Un nouveau tournant dans la crise ukrainienne

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

La crise ukrainienne, qui retient l’attention du monde entier, a pris un nouveau tournant avec la reconnaissance, par Moscou, de l’indépendance des territoires séparatistes du Donbass  – à savoir, les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk sises à l’est de l’Ukraine – et l’invitation faite, par Poutine, à la communauté internationale, d’en faire de même à propos desdites entités.

Ainsi, dans un communiqué émanant du ministère russe des Affaires étrangères, il est clairement affirmé que « la reconnaissance des ‘républiques populaires’ de Donetsk et Louhansk [est] nécessaire et la seule décision possible » dans les conditions actuelles.

Il n’en fallait pas plus pour que les chancelleries occidentales se lèvent, comme un seul homme, afin de condamner fermement la décision prise par le président russe.

Du Sénégal où il est en visite officielle, le président turc Recep Tayyip Erdogan qui, en se targuant, ces derniers temps d’entretenir des relations privilégiées avec les deux parties, s’était livré à un périlleux exercice d’équilibriste consistant à soutenir Kiev sans irriter Moscou, a, tout de même, estimé que cette reconnaissance était « inacceptable » et appelé, à ce titre, « les parties concernées à faire preuve de bon sens et à se conformer au droit international ».

Il y a lieu de rappeler, au passage, que l’annexion de la Crimée, par la Russie, en 2014, n’a jamais été reconnue par Ankara en dépit de l’insistance de Moscou et que la Turquie ne fait aucun mystère sur son soutien à la volonté d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN ; ce qui, bien entendu, n’est pas sans irriter le Kremlin.

Face à cette nouvelle amputation de son territoire, l’Ukraine a demandé, ce mardi, à ses alliés occidentaux, d’appliquer des « sanctions sévères » à l’encontre de Moscou.

C’est à ce titre que le Président américain, Joe Biden, a publié un décret interdisant tout nouvel investissement, échange ou financement par des citoyens américains à destination, en provenance ou dans les régions séparatistes et que la Maison Blanche a promis de « nouvelles sanctions » contre Moscou.

Appelant à agir avec toute la célérité requise, le chef de la diplomatie européenne a annoncé que l’UE va appliquer des représailles à l’encontre de la Russie et, du côté du Royaume-Uni, à l’issue d’une réunion de crise tenue au 10, Downing Street, Boris Johnson a annoncé que des sanctions visant la Russie seraient présentées au Parlement à l’effet de « frapper la Russie très fort » tout en soulignant « qu’il ne s’agit que d’une première série de sanctions économiques britanniques contre la Russie (car) davantage d’attitudes irrationnelles de la part de la Russie » ne sont pas à exclure dès lors que Vladimir Poutine reste « déterminé à mener une invasion à grande échelle de l’Ukraine ». Aussi, est-il important, voire même « vital » aux yeux du Premier ministre britannique, que « la conquête d’un autre pays européen ne réussisse pas et que Poutine échoue ».

Sans dénoncer explicitement la décision prise par la Russie, la Chine a appelé l’ensemble des acteurs de la crise ukrainienne à « faire preuve de retenue et à éviter toute action susceptible d’alimenter les tensions » alors que, selon l’agence officielle syrienne SANA, le ministre syrien des Affaires étrangères,  Fayçal Al-Meqdad, aurait officiellement déclaré que son pays « soutient » la décision russe et qu’il « coopérera » avec les « républiques populaires » de Donetsk et Louhansk.

La décision prise par Vladimir Poutine étant donc loin de recueillir l’adhésion de la majorité des chancelleries, seule la tenue d’un sommet entre les présidents russe et américain pourrait calmer l’ardeur des uns et des autres et épargner à la région une déflagration tellement violente qu’elle pourrait tout emporter sur son passage.

Alors, attendons pour voir…

Étiquettes
Top