Retrait du Maroc de la « liste grise » du GAFI
Par Zin El Abidine Taimouri (MAP)
Avec son retrait de la liste grise du Groupe d’Action Financière Internationale (GAFI), le Maroc marque un pas de plus dans la mondialisation financière à la faveur de ses efforts inlassables en matière de réglementation et de conformité aux normes internationales.
En s’attachant à s’affranchir des dérives financières sous toutes leurs formes, le Royaume reçoit la reconnaissance de la communauté financière internationale et devient, de fait, membre du club privilégié des pays sûrs pour les investissements étrangers et les flux de capitaux.
Outre son caractère fort symbolique, cette consécration implique beaucoup d’avantages économiques pour le Royaume, puisqu’elle aura pour effets de favoriser les investissements, de simplifier au Maroc l’accès aux financements étrangers et de consolider son positionnement au sein des institutions financières internationales.
La décision adoptée par le GAFI de sortir le Maroc du processus de suivi renforcé communément connu par « liste grise » constitue une reconnaissance internationale de la conformité du Maroc aux règles de bonne gouvernance financière, a affirmé l’économiste et spécialiste en politique de change, Omar Bakkou.
Cette reconnaissance, qui vient s’ajouter aux divers progrès réalisés par le Maroc en matière de convergence aux normes internationales régissant les domaines institutionnels, économiques, sociaux et environnementaux, aura certainement des retombées positives sur l’image de marque du Maroc que ce soit auprès des opérateurs privés internationaux qu’auprès des organisations multilatérales, a expliqué M. Bakkou dans une déclaration à la MAP.
Et d’ajouter que la consolidation de l’image de marque du Maroc permettra en outre de renforcer l’intégration du Maroc au marché financier international ce qui sera susceptible d’améliorer l’attractivité du Royaume en matière d’investissement étranger et de faciliter l’accès aux financements extérieurs.
En matière de financement extérieur, M. Bakkou estime que la décision du GAFI s’est déjà ressentie lors de la levée de fonds par le Trésor puisque le Maroc a réussi à émettre un emprunt obligataire sur le marché financier international d’un montant global de 2,5 milliards de dollars.
Sur le plan du financement extérieur, lors de sa dernière conférence de presse, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, avait souligné dans que l’attribution de la LCM est conditionnée par la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI.
Et c’est chose dite, chose faite après la décision du GAFI, puisque la demande du Maroc sera bientôt approuvée par la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, conformément au communiqué publié par le Fonds lundi dernier.
En vertu de cette déclaration, le Maroc devra être recommandé dans les prochaines semaines au Conseil d’administration du FMI pour se voir accorder une LMC de 5 milliards de dollars sur deux ans, compte tenu également de la solidité de ses cadres de politique économique et de son bilan.
La décision du GAFI permettra donc au Maroc de lever des fonds à l’international dans des conditions favorables, notamment avec des taux d’intérêts bas, et des délais plus longs compris entre 5 et 10 ans, a relevé M. Bakkou, notant que cela est extrêmement important à l’heure où les marges budgétaires se resserrent.
Il en va également de la consolidation de la situation budgétaire du Maroc et des réserves de change, a-t-il ajouté, notant que la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI contribue à maintenir l’équilibre budgétaire pour le pays.
Par ailleurs, M. Bakkou, a fait observer les retombées favorables de cette décision sur les investissements directs étrangers, notant que les investisseurs sont regardant vis-à-vis de la santé de la situation financière du pays d’accueil, ce qui constitue une perspective avantageuse à moyen et long terme d’une économie.
En outre, le spécialiste a relevé que le Maroc a fait le choix de respecter les normes imposées par les organismes financiers internationaux, et consignées dans les accords et statuts des banques internationales, citant, notamment, la libéralisation des opérations courantes et le maintien d’un niveau minimal d’avoirs de réserve.
Parmi ces normes, en sus des accords du FMI, le GAFI s’intéresse aux dérives financières, principalement le blanchiment de capitaux (…) Le défaut de respect de ces normes provoque un impact négatif sur le fonctionnement des économies et compromet la pérennité de son modèle de croissance.
Par conséquent, poursuit M. Bakkou, le Maroc s’est engagé dans l’harmonisation et le respect de ces normes qui garantissent une meilleure intégration dans le marché financier international et facilite l’accueil des flux d’investissements directs étrangers qui sont des aspects d’une grande importance pour l’équilibre budgétaire.
Ces flux représentent une moyenne annuelle de 3 milliards de dollars et permettent de développer plusieurs secteurs d’activité clés pour l’économie marocaine, notamment ceux en lien avec les exportations qui représentent près de 40% des investissements étrangers, a-t-il soutenu, avant de réaffirmer que cette décision est un pas supplémentaire pour une meilleure intégration du Maroc dans la mondialisation.