Nabil EL BOUSAADI
En brandissant son fameux slogan de campagne «L’Amérique d’abord», Donald Trump s’est attelé, durant son mandat, à faire sortir les Etats-Unis de la quasi-totalité des accords conclus par ses prédécesseurs ; que ceux-ci aient trait au commerce, au réchauffement climatique ou à l’armement nucléaire. Ainsi, pour « protéger les emplois américains », l’ancien président s’était attelé, dès son arrivée à la Maison Blanche, à remettre en place les barrières douanières en faisant sortir son pays du traité de libre-échange trans-pacifique. Même les accords de Paris sur le climat n’ont pas été du goût d’un Donald Trump qui s’est empressé d’en faire » sortir son pays.
S’agissant, enfin, des accords sur les armements, l’ancien locataire de la Maison Blanche avait dénoncé aussi bien le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire signé en 1987 entre les Etats-Unis et l’ex-URSS au titre du démantèlement de tous les missiles de croisière et missiles balistiques à charge conventionnelle ou nucléaire ayant une portée « intermédiaire » allant de 500 à 5.500 kilomètres que la convention de Vienne signée en Juillet (2015) entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et la Chine au titre de l’encadrement du programme nucléaire iranien.
Aussi, serait-il « normal » que, pour « rectifier le tir » son successeur Joe Biden veuille bien faire retourner les Etats-Unis aux dits accords et que le premier pays qui applaudirait une telle initiative est, sans conteste, l’Iran qui a particulièrement souffert des « sanctions » imposées par Washington et notamment des sempiternels appels de Donald Trump à utiliser la « pression maximale » pour arracher à Téhéran toutes sortes de concessions.
Or, en ignorant les mises en garde de ses alliés européens qui tentaient de sauver l’accord qu’ils avaient signé à Vienne avec l’Iran en 2015 et qui avait permis la levée des sanctions américaines imposées à ce pays, le président Donald Trump avait rétabli et même durci lesdites sanctions en 2018 ; ce qui ne pouvait qu’avoir un effet contraire et pousser l’Iran à s’affranchir des restrictions imposées à ses activités nucléaires et balistiques.
Si, donc, pendant sa campagne électorale, le candidat Biden avait clairement annoncé qu’en cas de respect, par les autorités de Téhéran, des limites imposées à leur programme nucléaire par la Convention de Vienne – négociée au moment où lui-même était vice-Président de Barack Obama – Washington « réintègrerait » cet accord « en consultation avec (ses) alliés et partenaires », il y a lieu de signaler qu’après son élection le nouveau président américain a réaffirmé cet engagement en étant persuadé que la « stabilité dans la région » reste tributaire de l’encadrement du programme nucléaire iranien mais qu’il y a, tout de même, ajouté comme nouvelle condition que l’Arabie Saoudite soit associée aux futures pourparlers qui devront, également, porter sur les activités iraniennes au Moyen-Orient.
Mais, Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU qui promeut une intensification des sanctions contre Téhéran, considère qu’en dépit de cette nouvelle exigence de l’administration américaine ayant trait à l’inclusion de Riyad aux futures négociations, Joe Biden va commettre une « grave erreur (en) se précipitant dans les bras des ayatollahs ». La diplomate américaine a-t-elle de bonnes raisons de considérer que le retour de Washington à l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ne va pas nécessairement contribuer à ramener la paix et la concorde dans une région très souvent proche de l’embrasement ? Attendons pour voir…