 2024, au niveau du douar Imentlat de la province d’Azilal, neuf personnes ont perdu la vie suite à un accident de la route….. C’est une hécatombe, un drame, une hémorragie constante que rien ne semble arrêter. Pas même les contraventions, les jugements prononcés, les retraits des permis  …..

Un fléau couteux

Il est clair que le comportement de nos concitoyens sur les routes, l’incivisme, le non respect du code de la route, la conduite en état d’ébriété, l’excès de vitesse, des agissements et comportements dangereux. Ce qui, fatalement, conduit aux multiples drames que connaissent nos routes et malheureusement chaque jour, plusieurs familles doivent faire face à la perte d’un ou plusieurs proches. 

Aucun mot ne peut décrire toute la douleur qu’une telle perte peut provoquer dans une famille brisée à jamais. Les accidents de la route ont également un coût économique, plus de 14 milliards de dirhams par an, soit 2% du PIB du Maroc.

Quand on soulève l’épineux problème des accidents de la route et que l’on s’attache à en analyseur, les différentes facettes, on finit toujours par perdre le nord. Tant il est vrai que c’est un problème ambigu, complexe, multifactoriel et ou tout s’entremêle (état du véhicule, état des routes, vitesse, non respect du code de la route, conduite en état d’ébriété, corruption…)

Comportements dangereux et incivisme

L’incivisme, le comportement irresponsable de certains chauffeurs et plus particulièrement ceux des grands taxis blancs, les taxis rouges pour ne parler que de Casablanca, les camions et semi-remorques, ne respectent plus rien, ni stop, ni feu rouge, ni piétons.  Certains énergumènes, une fois au volant de ces engins de la mort, ne respectent rien. Les feux rouges sont grilles. Les arrêts, ils ne savent pas. La priorité à droite, c’est pour les autres. Bref, on se retrouve face à des individus qui ont des permis de conduire ou plutôt des permis de tuer de pauvres et honnêtes citoyens, dont des piétons qui sont souvent percutés de plein fouet. 

Tout cela est inadmissible, inacceptable, il faut que ça cesse définitivement, la vie de chaque Marocain est précieuse. On n’a pas le droit de banaliser la mortalité enregistrée chaque jour sur nos routes et de tout mettre sur le compte du mektoub.

Au-delàs des paroles

Lors de la 10ème session du Conseil d’administration de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), les discussions se sont concentrées sur l’adoption du plan d’action de l’Agence. L’accent a été mis sur l’importance d’une évaluation minutieuse de la stratégie nationale de la sécurité routière 2017-2026, avec l’objectif de développer une nouvelle vision, des objectifs clairs et un plan d’action pour les cinq prochaines années.

Il faut passer a autre chose, et lutter efficacement contre la délinquance routière .La lutte  contre les comportements irresponsables sur nos routes, doit être le l’objectif principal de tous les intervenants, de tous les acteurs qui sont impliqués dans la prévention des accidents. Le nombre de contrôles routiers doivent être plus fréquent. Cette hausse doit surtout concerner les points noirs ou sont enregistrés les accidents de la route, les comportements les plus déviants doivent être réprimés. Il ne faut pas hésiter à pénaliser et à saisir, à confisquer définitivement les deux roues qui exposent les piétons aux dangers.

La police, la gendarmerie doivent être sans concession face aux conducteurs dangereux , celles et ceux qui procèdent au changement de direction non autorisé, au non-respect du stop, au non-respect du feu rouge, à la circulation sur la voie gauche,  ceux qui conduisent  en état d’ébriété, qui ne respectent pas le code de la route et qui s’adonnent à la circulation en sens interdit et aux dépassements défectueux. C’est délinquants de la route doivent être sévèrement jugés et condamnés car ils représentent de réels danger pour autrui.

Sensibiliser -prévenir – former 

Toutes les campagnes de prévention des accidents de la route n’ont pas apporté ce que l’on espérait d’elles. Il faut rectifier le tir et aller à la base, en d’autre terme nous devons cibler les jeunes aux dangers des accidents de la route. Pour être efficace, l’action que nous devons mener en matière de sécurité routière doit s’appuyer sur l’éducation et la prévention. L’école joue bien sûr un rôle important dans la transmission des bonnes pratiques. La sécurité routière s’y apprend d’abord comme piéton.

Nous devons dès à présent structurer la prévention routière à l’école. Il va falloir commencer très tôt l’apprentissage de la prévention. Il est évident que les informations, que les messages destinés aux écoliers, aux élèves et aux étudiants prendront en compte l’âge des uns et des autres pour développer une culture de la sécurité routière tant auprès des enfants que des enseignants.

Il est important dans le cadre de la sensibilisation des conducteurs de lutter contre les comportements à risque qui nuisent d’une manière générale à la vigilance au volant. C’est notamment le cas de l’utilisation du téléphone portable au volant. Il faut faire preuve de fermeté afin de responsabiliser les conducteurs. L’usage massif des smartphones et autres téléphones au volant est une cause majeure de la perte de contrôle du véhicule, qui a une incidence sur la conduite, et provoque de ce fait des accidents en nombre élevé en milieu urbain et sur l’autoroute ou route nationale.  

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