VII- la responsabilité des acteurs institutionnels

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

La privatisation totale de la SAMIR fut une erreur stratégique fatale.  Le retrait de l’Etat du capital a donné libre cours au nouveau preneur. Pour les analystes du secteur,  la privatisation de l’entreprise n’a pas été suivie des mécanismes permettant une régulation en bonne et due forme du secteur.   Le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (FNSRMP) prise dans son rapport que l’opération de la privatisation a été baisée dès de le départ.

Cette instance composée des militants syndicaux, partis politiques et experts, juge que l’échec de cette privatisation est dû à la responsabilité de plusieurs acteurs publics, à commencer par le ministère  de la privatisation et des entreprises de l’Etat et celui de l’économie et des finances. Ces deux acteurs institutionnels ont été d’ailleurs les véritables artisans du transfert de l’entreprise. Cela étant, ils ont failli à leur mission, celle de veiller sur la bonne application du contrat, qui exige des investissements de la part du nouveau preneur.

Le cas de Abderrahmane Saaidi, ministre de la privatisation, devenu, par la suite,  directeur général de l’entreprise est synonyme  d’un conflit d’intérêt qui représente une violation grave des principes de l’éthique et l’Etat de droit. Pis encore,  le  rapport du FNSRMP fait savoir que Abderrahmane Saaidi, qui était chargé du montage financier auprès de la société  faisait également  office du conseiller juridique et fiscal via son entreprise Saaidi et Hdid.

De sont coté, le ministère de l’énergie et des mines s’est délié de ses engagements. Les incendies ont révélé que ce département a failli à ses missions en matière de surveillance et la protection de l’écologie surtout concernant le respect  normes environnementales.

«De 1997 à 2002, aucune mise en garde n’a été adressée à l’actionnariat et au management de La Samir, ni aucune alerte ou sanction n’a été déclenchée», note en substance le rapport du FNSRMP.

Le dit document jette également la responsabilité sur l’Administration des douanes et des impôts indirects. En fait, les crédits d’enlèvement de la Samir auprès la douane s’élèvent   à 13MMDH. Ce montant faramineux constitue « 20% du chiffre d’affaires de l’Etat au titre de la TVA à l’importation, des TIC sur les produits énergétiques et des droits de douane)», fait savoir la même source.  Ce niveau de risque atteint ne relève-t-il pas d’une faute grossière de la part de certains décideurs des départements de l’économie et des  finances et celui de la douane qui ont octroyé une telle autorisation. Il faut dire que cette défaillance des pouvoirs publics en matière de contrôle et la mauvaise gouvernance de l’entreprise ou sa gestion malavisée  vont contribuer amplement à la faillite de l’entreprise.

Khalid Darfaf

Étiquettes ,

Related posts

Top