Un patrimoine historique naît de ses cendres

La Kasbah d’Agadir Oufella

Saoudi El Amalki

Le Programme de Développement Urbain de 2020 à 2024, lancé par le Souverain, en mois de février 2020, a consacré une importance capitale au côté patrimonial de la ville. Les travaux de la restitution architecturale et la réhabilitation du site historique de la Kasbah d’Agadir Oufella s’y insèrent particulièrement pour une enveloppe budgétaire globale du PDU de 5,991 milliards de dirhams. Il faut bien dire que bien avant cette entreprise de haute envergure de restaurer ce site historique de la cité martyr, les initiatives allant dans ce sens, se sont déjà opérées, notamment celles de ces derniers temps, énergiquement chapeautées par le Wali de la région Souss Massa, après la déconvenue des anciennes démarches mises en avant, à l’occasion du 40 ème anniversaire du séisme d’Agadir.

Un peu moins de six décennies, après le cataclysme de 1960, il semblerait bien que la fameuse citadelle d’Agadir, communément connue sous l’appellation de Kasbah d’Agadir Oufella vient d’être soumis à un intérêt tout particulier, sous la houlette condescendante, faut-il bien le reconnaître, du chef de file de la région. Certes, comme précédemment cité, des sursauts d’orgueil ont émaillé le long itinéraire de l’unique symbole séculaire de la ville, en termes d’essai de réhabilitation, mais, ce n’était, jusqu’ici, que des saupoudrages en sa direction, sans réelle refonte salutaire. Cette fois-ci, l’entrain autour de la tâche paraît beaucoup plus volontariste à son égard.

Pour accomplir une action payante dans son ensemble, puisque nombre de touches devraient y intervenir, un parterre d’érudits et d’experts émérites, en matière de diverses sciences relatives à la nature de restauration de ce patrimoine historique, se sont réunis à la besogne. L’événement est, sans nul doute,  de taille et ravive, pour de bon, la conscience collective de cette pléthore de contributeurs, aussi bien nationale qu’étrangère. Il y va alors de la qualité du cadre de vie des populations et l’historicité identitaire des territoires pour l’intégration sociale et l’essor économique et environnemental.

Tout au long de ce labeur, il est question de mettre en évidence le caractère patrimonial et fonctionnel de ce patrimoine de grande facture qui a rassemblé une pléiade d’experts de multiples horizons pour mettre sur pieds une esquisse globale interdisciplinaire, aux regards croisés et concertés. Le patrimoine de sa dimension archéologique constitue, en fait un fondement nodal pour le développement territorial durable.

En effet, afin de rationnaliser le travail sur ce dossier académique délicat, il a été précédé de panoplie d’ateliers de réflexions,  axée sur tous les volets relatifs à la reconstitution et à la valorisation scientifique du legs historique, longtemps laissé-pour-compte.

Une série d’éclairages déferlait et suscitait du tréfonds de l’histoire collective du passé et de la contemporanéité du présent vécu. Il est à rappeler que les résonances du passé et les exigences du présent fortifient les esprits pour la genèse incitatrice et la cosmogonie plurielle autour d’un emblème unificateur.

Le projet de restauration réunit, en fait, tous les tronçons des remparts et des alentours de la Kasbah d’Agadir Oufella. Certes, on se ressaisit pour de bon, afin de mettre sur les rails cette ébauche prometteuse, après mûre réflexion et entame méticuleuse. D’autre part, il a été conçu de repenser l’opération dans sa globalité, en vue de mettre en avant un travail cohérent, recherche et inclusif.

Il s’est donc agi d’intervenir sur les aspects de peinture et manuscrit, objet ethnologique, langue autochtone, d’expression de culture et de tradition. C’est ainsi qu’il s’avérait plus opportun de s’approprier une vision globale,  pouvant faciliter l’amorce de l’entreprise et assurer la performance escomptée.

Ce site classé patrimoine national en 1944, renvoyé aux calendes grecques, depuis près de 58 ans, serait revalorisé en matière de financement, vu cette nouvelle synergie qui profile avec hardiesse, en collaboration des instances institutionnelles et représentatives. La mutualisation des efforts de compétences avérées d’un comité scientifique performant, sont de louables apports, au service du seul bijou patrimonial dont la communauté locale serait résolument fière et auréolée dans les jours à venir.

On ne peut que saluer vivement cette symbiose qui unit ce beau monde à présent, autour de ce bel héritage, renvoyant à une histoire riche en symboles. Ce patrimoine animé d’un parterre d’acteurs mue par une volonté ardente pour se rendre utile, après une longue période de léthargie. Ce serait, à coup sûr, le meilleur hommage posthume qu’on pourrait rendre à une nuée d’âmes ensevelie sous terre et dont l’esprit plane sur les cimes et les versants de ce promontoire usé par le temps mais encore riche en épopée de naguère. Les survivants de ce site funeste auraient aussi, de leur vivant, savouré les agréments d’une réhabilitation savante et réfléchie de ce que l’on appelle à jamais «Agadir Oufella».

Il est à constater que le privé s’est également joint à cette grande action de réhabilitation, à travers la mise en place d’un téléférique de haute technologie mondiale dans ce genre de loisirs. Fondé par Doppelmayr, un pionnier majeur du transport par câbles, ce projet sera en effet,  équipé de la technologie D-line, qui assure « un confort optimal aux passagers, un fonctionnement silencieux, une maintenance simple et rapide ». Les travaux du projet de téléphérique d’Agadir, devant relier le pont de Tildi à la kasbah d’Agadir Oufella, en cours  de réhabilitation, avancent au galop. La mise en marche de ce mécanisme de renom, aussi bien au plan touristique que de l’animation de la ville, est prévue en juillet 2022.

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