Oudaden: du rythme avant toute chose!

Mohamed Nait Youssef

La scène artistique nationale s’est enrichie à partir des années 80 par la création d’une belle pléiade de formations musicales, tous styles confondus. Entre autres, le groupe de  musique  Oudaden qui a vu le jour fin des années soixante-dix à Bensergao, pas loin de la ville d’Agadir.

Au début, cette formation animait des mariages et des noces avant de se professionnaliser à partir de 1985; l’année d’ailleurs de la production de son premier album. Ce fut en effet une date importante dans le parcours du groupe. Surtout que sa musique a commencé petit à petit à dépasser le territoire local de la ville pour s’ouvrir sur un public assez large dans les quatre coins du pays. La couleur musicale était déjà lancée grâce à la participation du groupe à une émission hebdomadaire diffusée sur le petit écran de la chaîne marocaine. Ce passage médiatique a permis au groupe de faire connaitre son identité musicale et son style artistique qui étaient à l’époque un souffle artistique nouveau au niveau des arrangements et des paroles choisis.

Par ailleurs, Oudaden a contribué par sa marque artistique, ses timbres de voix et ses choix musicaux à la modernisation de la chanson amazighe. La preuve ? Le groupe a creusé dans le patrimoine musical traditionnel, tout en le rendant accessible aux amoureux de la musique, surtout les jeunes. C’était un nouvel air musical qui soufflait sur la scène artistique, notamment avec l’émergence des autres formations et expériences artistiques telles que Izenzaren, Archache, Ousmane.

D’autres groupes formés par des jeunes sont nés par la suite grâce à cette dynamique musicale ayant changé le visage de la création et de l’art  amazighs qui dépassait la région de Souss pour se développer dans les autres régions du Maroc. Toutefois, le style du groupe a été connu par ce mélange entre les arrangements et les rythmes inspirés d’autres styles comme le style gnaoui, houari, hassani ou encore les styles «Tagroupit» et «Tiroubba».

Et pour atteindre un public diversifié et large, Oudaden a chanté en amazigh et arabe. L’essentiel, c’est véhiculer les messages et célébrer la joie et la musique.

Dans ce cadre, le groupe a produit deux albums en dialecte marocain tout s’articulant sur le l’héritage musical houari, ainsi que des titres connus dans le patrimoine musical marocain populaire. Les grands maîtres de l’art des Rwayes, entre autres Said Achtouk, Lahoucine Amentag… qui ont laissé une empreinte majeure dans les chansons du groupe. Ces Rwayes ont été connus par leur écriture poétique solide et créative, ainsi que leur travail sur la musique, les instruments et les rythmes.

Or, le groupe dont le style musical est évolutif a œuvré au fil des années pour développer ses textes chantés et son écriture musicale. Pour eux, l’enjeu était bien entendu de sortir de l’amateurisme et du cercle restreint des fêtes des noces et des mariages locaux pour embrasser d’autres horizons artistiques plus larges et vastes.  Oudaden a chanté alors pour l’amour et les valeurs humaines de la société marocaine.

Composée de six membres, à savoir Abdellah el Foua (banjo et chant), Ahmed el Foua (talunt et tagoualt), Mohammed Jemoumekh (tam-tam, appelé tigwaline), Larbi Amhal (tismamayeen-nakus, Khalid el Foua (talunt) et Saïd ouhdi (guitare), cette formation  a fait  le tour des scènes en livrant des concerts ici et ailleurs. Notamment, en Europe et aux États-Unis, en Malaisie ou encore en Tanzanie. L’année 2012 était prometteuse pour le groupe en réalisant une tournée en France qui a été couronnée par un concert musical donné à l’Institut du monde arabe.

Ses voyages et tournées dans les différents pays du monde ont permis à la musique de Oudaden de s’internationaliser et de s’enrichir davantage.  Parmi les titres on trouve la célèbre chanson, «dif lah», «Attan Ayga Ohbib», «R’bi a ki irzan», «Amdakel Yan»…

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