Un terreau fertile pour les artistes peintres et phare pour les férus d’art du monde

Azemmour

La ville d’Azemmour a de tout temps inspiré les artistes marocains et constitué un creuset de créateurs, artistes-plasticiens et férus d’art en provenance des quatre coins du monde. En témoignent ses artères, véritables galeries d’art qui donnent à voir des œuvres, des dessins et des fresques relatant des événements et festivals ayant rassemblé d’illustres artistes internationaux.
Dans chaque coin et recoin de la ville antique, dont la fondation remonte à des temps anciens, notamment à l’époque des Romains, des Phéniciens et des Portugais, règne une atmosphère artistique et mystique qui a fait de la ville d’Azemmour un berceau des arts plastiques, et une pépinière d’artistes de tous courants et de divers horizons.
Le quartier portugais, l’ancienne médina et ses remparts, ses galeries artistiques, les rives de l’Oued Oum Er Rbia et son argile rouge provenant des cours d’eau et sources de l’Atlas, l’ancien pont, la route de Moulay Bouchaïb Erredad, le saint patron de la ville, avec ses vieilles boutiques, ses poteries… ce sont là autant d’éléments qui respirent le bon vieux temps et qui plantent le décor d’un espace ouvert et d’une atmosphère unique qui enveloppe les amateurs du pinceau et de la palette.
La liste des artistes qui ont été imprégnés par la ville, et qui ont eu l’opportunité de se diffuser à grande échelle est longue. Il y a lieu de citer parmi ceux-là, dont l’art a traversé les frontières, le cas de l’artiste internationale Chaibia Talal et son fils, Hussein Tallal.
« Les origines de l’art plastique à Azemmour remontent à très longtemps, notamment avec l’arrivée des premiers étrangers tombés sous le charme de la ville, son espace et ses environs, les bâtiments anciens, ainsi que la vue panoramique donnant sur la rivière Oum Er Rbia et sa dimension esthétique”, a indiqué à ce propos l’artiste Abdel Karim El Azhar dans une déclaration à la MAP.
Natif d’Azemmour, M. El Azhar, qui est lauréat de l’Ecole des Beaux-arts de Tétouan, de l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles, ainsi que de celle de Liège, évoque la passion et les débuts des artistes plasticiens zemmouris, qui ont précédé sa génération, citant dans ce sens Aîssa El Jad et Mohamed El Majhad, considérés parmi les pionniers dans ce domaine, car ils ont contribué à esquisser les contours de l’art plastique, de la peinture et de la sculpture, et formaient même un duo dans le domaine de la comédie et du théâtre également.
Selon El Azhar, Mohamed El Majhad se distingue par sa grande spontanéité et compte parmi les calligraphes les plus talentueux. De même, Aîssa El Jad est reconnu pour sa manière particulière de dessiner la rivière et les ombres des vieilles bâtisses dont l’ombre se reflète l’Oued Oum Er Rbia.
Concernant la deuxième génération d’artistes-peintres, qui a continué à porter le flambeau après Aîssa El Jad et Mohamed El Majhad, ou encore Bouchaïb Khallouk et Bouchaib Habbouli, qui est d’ailleurs toujours actif, Abdel Karim El Azhar a évoqué parmi les plus illustres, Tijani Chrigui, un artiste qui allie théorie et pratique.
Bien que son activité artistique est dominée par l’audiovisuel, Tijani Chrigui se démarque par ses tableaux abstraits, à l’instar de feu Mustapha Sil Bouhali et Abderrahmane Rahoule.
Alliant talent et connaissance, cette génération d’artistes académiques a jeté les bases de l’art plastique moderne. Dans ce sens, Abdel Karim El Azhar, qui est l’un des dignes représentants de cette tendance, a étudié aux côtés d’Abdellah Dibaji à l’École des Beaux-Arts de Tétouan avant de se rendre en Belgique en 1979 et d’y passer trois ans avant de revenir au Maroc pour travailler dans le domaine de l’éducation.
Il a constitué, aux côtés d’Abdellah Dibaji, Abdelhamid Qalamoun, Larbi Lahlal, Mohamed El Hani et d’autres, l’avant-garde des arts plastiques modernes.
Aussi, le charme de la ville d’Azemmour et sa féerie naturels, n’ont pas laissé indifférents des artistes de tout horizon qui ont élu domicile dans cette cité historique et y ont trouvé l’inspiration, dont notamment des enseignants d’arts plastiques comme Ahmed El Amin, Anas Bouanani, Mohamed Laroussi, Zoubir Najeb et Salah Benjkan, qui dirige l’association « Pact Art ».
Par ailleurs, une nouvelle génération d’artistes contemporains a émergé, pour qui l’art est à la fois une passion, un objet de recherche et un moyen d’expression. On cite parmi eux Younes Lamzari, Mohamed Zakir, Redouan ben Zemmouri, Amina ben Zemmouri, Mohamed Hajji, Naima Sayaghi, Hayat Choufani, Mohamed Choufani, Abdelouadoud Ouchan, Redouan Johar, Aziz Mohamed et Aziz Zawiya, lauréat d’un prix arabe de la peinture abstraite.
À noter que le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication a récemment mis à l’honneur la ville d’Azemmour, à l’occasion de la célébration de la deuxième édition du Prix national des arts plastiques, à la galerie Bab Rouah de Rabat, en rendant hommage à l’un des fils prodige d’Azemmour, Bouchaib Habbouli, qui a contribué à consolider la longue histoire des beaux-arts au Maroc.
À cette occasion, le plasticien Bouchaib Habbouli a indiqué que son rapport aux arts plastiques a commencé très tôt dans les Maisons de jeunesse. Il a ainsi salué cette précieuse initiative d’honorer les créateurs de tout bord, en mettant l’accent sur la nécessité de leur prêter attention et d’offrir la possibilité de partager leur expérience et leurs connaissances.
Véritable phare pour les artistes, la ville d’Azemmour attire autant les artistes amateurs que les professionnels, car elle propose de nombreux espaces d’exposition, dont la Maison de l’Artisan, l’Espace du Malhoun, le complexe culturel Abdellah Laroui, ainsi que les espaces du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication.

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