Le cinéaste Karen Chakhnazarov, président de la délégation russe au festival international du film de Marrakech (2-10 décembre), s’est félicité de l’hommage «prestigieux» rendu au cinéma russe dans ce grand rendez-vous mondial du 7e Art, affirmant que cet hommage «nous honore».
Dans un entretien à la MAP, Karen Chakhnazarov, également scénariste et producteur, s’est dit «très heureux» de voir le festival célébrer la cinématographie russe, qui a connu un véritable essor au fil des années.
«Cet hommage est très important pour moi, c’est très prestigieux», a-t-il ajouté, tout en se réjouissant de l’intérêt accordé à la Russie et de l’accueil chaleureux réservé aux membres de sa délégation.
Chakhnazarov a salué cette programmation qui permet de suivre les traces de la cinématographie russe tout au long de son histoire, y voyant à la fois un hommage au cinéma soviétique et au cinéma russe.
«Bien qu’ils soient liés, avec une tradition commune, ils sont différents. Chacun reflète l’époque à laquelle il appartenait», a assuré le cinéaste qui faisait état d’«une continuité, d’un clivage et d’une vraie rupture» entre les deux écoles.
A son avis, le cinéma soviétique s’intéressait plus à l’être humain, tandis que «le 7e art russe, tel qu’on le connait aujourd’hui et qui n’a que 25 ans, se cherche encore».
Il considère que les mutations qu’a connues la société soviétique, notamment l’effondrement du régime soviétique ou encore la perestroïka, ont contribué à l’évolution du cinéma russe, notant que «dans un contexte aussi animé et vivant naissent de bons films».
En tant que scénariste et directeur des studios «Mosfilm», il juge que le plus important dans un film, c’est de trouver un sujet à même d’attirer l’intérêt des spectateurs pour qu’ils puissent se reconnaître dans les personnages.
Né en 1952 à Krasnodar, Karen Chakhnazarov a étudié à l’Institut national de la cinématographie (VGIK) dans la classe dirigée par Igor Talankine. Il a tourné en 1979 son premier film « les Bonnes pâtes », mais c’est avec « Jazzman » (1983), qui suit l’évolution dans les années 1920 d’un quartet de jazz d’Odessa, qu’il remporte un grand succès public et qu’il prend son essor.
Avec « Soirée d’hiver à Gagra » (1985), «Le Garçon des courses» (1986) et «la Ville zéro» (1989), présenté à la Quinzaine des réalisateurs, il s’impose comme un représentant talentueux de l’époque de la perestroïka.
A travers des scénarios ancrés dans l’histoire passée, notamment « L’assassin du Tsar » (1991, avec Malcolm McDowell, sélectionné en compétition au Festival de Cannes), « le Cavalier de la mort » (2003), « Le tigre blanc » (2012), ou « la fille américaine » (1995), il dresse un tableau kaléidoscopique de la société russe de la fin des 19ème et 20ème siècles.
Chakhnazarov achève actuellement une nouvelle version pour le cinéma et la télévision d’Anna Karénine qui sortira en 2017.
Hajar El Faker (Map)