Yulimar Rojas: le ciel comme limite, 16 mètres pour horizon

Triple saut

La triple sauteuse vénézuélienne Yulimar Rojas ne se fixe aucune limite, si ce n’est « le ciel », et se voit franchir les seize mètres, soit cinquante centimètres de plus que l’actuel record du monde, en plus de gagner l’or cet été aux Jeux de Tokyo.

« Je sais que je peux sauter à 15,50 m », affirme l’athlète à l’AFP, en référence au vieux record du monde de l’Ukrainienne Inessa Kravets, qui date de 1995. « Mais mon ambition, c’est d’être la première femme à seize mètres. J’en ai la capacité. »

À 25 ans, elle possède un palmarès déjà bien fourni, avec quatre titres mondiaux en plein air (2017, 2019) et en salle (2016, 2018) et le record du monde en salle qu’elle a battu en février dernier avec 15,43 m.

En 2019, elle avait dominé le plateau de la tête et des épaules en sautant cinq fois à plus de 15 m (dont une à 15,41 m), et en laissant sa plus proche concurrente à près de 50 cm (14,93 pour la Jamaïcaine Shanieka Ricketts). Elle a deux des quatre meilleures performances de tous les temps en extérieur (15,41 et 15,37 m), dont le second avec un vent légèrement négatif aux Mondiaux-2019 à Doha.

Même si la pandémie l’a empêchée pour l’instant de confirmer sa montée en puissance – elle a fait son retour à Monaco en août avec un modeste saut à 14,27 m – la Sud-Américaine sera à coup sûr la grande favorite pour le titre à Tokyo.

À Rio, à seulement vingt ans, elle avait pris l’argent (14,98 m) derrière la Colombienne Caterine Ibargüen (15,17 m), qui a désormais 37 ans.

« J’étais la petite nouvelle qui avait créé la surprise. J’étais très émue d’affronter de grandes athlètes et de représenter le Venezuela. Je le suis toujours, mais je sais que cette fois c’est l’or qui m’attend », assure l’athlète de Puerto de la Cruz, au bord de la mer des Caraïbes.

Elle serait la première Vénézuélienne médaillée d’or à des Jeux olympiques, les seuls titres du pays ayant été gagnés par des hommes: le boxeur Francisco Rodriguez à Mexico en 1968 et l’escrimeur Ruben Limardo à Londres en 2012 (le taekwondoïste Arlindo Gouveia avait gagné en 1992 à Barcelone, où sa discipline était en démonstration).

« J’admire les trois. Ce sont des exemples à suivre. Ils représentent un Venezuela qui va de l’avant », estime Rojas, qui avait été inspirée en voyant à la télévision les exploits de Limardo, alors qu’elle était adolescente.

« C’est à ce moment-là que je me suis mis dans la tête que c’était ce que je voulais faire », raconte la jeune femme, qui a envisagé de se consacrer au volley-ball en raison de sa grande taille (1,92 m) avant d’opter pour l’athlétisme, mais d’abord dans le saut… en hauteur. Une spécialité dans laquelle elle a décroché le titre sud-américain en 2014.

Le changement vers le triple, décidé en accord avec son entraîneur Jesus Velazquez, a été « une folie », reconnaît-elle. « Mais une bonne folie ». « Je suis tombée folle amoureuse du triple. Ça a été la meilleure décision de ma vie », confie la championne, qui s’entraîne dans la section athlétisme du FC Barcelone, en Espagne.

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