Un an après, la pandémie dicte toujours sa loi

Par Khadija TAHIRI (MAP)

Plus d’un an après son déclenchement au Maroc, la pandémie de Covid-19 impose toujours son diktat sur les coutumes et habitudes ramadanesques des Marocains qui, le cœur serré, ont plié face à la tempête, mais sans pour autant renoncer à l’essentiel.

En effet, pour la deuxième année consécutive, l’ambiance ramadanesque est orage des dispositions de l’état d’urgence sanitaire et en particulier le couvre-feu nocturne.

Cette décision, bien qu’elle soit imposée par la situation épidémiologique de plus en plus inquiétante, a fortement impacté certaines constantes de ce mois sacré, comme les pratiques religieuses et certaines habitudes culturelles, artistiques et sociales.

Forte heureusement, les odeurs alléchantes des épices, des gâteaux et des crêpes, perdues l’année dernière à cause du confinement obligatoire, se répandent dans chaque recoin, annonçant l’arrivée du mois sacré. Contrairement à l’an dernier, les souks, les marchés et les rues commerçantes ont été envahis, bien avant l’arrivé de ramadan, par les clients en quête d’ingrédients et des besoins des plats et surtout en quête de retrouvailles avec de chères traditions ancestrales.

Ouafae, employée dans un commerce, ne cache pas sa joie de l’arrivée du mois sacré. Dans une déclaration à la MAP, elle confie qu’elle s’affaire pour la première fois à préparer la fameuse Chebbakia chez elle, en plus des gâteux salés et les autres recettes ramadanesques, expliquant que la peur et l’angoisse qui ont marqué Ramadan dernier se sont dissipées cette année, bien que l’éradication de la pandémie n’est toujours pas chose faite.

“Le confinement imposé l’année dernière et l’enseignement distanciel nous ont fortement impacté sur les plans psychologique et social, ce qui nous a empêché de savourer ce mois sacré”, a-t-elle déclaré, notant que cette année, malgré le couvre-feu nocturne, la vie semble presque normale la journée, à l’exception de certaines mesures restrictives comme les gestes barrières.

“Désormais, nous redoutons plus la poursuite des restrictions que le virus lui-même”, ironise-t-elle, regrettant l’impossibilité de faire les prières de “Tarawih” à cause de la fermeture des mosquées le soir.

Les Tarawih.. toujours à domicile

Pour la deuxième année consécutive, les fidèles se trouvent obligés de faire les prières d’Al Ishae, des Tarawhis et d’Al Fajr à domicile plutôt que dans les mosquées. Une situation qui n’a pas manqué de déclencher une polémique, du moins, sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont exprimé leur déception de ne pas pouvoir accomplir ces rites à forte charge symbolique durant ce mois dans les mosquées, appelant le gouvernement à ouvrir les édifices religieux.

“Pourquoi les usines, les marchés et les bus sont bondés de monde durant toute la journée, alors qu’on nous empêche de se rendre dans les mosquées pour une petite heure”, s’indigne un internaute, faisant remarquer que la plupart des pays musulmans ont maintenu les Tarawihs dans le but de préserver le mental des populations.

D’autres publications, ont plutôt opté pour la sécurité et la prévention, de peur de refaire la même erreur de l’Aïd Al Adha de l’année dernière.

Des habitudes reportées jusqu’à nouvel ordre

Pour les cafés et restaurants, déjà en crise depuis plus d’une année, l’interdiction des déplacements nocturnes pendant le Ramadan est venue enfoncer le clou. Déjà habitués à fermer durant les journées de ce mois, ils arrivaient plutôt à fonctionner tant bien que mal après le Ftour.

Les internautes se sont également emparés de cette question, lançant de vastes campagnes de solidarité avec les employés des cafés et restaurants qui auront à vivre ce mois sans ressources.

D’autre part, les opérations “Iftar” collectifs qui marquent ce mois sacré manquent aussi à l’appel. Si la plupart des Marocains préfèrent rompre les jeunes dans leurs domiciles, la précarité et les besoins forcent une frange de la population à trouver refuge dans ces buffets organisés tout au long de Ramadan, au sein des mosquées et dans les quartiers, par les organisations de la société civile.

Certes, l’interdiction des déplacements nocturnes pendant le mois sacré de Ramadan a chamboulé les habitudes culinaires, spirituelles et sociales des Marocains. En revanche, elle présente l’occasion d’une renaissance des valeurs religieuses, sociales et solidaires et une opportunité pour valoriser les initiatives de la société civile dans ce domaine, visant à venir en aide aux catégories précaires.

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