Et ce n’est pas pour rien que ce qui fut un débat purement «intellectuel» ait été récupéré par une formation de la gauche radicale pour en faire un appel pressant aux autres composantes de la mouvance progressiste. Histoire de les confondre dans un combat cultuel qui, mine de rien, secoue le pays. Car observer le silence sur les agissements du bras idéologique du PJD équivaut à une compromission que rien ne légitime. Et surtout pas l’idéal que l’on se fait de la quête démocratique qui vise à ferrer la nation dans le partage des valeurs progressistes et modernistes. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : faut-il laisser le champ libre aux élucubrations des «fkihs» de l’obscurantisme ou s’agira-t-il plutôt de les marquer à la culotte pour que le terrain de prédilection qu’ils ont choisi pour jouer leur partition, le champ religieux en l’occurrence, ne leur profite pas en exclusivité. La nature ayant toujours horreur du vide. En d’autres termes plus sibyllins, l’offensive du PJD et de ses instruments pour la domination du champ cultuel, voire culturel, ne doit en aucun cas laisser indifférents les courants qui agitent la société marocaine pour freiner un tant soit peu les glissements vers une crispation théologique. Celle qui prend les allures d’un repli identitaire où le port du voile et autres kamis ne seraient que les signes avant coureurs. Et qui finit par une remise en cause des acquis, durement arrachés, en matière d’émancipation de l’être marocain, la femme étant en pointe dans ce combat là.
Souvenons-nous du chapelet de «mesurettes» prises par le parti de la lampe et qui vont des campagnes menées sous les oripeaux de la vertu jusqu’aux marches de protestation orchestrées dans plusieurs villes contre les débits d’alcool. Et ayant aussi à l’esprit la bataille engagée autour des finances islamiques qui, derrière les «soukoks» ne diffèrent point des profits générés par le système financier classique. Et arrêtons-nous un tantinet sur l’affaire de la tolérance de la présence des femmes dans les cabinets gynécologiques. Derrière tout ce charivari est tapie l’idée du «licite» et, bien entendu, de son contraire. « L’illicite » étant tout ce que les prêcheurs de la vertu dénoncent haut et fort comme étant contraire aux préceptes de l’Islam. L’affaire se corse lorsqu’il s’agit d’énoncer des «fatwas» dans un pays où la gestion du champ religieux ne s’accommoderait point d’un «rigorisme» susceptible d’enfermer la société dans le passé décomposé. Car n’oublions pas que valeur aujourd’hui, c’est la commanderie des croyants qui représente l’institution qui garantit la sécurité cultuelle du pays. C’est elle qui assume le rôle exclusif de la sécularisation et, partant, assure le confort idéel que la population est en droit de revendiquer. Dès lors, pourquoi le PJD et son bras idéologique s’agitent-ils tant autour des questions de la religion qui sont tranchées tant au niveau de la loi que des us et coutumes ? La réponse coule de source : c’est bien évidemment l’instrumentalisation politique de la religion qui est visée et rien d’autre. En d’autres termes, c’est le tutorat de la toute la société qui est ciblé par les obscurantistes et rien d’autre. Et c’est ce qui donne toute la légitimité à la réaction du PSU. Qu’elle soit adroite ou pas, la question n’est pas là, bien évidemment. Car le fond du dossier réside ailleurs… Dans la capacité des forces du progrès à contrer les adversaires des préceptes du siècle des lumières qui a jaillit ailleurs et dont on voudrait priver, ici, tout le pays. Les démocrates doivent réagir pour éviter que le champ social ne soit miné de l’intérieur par les oukases des obscurantistes et de ceux qui nagent dans leur sillage. C’est une affaire de bon sens… Eminemment politique.