Après une COP22 réussie, Marrakech accueille de nouveau le monde pour son festival de cinéma

Après avoir remporté haut la main le pari de l’organisation de la COP22, Marrakech sera de nouveau sous les feux des projecteurs du monde entier, cette fois pour son grand festival international du film qui s’est ouvert vendredi, sous le signe de la pluralité des expressions culturelles.

Le festival qui souffle cette année sa 16e bougie offre une large palette de choix cinématographiques aux professionnels et aux cinéphiles avec la programmation de quatorze longs métrages dans le cadre de la compétition officielle, 10 films en hors-compétition et 6 coups de cœur, en plus des hommages, masterclasses, projections sur la place Jemaa El Fna et audiodescription pour les non-voyants.

Cette édition (2-10 décembre) rendra hommage au cinéma russe, pré-révolutionnaire, soviétique ou d’après la Perestroïka, étant l’un des acteurs majeurs de la cinématographie mondiale depuis ses tout débuts. Du Royaume-Uni au Japon, en passant par la Scandinavie ou le Canada l’an dernier, le Festival international du film de Marrakech a toujours souhaité mettre en valeur les cinématographies afin de réinscrire les nouvelles œuvres dans le contexte qui les a vues naître, souligne la direction du festival.

De Sergueï Eisenstein et son Cuirassé Potemkine au Leviathan Andreï Zviaguintsev, le festival balaiera quatre-vingts ans d’une cinématographie qui a alterné les genres : la Grande Histoire (Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein, Andreï Roublev d’Andreï Tarkovski, Sibériade d’Andrei Konchalovsky, L’Arche russe d’Alexandre Sokourov), les guerres et leurs traumatismes (Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, Le Quarante-et-unième de Grigori Tchoukhraï, Le Frère d’Alexeï Balabanov, Le Prisonnier du Caucase de Sergueï Bodrov), les comédies (La Voie radieuse de Grigori Alexandrov, Les Zazous de Valeri Todorovski), les problèmes sociaux (J’ai vingt ans de Marlen Khoutsiev, La Petite Vera de Vassili Pitchoul, Bouge pas meurs et ressuscite de Vitali Kanevski, Taxi Blues de Pavel Lounguine, L’Idiot ! de Iouri Bykov), la remise en question (Le Thème de Gleb Panfilov, Le Sacrifice d’Andreï Tarkovski) et même l’amour (De l’amour d’Anna Melikian).

Comme à l’accoutumée, l’édition 2016 du festival de Marrakech perpétue sa noble tradition d’ouverture sur l’autre en rendant hommage à de grands artistes de différents horizons. Ainsi, après Bill Muray, Willem Dafoe, Park Chan-Wook, Madhuri Dixit, ou encore Kamal Derkaoui honorés en 2015, le choix de cette année a été porté sur la comédienne française Isabelle Adjani, le réalisateur iranien Abbas Kiarostami, l’acteur et réalisateur japonais Shinya Tsukamoto et le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven, tandis que du Maroc le festival honorera le cinéaste Abdellah Masbahi et le comédien Abderrahim Tounsi « Abderraouf ».

Du côté de la compétition officielle, le festival donne cette année la priorité aux jeunes talents tout en étant à l’écoute du cinéma dans sa diversité avec des films de l’Orient extrême comme le Japon, Taiwan et la Chine, ou encore du Chili et de l’Afrique du sud en passant par la Russie, l’Islande, l’Iran, la Roumanie, l’Autriche, l’Allemagne ou la France.

Au total 14 films dont 7 premiers et deuxièmes films concourront pour la prestigieuse Etoile d’or du Festival et les autres prix tant convoités, à savoir ceux de la meilleure interprétation féminine et masculine, du jury, et de la mise en scène.

Ces longs métrages devront convaincre un jury exigeant, présidé par le grand scénariste et producteur de cinéma hongrois, Béla Tarr, qui tient à préciser que « le cinéma, ce n’est pas du show-business, c’est le septième art. Certains films sont comme des haïkus, d’autres demandent plus d’ampleur ».

Concernant la section hors-compétition, 10 films grand public seront présentés avec des réalisateurs confirmés (Paul Verhoeven…), des stars (Isabelle Huppert, Isabelle Adjani…) et des talents prometteurs tel le Marocain Nassim Abbassi qui représentera le Royaume avec le film « Mon oncle ». Enfin la section coup de cœur avec 6 films, dont 3 premières oeuvres, reste le rendez-vous des découvertes cinéphiles offrant des voyages dans des pays lointains (Mongolie, Liban, Sénégal…). Le Maroc sera présent dans cette catégorie avec le film « Mimosas, la voie de l’Atlas », une co-production hispano-maroco-franco-qatarie.

En outre, trois grands noms du 7-ème art seront les invités des Master Class de cette année, en l’occurrence Paul Haggis (scénariste, réalisateur et producteur canadien), Paul Verhoeven (réalisateur, scénariste et acteur néerlandais) et Pavel Lounguine (scénariste, réalisateur et producteur russe). Le film « The age of shadows de Kim Jee-Woon » (Corée du sud) ouvrira le bal, alors que « Goodbye Berlin » de Fatih Akin (Allemagne) sera projeté en clôture de cette 16ème édition. Le public aura, aussi, l’occasion de découvrir en avant-première le nouveau film Disney de fin d’année « Vaiana, La légende du bout du monde » de Ron Clements & John Musker, en version doublée arabe sous-titrée français.

Une première, le Festival du Film de Marrakech, en collaboration avec le Centre Cinématographique Marocain, programme la projection de films du festival dans une salle de cinéma hors cité ocre. Ainsi, le public pourra, du 04 au 10 décembre, vivre en direct cette 16éme édition à la salle 7e art de Rabat.

La programmation riche et diversifiée de l’édition 2016 du Festival de Marrakech consolide davantage la place de cet événement cinématographique mondial qui devient désormais un rendez-vous incontournable, attirant au fil des ans les plus grandes stars du 7è art.

Jalal Chouhani (MAP)

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