Virus: les gouvernements sur le banc des accusés

Craintes d’une deuxième vague aux Etats-Unis

Accusés d’avoir mal géré la crise sanitaire ou d’agir à contretemps, les gouvernements se retrouvent sur le banc des accusés tandis que la crainte d’une deuxième vague aux Etats-Unis se fait jour.

Vendredi, les compagnies aériennes British Airways, EasyJet et Ryanair ont annoncé avoir intenté une action en justice contre le gouvernement britannique afin qu’il renonce à la quarantaine imposée aux voyageurs arrivant au Royaume-Uni.

Cette quatorzaine, en place depuis lundi, «va avoir un effet dévastateur sur le tourisme britannique et l’économie, et détruire des milliers d’emplois», ont-elles plaidé au moment où le Bureau national des statistiques révélait que le PIB britannique s’est effondré de 20,4% en avril.

Le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus endeuillé au monde avec plus de 41.000 morts. Au total, le Covid-19 a fait plus de 417.000 morts, et infecté plus de 7,4 millions de personnes. Des chiffres officiels sans doute largement inférieurs à la réalité, selon la communauté scientifique.

En Italie, le premier ministre Guiseppe Conte doit être entendu vendredi par la procureure du parquet de Bergame, ville martyre de Lombardie et épicentre de l’épidémie qui a fait près de 34.000 morts dans la péninsule.

L’audition porte sur la création, jugée tardive, d’une +zone rouge+ comprenant deux communes du département de Bergame. Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité de ce retard, qui serait à l’origine de la progression fulgurante du virus dans cette région et de la saturation de son système hospitalier.

Par ailleurs, des proches de victimes du Covid-19 ont déposé une cinquantaine de plaintes mercredi au parquet de Bergame. C’est la première action de groupe en Italie concernant le virus.

En France, une soixantaine de plaintes ont été déposées ces derniers mois contre des membres du gouvernement pour dénoncer leur gestion de la crise.

L’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg a estimé vendredi que l’État avait été «lamentable» et que «beaucoup de morts auraient pu être évitées si on avait organisé autrement la gestion de la crise sanitaire».
«Ce n’est pas pour rien qu’il y a des milliers de plaintes au pénal contre les dirigeants de l’administration et le gouvernement. A force d’organiser la défaisance de l’État, et bien l’État il est défait lorsqu’il doit se battre et c’est ce qui s’est passé», a-t-il lancé sur la radio France Inter.

Pour autant, la majorité des Italiens semblait plus focalisés sur la reprise des matchs de football, après plus de trois mois d’abstinence sportive, que sur l’audition de leur Premier ministre: la première demi-finale de la Coupe d’Italie se joue vendredi à… Bergame, entre la Juventus de Turin et l’AC Milan.

«Il ne manquait que le public»: au lendemain de la reprise de la Liga avec la victoire du Séville FC 2-0 sur le Betis dans un derby à huis clos, la presse espagnole a relevé vendredi le côté «bizarre» mais «historique» de ce retour.

Mais en Roumanie, la reprise du Championnat de football à huis clos vendredi est perturbée par des infections au nouveau coronavirus au sein de deux clubs.

Aux Etats-Unis, la résurgence de cas de Covid-19 dans plusieurs régions fait également craindre une deuxième vague qui viendrait ralentir la timide reprise économique au moment même où l’emploi reprend quelques couleurs.

Pour autant, «nous ne pouvons pas fermer l’économie de nouveau», a prévenu le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, interrogé sur la chaîne CNBC.

Après avoir atteint un plateau, les Etats-Unis, qui ont enregistré plus de 113.000 décès, font face à une hausse des cas dans plusieurs Etats dont l’activité a redémarré dès le mois d’avril, comme la Géorgie.

Une crainte qui a stoppé net la remontée spectaculaire des Bourses européennes et américaine entamée après le plongeon de mars.

Jeudi, Wall Street a connu sa pire séance en trois mois, le Dow Jones cédant 6,90%. Mais les marchés se sont repris vendredi, les Bourses asiatiques limitant la casse tandis que Londres, Paris et Francfort ont ouvert en lègère hausse.

Il faut dire que la situation continue de s’améliorer en Europe sur le front sanitaire.

Aussi, dès le 15 juin, les restrictions de circulation devraient être levées à l’intérieur de l’Union européenne par les trois quarts des Etats membres.

Mais les pays comptent davantage sur le tourisme domestique pour relancer la consommation que sur la manne que constituait jusque-là le tourisme étranger.

En France, seules 20% des réservations pour l’été enregistrées dans les agences de voyage concernent l’étranger, contre 66% habituellement.

Le gouvernement français, qui encourage le tourisme «tricolore», va lancer la campagne #CetétéjevisitelaFrance pour en vanter les richesses.

Même politique Outre-Rhin, avec «Découvre l’Allemagne». Mais en Espagne, où le tourisme représente 12% du PIB, impossible d’envisager une saison sans visiteurs étrangers, d’où la campagne «L’Espagne vous attend».
«L’été grec, c’est plus que la mer et le soleil… c’est un état d’esprit», lance de son côté la Grèce aux touristes internationaux, pour lesquels elle a baissé de 24 à 13% la TVA sur les transports (avion, train, bateau) et les «packages» touristiques.

(AFP)

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